Cinquième épisode de cette saison 3 du Prix Ricard S.A Live Music et première journée sur la route en 2016. Pour bien démarrer l’année, le marathon débute aujourd’hui à Laval, où nous avons rendez-vous avec Throw Me Off The Bridge. Pas de blague ni de punchline dans cette introduction, on est déjà sur le pont (#OhOhOh).



Depuis le début de notre tour de France 2016, déjà plusieurs groupes finalistes rencontrés mais aussi un bon millier de kilomètres parcourus, des dizaines de gigas de vidéos envoyés mais aussi beaucoup d’appels au standard pour savoir comment se passe la vie sur la route quand une équipe de 5 personnes transpirent plus de 12 heures par jour. On aimerait bien vous mentir en écrivant que c’est digne d’une tournée des Rolling Stones avec groupies dans le tourbus et selfie avec nos fans en sueur ; mais la vérité, c’est que ça ressemble davantage à une interminable partie de Mario Kart sous la pluie en mode repeat. La preuve en images, sans trucages.

Une vidéo publiée par @bester_thomas le

Que cela ne vous décourage pas de lire la suite, car une fois passés ces 4H de route où l’on a parfois envie de se jeter par la fenêtre, une surprise – encore une – nous attend à Laval, où nous a donné rendez-vous Throw Me Off The Bridge – dont le nom n’est pas une dédicace au petit Gregory #BlagueAnnées80. Au bout d’un sentier, perdu dans une zone industrielle, le groupe nous attend dans une… serre. Une serre oui, là où l’on fait pousser des fleurs. Pas vraiment le genre de décor qu’on aurait attendu de la part d’un groupe aux influences hardcore-metal, puisque le leader Quentin Sauvé officie par ailleurs dans Birds in Row et As We Draw, deux groupes qui font bouger les cheveux longs des fans à T-shirts noir. Bref, une serre donc. Mais pourquoi ? Parce que les frères Quentin et Amaury y ont installé – roulement de tambours – leur home-studio, sur le terrain familial. On se frotte les yeux et on peine à y croire : au milieu de nulle part, les frères ont fait sortir de terre un studio flambant neuf où les groupes locaux et moins locaux mettent en boite des albums, parmi lesquels le prochain EP de Fuzeta, lauréat 2015 du Prix. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Accueillis comme des rois par les musiciens qui nous ont fait – sympa – un plat de pâtes roquefort et noix, on apprend que le nom du groupe (« jette moi au dessus du pont » dans la langue de Nabila) vient du caractère, non pas dépressif, mais un peu dark, du leader Quentin. « Mais Throw Me Off The Bridge, ça veut aussi dire « faire le grand saut » rajoute Quentin, et aussi « arriver à faire de la musique tout seul ». Une esthétique DIY (« fais-le toi-même » dans la langue à Kendji Girac) qui chez le groupe puise sa source dans la scène hardcore américaine (Minor Threat, Black Flag, Justin Bieber… cherchez l’intrus). Le groupe vient de là, il vient du crade. Et d’un monde où les guitares font beaucoup de bruit. Avec le projet Throw Me Off the Bridge, c’est un peu différent et le morceau à capter aujourd’hui (Weak Spot, ou « point faible » dans la langue de Michel Delpech #RIP) laisse entrevoir une ouverture musicale plus pop, moins radicale en tout cas. Un pont entre toutes leurs influences donc. D’où le rapport avec le nom du groupe. Merci, y’en a un qui suit au fond. Passons au paragraphe suivant.

