Imaginez deux secondes que vous soyez Jack Bauer et que vous deviez réaliser un épisode de 24 en terres alsaciennes avec un groupe nommé Amoure, et qui aurait décidé de jouer du surf-rock à domicile, au stade de la Meinau. Non, vous ne rêvez pas, c’est le récit sans trucage de notre quatrième journée sur la route.



28 décembre, 16H12 : toute l’équipe reçoit la feuille de route pour le tournage du lendemain et il flotte comme un air de Mission Impossible sur nos écrans. Avaler 900 km de route en une seule journée pour un Paris-Strasbourg ultime tout ça à 2 jours du Nouvel An, oui, nous allons le faire.

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29 décembre, 10H05 : pas franchement très bien réveillés, départ depuis le GQ pour la Capitale alsacienne où nous attend Amoure (avec un E), l’un des dix groupes finalistes qui a eu la bonne idée de trouver un lieu original pour sa session: le stade de la Meinau, d’habitude plus habitué aux coups de crampons qu’a la pop tropicale, surtout en plein hiver.

10H15 : Rod Maurice, notre réalisateur déjà branché sur l’allume-cigare, commence fort : « attention, anecdote les mecs : si je vous dis stade de la Meinau 1994, vous pensez à quoi ? ». Silence collectif, suivi d’une réponse polie : euh, un concert ? « Oui, mais un encore. Un truc ultime… là tu penses à…? ». Johnny ? Les Rolling Stones ? « NAN ! Encore plus ultime ! Pink Floyd pour la tournée Division Bell ! J’étais là, j’avais 18 ans et le concert avait failli être annulé à cause de la pluie. Sauf que deux minutes avant le début du concert, le ciel s’est ouvert et le groupe a finalement joué. Et la pluie a repris après la fin du set, c’était ENORME ! ». 10H17, Rod fait déjà des bonds de 6 mètres dans la voiture, la journée va être longue. Dark side of the Ricard S.A. Live Music.

10H44 : Ca cause série dans la voiture, et plus spécialement série avec au programme de fulgurantes divagations sur Game of Thrones et Walking Dead. Extrait : « si t’aimes pas l’univers dragon tu sers à rien ». Il n’est même pas midi qu’on tient déjà l’une des phrases de la journée.

10H50 : « Et sinon tu as vu le Seigneur des anneaux par Peter Gabriel ? ». Tant qu’à faire dans l’approximation, nous écoutons le nouvel album de François and The vampire weekend.

12H00 : Ecoute collégiale de Limbo, le titre qu’Amoure a décidé de jouer dans moins de trois heures. Et parce que la vie sur la route, ce sont aussi des pauses bien méritées, nous profitons d’un arrêt au stand pour nous lancer dans un comparatif entre Flunch et les restos d’aire d’autoroute. Un plat de pâtes froides à 35 € plus tard, nous voilà repartis.

14H02 : Déjà plus de 4H que nous roulons direction Strasbourg – qu’on ne pensait en fait pas si loin – et une grosse sueur froide question logistique : « Hey mais au fait, est-ce que le groupe a les autorisations pour le tournage au stade ? ». Faute de réponse claire, on écoute un combo satanique à base de Daniel Balavoine et Motörhead. Dieu que ce voyage est long …
15H45 : Arrivée sur place et premier soulagement. Oui, Amoure a bien l’autorisation pour tourner à la Meinau. Mais comment ont-ils fait ? « On a simplement envoyé des mails ». Simple comme bonjour. Le temps d’apprendre que l’un des membres fait également parti de Colt Silvers – déjà finaliste du Prix en 2014 – et que les chansons du groupe sont une ode aux vacances et à la plage qu’il est temps de … mourir de froid. Etonnamment, capter un morceau en extérieur à Strasbourg en plein mois de décembre donne envie de bruler la pelouse du stade pour se réchauffer.

16H25 : Début de l’interview sur des vélos d’entrainement du Racing Club Strasbourg Alsace. De plus en plus n’importe quoi cette journée.

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17H00 : Les balances sont faites. Une première punchline arctique plus loin – « les manchots c’est la vie » – Rod entre en scène avec une idée géniale derrière la tête : débuter la session tout en haut des gradins. Allez, on refait le match avec un teaser video.

 

17H22 : Seconde punchline arctique à propos de Romain l’ingénieur du son, bonnet sur la tête et mains dans les poches (le froid) : « Lui, c’est un peu le commandant Cousteau du son ». Ca sent la congélation sur place.

18H07 : Fin de la session, avec un groupe frigorifié mais surprenant grâce à un morceau mille fois plus surf que sur disque, l’esprit punk en plus. Il commence à pleuvoir. Rod Maurice, toujours pas descotché de son anecdote sur La Meinau 1994 : « AH BAH TU VOIS ! C’est comme avec Pink Floyd, dès que le concert s’arrête la pluie revient. Coïncidence ? Je ne crois pas ! ». Est-ce que quelqu’un sait où se trouve l’interrupteur ?

18H20 : Apparemment, personne. Alors qu’il nous reste encore 450km à nous enfiler pour rentrer à Paris, notre cher réalisateur par ailleurs fan de jeux vidéos nous met en tête de faire un détour par la plus célèbre boutique du coin, Little Tokyo.

18H45 : Arrivée à Little Tokyo. ☹

18H55 : Départ de Little Tokyo. ☺

20H34 : Après presque dix heures en voiture, on tient finalement l’expression de la journée : « ce truc, c’est complètement glucose ». On ne sait pas encore ce que cela veut dire, des experts sont sur le coup.
Arrivée sur Paris et dernière session de l’année avant la suite de notre périple entre Laval et Bordeaux d’ici quelques jours pour la fin de notre tournée 2015. Complètement sur les genoux, à la limite du liquide, nous nous quittons avec des vœux anticipés et une dernière phrase ultime qui pourrait résumer à elle-seule cette folle journée, et qu’on doit – encore une fois – à Rod : « j’ai envie de crever ». Oui, mais ça en valait la peine.


TROIS QUESTIONS EXPRESS À AMOURE


Quelles sont les raisons qui vous ont donné envie de participer au Prix Ricard S.A. Live Music ?

Le groupe : Ca coïncidait parfaitement avec notre timing, et puis on connaissait déjà le Prix grâce à la participation de Colt Silvers. Pouvoir enregistrer un EP si l’on gagne, faire des résidences, comme le fait d’en profiter pour pouvoir enregistrer une session à la Meinau – ce qui était un rêve de gosse – c’est très motivant. Notre objectif en tant que groupe, ce serait de pouvoir revenir ici avec un stade rempli, et même de composer le prochain hymne de l’équipe de foot, ah ah !
Parmi les autres groupes finalistes, y’en a-t-il qui ont retenu ton attention au point que vous leur souhaiteriez de gagner à votre place ?
Le groupe (unanime) : Throw me off the Bridge. Peut-être aussi parce que Quentin – le leader – est très bon en limbo !
Pour finir, quel est votre argument choc pour séduire le jury ? Qu’est-ce qui fait la force de Amoure ?
Le groupe : On est une vraie bande de potes. Et il y a un côté très direct, simple et léger, dans notre musique. On ne se prend pas trop la tête, et la raison de la naissance de ce groupe, c’est notre envie de faire de la musique tous les trois.