Retour à Paris pour la dixième et dernière session du Prix Ricard S.A Live Music 2016, avec en guise de feu d’artifice un paquet cadeau contenant  le groupe Minors, Manuel Valls, des œuvres d’art, un mouton qui vole et Bernard Cazeneuve. Si vous pensez que l’auteur de cet article vient de lâcher la rampe après cause des vingt derniers jours tournage, merci d’appeler en urgence le 112.



Samedi 9 janvier, 11H00, quelque part à Paris. En trois semaines de tournée, nous pensions avoir à peu près tout vu : la serre horticole de Throw Me Off The Bridge, le stade de foot d’Amoure, le mini-château de June & the Jones… Question surprise sur le choix du lieu de session, fallait donc se réveiller très tôt pour nous faire sauter au plafond pour cette dernière prise.

En arrivant à quelques mètres du point de rendez-vous, et après avoir posé la question rituelle à chacun des membres de l’équipe (« A quelle heure tu t’es couché toi ? » « Oh cinq heures du matin, le temps de monter la session de Be Quiet »), nous finissons par lever la tête, un peu blasés il faut bien le dire, pour finalement découvrir que la galerie où Minors doit jouer est située à trois mètres de… de… la place Beauvau. Autrement dit : juste à côté de Matignon, là où notre cher Premier Ministre aime à s’enfermer tard le soir pour écouter Louane ou Iron Maiden. Trêve de blagues, les policiers postés devant le portail de Matignon ne sont pas d’humeur à faire du LOL avec les doigts. « C’est mort pour débuter ma session avec un plan sur Matignon » soupire Rod, « ils viennent déjà de me demander de dégager ». Entrons donc dans la galerie pour voir si l’ambiance est meilleure.

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Photo : Rod Maurice

Elle l’est, et coup de double effet kiss cool en découvrant l’improbable endroit déniché par Minors pour sa session : des bibelots à plusieurs milliers d’euros, un gigantesque mouton suspendu au plafond, une table de ministre offerte par Louis XV à un sultan ; ici c’est un peu comme chez Emmaüs, mais en mieux (et en plus cher). « On a trouvé le plan grâce à la soeur d’une sœur d’un pote qui bosse à la galerie » précise l’un des membres du groupe. Etre un groupe en 2016, c’est non seulement savoir jouer, mais aussi avoir des réseaux. Bravo les mecs.

Passons à la musique maintenant, et petit pincement au cœur en tiltant qu’il s’agit là du dernier REC. Minors existe depuis déjà six ans, et s’est constitué grâce à Thomas qui a recruté les autres membres en « envoyant des mails à son entourage ». Là, c’est un peu comme le LOTO, mais en plus harmonieux. On pense à Arcade Fire ou Mermonte pour le côté bande foutraque, mais surtout à un croisement entre Steve Reich et Fela Kuti, quelque part entre musique répétitive et groove africain. Comme aurait dit feu Omar Sharif, un bon tiercé gagnant. Et un collectif avant tout, où chacun des membres s’avère essentiel. Un premier album (« Ways/Times », 2011) et un bel accueil médiatique (Tsugi, les Inrocks) plus tard, nous voici donc là, face à un groupe atypique avec déjà plus de 60 concerts à son actif. Pas vraiment des lapins de six semaines.

Deux heures plus tard et après que votre humble serviteur ait donné à Rod Maurice des envies de meurtre à cause d’un cameo involontaire (« On t’a vu dans le champ sur la dernière prise, je dois tout recommencer, je vais te TUER ! »), c’est officiellement la fin de notre tournée. Trois semaines de route, environ 3000km, dix sessions, autant de rencontres, très peu d’heures de sommeil, une engueulade (voir plus haut) et l’envie de remettre ça (enfin pas tout de suite, il faut qu’on dorme). La suite ? C’est un rendez-vous le 21 janvier pour l’annonce officielle du grand vainqueur, à découvrir bientôt près de chez vous sur la tournée Ricard S.A Live Music. D’ici là, toute l’équipe va se faire hospitaliser ; on revient dès que notre médecin généraliste nous aura prescrit les remontants nécessaires. Hey docteur, mais c’est quoi cette chemise blanche sans manches ?

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Photo : Rod Maurice

TROIS QUESTIONS EXPRESS À MINORS


Quelles sont les raisons qui vous ont donné envie de participer au Prix Ricard S.A Live Music ?

Le groupe : C’est lié à un besoin d’accompagnement. On arrive à un stade où l’on souhaite s’entourer professionnellement. Et si on veut se professionnaliser, on a besoin d’une structure pour nous aider à faire entendre notre musique. Et si tu nous demandes ce qu’on préfère dans les choses proposées, on va te répondre : « tout » ! Autant l’EP que les tournées, on prend tout ce qui est proposé !

Quels sont les groupes qui vous ont plu parmi les autres finalistes ?

Le groupe : Amoure, parce que c’est à la fois frais, simple mais un peu alambiqué. Et Haje aussi, pour l’esthétique.

Pour finir, une question examen : quel est votre argument choc pour convaincre le jury que Minors doit gagner ?

Le groupe : Le fun, mec ! [Rires] Et modestement, notre musique apporte quelque chose de plus dans le monde musical actuel, avec des influences qu’on n’entend plus beaucoup. Par contre, impossible de les citer, personne n’est vraiment d’accord dans le groupe, ah ah ! On vient tous d’origines diverses, et c’est peut-être cela qui explique qu’on aime mélanger des instruments acoustiques qui a priori n’ont rien à faire ensemble : du violoncelle, des synthés, un kalimba… on aime bien confronter les genres, et c’est peut-être ça qui fait notre différence.

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Photo : Rod Maurice