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A peine le temps de manger un plat de pâtes préparées par le groupe – sympa – et de noter la punchline du jour (« Je crois que les 512 sont plus pâteux » à propos d’une machine. Ami musicien, toi-même tu sais) qu’il faut déjà s’installer dans la serre où le groupe vient d’installer tout son matériel. Evidemment, la scène est hautement improbable. Trois prises et demies (merci Monsieur l’horticulteur d’avoir détruit le plan de Rod) et ça…. y est. Voilà. Morceau gravé sur le disque dur. Quelques vannes bien senties et impubliables ici sous peine de passer par la case prison, et il faut remballer , non sans avoir demandé à Tom « big giant » le guitariste, si mesurer 2 mètres présente des avantages au sein du groupe. Bof, non, pas vraiment. « L’inconvénient c’est qu’on ne peut pas chanter dans son micro ». Bah oui trop haut, forcément. Voilà, c’est pas tout ça mais il est déjà 17H00 à Laval et notre meilleur ami Google Maps indique 4H de route pour rejoindre Bordeaux, où nous attendent 4 groupes finalistes. Dire que nos batteries sont plus plates qu’un lapin écrasé est un euphémisme. A l’heure où se termine cet article, cela fait presque dix heures que nous roulons depuis le départ ce matin, Rod Maurice entame la cinquième heure d’affilée à parler de jeu vidéo sous blister (où est la porte de sortie?), Romain notre ingé son mixe des pistes sur la banquette arrière, Sophie notre community manageuse est à l’arrêt pour cause de gastro, Clément le Boss conduit tel Ryan Gosling dans Drive et votre humble serviteur sent tellement mauvais qu’il mériterait un coup de Karcher dans un Éléphant Bleu. Alors, la vie sur la route ? Un vrai sport de combat façon Tu peux pas test et demain encore, de nouvelles aventures dont on espère sortir vivants pour vous les raconter.


TROIS (OK, QUATRE) QUESTIONS EXPRESS À THROW ME OFF THE BRIDGE


Quelles sont les raisons qui vous ont donné envie de participer au Prix Ricard S.A. Live Music ?

Le groupe : Ce qui nous a plu dans le dispositif c’est la démarche globale, les concerts, L’EP, etc.. Participer au Prix pour nous c’est arrivé à un moment où l’on souhaitait précisément s’adresser à un public plus large, plus « mainstream ». Pour nous participer au Prix Ricard S.A. Live Music c’était un peu comme une nouvelle bouteille à la mer ; chaque étape qu’on arrive à passer – comme les concerts ou la session d’aujourd’hui – est un pas de plus. C’est une façon de s’ouvrir à une scène, qui n’est pas a priori pas la notre, sans rien perdre de ce qu’on est, foncièrement. Si on arrive à faire coïncider ces deux univers, alors ce serait idéal.
Les fans de la scène hardcore sont connus pour être plus intransigeants que les autres. Du coup, vous n’aviez pas peur de perdre une partie de votre public ?

Quentin : Ca j’ai déjà pu le constater avec l’autre groupe dans lequel je joue, Birds in Row [signé chez Deathwish Inc]. Au sein de la scène hardcore, dès que tu es signé sur un label « connu », c’est fini. Tu trouveras toujours des gens pour trouver tes choix pourris ou cool, du coup on reste fidèle à nous-même avant tout. On préfère privilégier l’éclectisme, dans nos influences notamment.

Parmi les autres groupes finalistes, y’en a-t-il qui ont retenu ton attention au point que vous leur souhaiteriez de gagner à votre place ?

Le groupe : Oui. On a écouté tous les groupes finalistes. On peut citer I Am Stramgram par exemple.

Quentin : Minors m’a semblé intéressant, autant pour la musique que pour la vidéo postée sur leur page de présentation. Moi je ne connaissais que Amoure, avec notamment un pote à moi qui joue dedans. D’ailleurs j’ai bien lu le report de votre journée avec eux, je tiens à dire qu’ils sont bien meilleurs en limbo que moi. Perso je suis plus breakdance, ah ah !

Pour finir, la question fatidique : quel est votre argument choc pour séduire le jury ? Qu’est-ce qui fait la force de Throw Me Off The Bridge ?

Quentin : Certainement le fait qu’on aime créer de l’émotion, quelque soit la forme musicale que cela peut prendre. Pour moi faire de la musique, c’est un exorcisme ; j’écris quand je ne vais pas bien [d’où le nom du groupe, on le rappelle], d’où une certaine intensité qu’on recherche partout.

Le groupe [en parlant de Quentin] : D’ailleurs maintenant il arrive même à composer des chansons quand il va bien [le groupe se marre]

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