Du rap à 20km de la ville de Jean-François Copé filmé dans un skate parc la veille de Noël, est-ce un accident ? Ca tombe bien, c’est le nom du troisième groupe finaliste que nous avons rencontré pendant les fêtes.



[A lire à voix haute en imitant Chantal Goya] Douce nuit, sainte nuit… Bon, vous connaissez la chanson et c’est plutôt de saison ; on ne vous apprend rien, Noël c’était cette semaine. Alors que vous deviez certainement être affairés à trouver des cadeaux ou un prétexte pour éviter l’interminable repas en famille, la Team Ricard S.A. Live Music claquait la porte de sa batmobile à jantes allu façon Turbo de Dominique Chapatte. Mercredi 23 décembre, 21H00, direction Chelles, petite ville coincée entre Eurodisney et Meaux (coucou Jean-François), pour capter le rap hallucinogène de The Accident. Après Haje et June and the Jones, une nouvelle vidéo à mettre en boîte pour, je le rappelle pour ceux qui nous rejoindraient en cours de route, départager les finalistes du Prix 2016.


LE HIP HOP, LE METAL, LE PUNK, LE ROCK, TOUT ÇA


Noël oblige, les surprises sont de rigueur. Celle de ce soir mesure soixante centimètres de long et se déplace très rapidement, et non, il ne s’agit pas de Mimie Mathy dans un épisode de Joséphine Ange Gardien fait du mini-footing. Non, ce soir nous avons rendez-vous avec des planches de skate puisque Patrick Biyik, leader de The Accident, nous a demandé de le rejoindre au skate park de Chelles où il a usé ses semelles pendant l’adolescence. « Ça ressemble assez à mon univers musical, j’aime autant le hip hop que le métal, le punk, le rock, tout ça ». Attendez deux secondes, Patrick Biyik, ça ne vous dit rien ? Oui, je vous le donne en mille, c’est le même Patrick que celui du groupe Twin Twin, déjà lauréat du Prix en 2010. Que les comploteurs rangent leur venin, The Accident n’a absolument rien à voir avec le trio de l’Eurovision et ce projet plutôt rap est né, euh, d’un accident. « Un jour je me suis salement viandé en vélo, vélo sur la route, moi par terre après avoir fait un soleil confirme Patrick, ça coïncidait avec une période où j’écoutais énormément de groupes comme les Beastie Boys ou The Streets. Mon projet solo de l’époque s’appelait Patrick Biyik et je me suis dit que c’était plus classe d’avoir un nom comme The Strokes ». Avec la hargne dans le flot.

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Photo : Rod Maurice

Donc voilà : c’est la veille de Noël, il est maintenant 22H et toute l’équipe s’est fait ouvrir le skate park du coin, maintenant plongé dans la pénombre pour peaufiner une installation multimédia à base d’écran VHS et de fumigènes pour un remake rap du Thriller de Michael Jackson, zombies en moins. Patrick, en s’échauffant dans le noir, rappelle parfois un croisement entre Disiz (période Peter Punk) et Rocky Balboa (il porte une cape) prêt à entamer un kickflip à 360. L’ambiance est assez surréaliste et le titre choisi (ParsEnThèse) ne laisse pas de doute sur le fait qu’on n’est pas là pour se taper du Maitre Gims. A cheval entre Jackass et Star Trek – vous comprendrez en découvrant la vidéo – notre dernière session en 2015 s’achève donc peu avant minuit et chacun regagne en rampant son logis pour quelques jours de repos avant de repartir début janvier à la rencontre des sept derniers finalistes. A commencer mardi prochain par un autre ‘’accident’’ : un trio de pop nommé Amoure qui a décidé de chanter « La Plage » à… Strasbourg.

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Photo : Rod Maurice

TROIS QUESTIONS EXPRESS À THE ACCIDENT


Quelles sont les raisons qui t’ont poussées, cinq ans après avoir gagné le Prix Ricard S.A. Live Music avec Twin Twin, à revenir présenter un autre projet ?

Avec mon expérience, et mon recul, j’ai surtout envie de jouer sur scène pour faire découvrir le projet aux gens. J’avoue que cette année c’était la guerre au moment des inscriptions, y’avait 1000 groupes en compétition et je ne m’attendais pas à me retrouver en finale ! En catégorie rap, il y avait Rezinsky et Pand’Or – que je kiffe – et j’étais sûr qu’ils étaient plus confirmés que The Accident. Nous on est clairement dans la dimension « rien à foutre », c’est peut-être plus punk. En tout cas c’est ça que j’ai envie de faire.

Parmi les autres groupes finalistes, y’en a-t-il qui ont retenu ton attention ?

J’ai écouté tous les groupes, il y en deux qui m’ont bluffés : Minors, qui pour moi possède une esthétique un peu Beirut, un truc qui me fait un peu penser à I’m From Barcelona, le côté on vit ensemble, collectif quoi. Et Straybird aussi, qui est assez impressionnante.

Bon alors du coup quel est ton argument choc pour séduire le jury ?

Pour commencer, là il s’agit d’un projet hip hop et j’avais à cœur de défendre une musique sans être catalogué « fusion » sous prétexte que je mélange les genres. Si je devais comparer The Accident à un autre groupe, je ne vois qu’ Odezenne parce qu’il y a une démarche très organique, avec des beats new-yorkais, mais aussi des choses techno, électro et même rock. Un jour j’ai dit que je faisais du rap’n’roll et ça a fait kiffer les gens ; mais bon, on fait juste de la musique.

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Photo : Rod Maurice