Dans l’épisode précédent, la Team Ricard S.A Live Music était coincée dans un remake d’Une journée en Enfer à Bordeaux ; se battant à la fois contre les éléments (la pluie), un mauvais karma et une fatigue grandissante. Parviendra-t-elle au bout de cette journée ? Réussira-t-elle à mettre en boite le groupe finaliste Sarraco à la Rochelle ? Restera-t-elle engluée dans le marais poitevin avec Ségolène Royal ? Autant de questions auxquelles le récit qui suit ne répond, évidemment, pas.



Pour commencer : depuis le début de cette aventure vous êtes quotidiennement des millions à nous lire. Merci. La direction reçoit des sacs de courrier entiers où les lecteurs s’interrogent sur les conditions d’enregistrement des sessions, ce qui nous permet ici d’y répondre une bonne fois pour toute : oui, c’est un marathon et depuis notre arrivée à Bordeaux la veille, nous travaillons au rythme de deux sessions par jour, soit pour chacune environ trois heures de préparation sans compter les déplacements, les kilomètres, la digestion hard de sandwichs avalés façon Jacques Chirac, sans oublier les montages vidéos et écritures de nuit. Ami lecteur, si tu disposes d’un hélicoptère et que tu souhaites servir à quelque chose , kidnappe nous. On t’attend à l’Ibis Style de Meriadeck ; tu nous reconnaitras facilement : nous ressemblons à une flaque de sueur.

Retour au direct, comme on dit chez BFM. Une fois la session de Straybird mise en boite dans un centre artistique de Bordeaux, départ pour La Rochelle le même jour pour rencontrer les membres de Sarraco, qui ont eu la bonne idée d’investir La Sirène – l’une des plus belles salles françaises – pour jouer leur morceau Happy Trail. Je vous fais l’impasse sur les conditions difficiles du voyage, ainsi que la playlist spécial générique de dessins animés qui a rythmé les 200 kilomètres aller, pour arriver à l’info la plus importante de ce papier : le jeu de mots qu’on a prévu pour le groupe. « Alors Sarraco, plutôt nord ou plutôt sud ? ». Là, le groupe était censé répondre « plutôt nord ». Et nous de lui dire en choeur : « Ah ouais, Sarah Connor ! ». Evidemment, quelques heures plus tard cette blague sera un flop monumental. Comme dans Terminator, rien ne se passe jamais comme prévu.

La vie en tournée, c’est facile pour personne. Alors que le groupe s’installe dans la salle de concert principale, ornée d’un lustre magnifique, deux membres me confient : « Ca nous est déjà arrivé de faire 2000 kilomètres pour jouer en Ecosse, à rouler douze heures par jour. Est-ce qu’on était payés ? Bien sûr que non ! ». Etre un groupe de rock, une profession de foi. Les membres de Sarraco se considère d’ailleurs comme un groupe « en développement », et sont à ce titre bien heureux d’être accompagnés par La Sirène depuis leurs débuts. La fille guitariste du groupe, rajoute : « Surtout qu’un label, ça se trouve pas dans le cul d’une poule ». Ou d’un chat… Ah oui, pardon, j’ai oublié de vous dire : le petit plus de Sarraco, c’est qu’il est accompagné par Maud-Élisa du Prince Miiaou, qui a trouvé là – dixit – un projet « plus accessible que le sien », et qui semble ravie de gratouiller la six-cordes sans se prendre la tête. On apprendra plus tard que le nom vient d’ancêtres italiens de Norbert, le leader, mais bon, c’est pas tout ça, il est temps d’enregistrer le morceau. Silence sur le plateau, lumières tamisées et lustre lumineux descendu, la scénographie du groupe est originale puisque chacun des membres se fait face en carré au milieu de la salle. Comme on dit dans le milieu footballistique, « ça joue collectif » chez Sarraco.

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Photo : Rod Maurice

Le reste de la soirée est un peu plus flou. Touché en plein cœur (pour être poli) par une gastro dû à l’absorption des pizzas offertes par La Sirène, mes yeux se ferment progressivement et je n’ai à ce stade plus la force nécessaire pour imaginer une chute rocambolesque à ce papier. Il me semble avoir gagné les clefs de la salle après une partie de ping-pong contre le patron de la Sirène, puis avoir pris encore 200 kilomètres dans la tronche pour revenir à Bordeaux où nous devions rencontrer I Am Stramgram et Be Quiet le lendemain. Impossible de savoir si tout cela a véritablement eu lieu. Sur la route, rien ne se passe jamais comme prévu.


TROIS QUESTIONS EXPRESS À SARRACO


Quelles sont les raisons qui vous ont donné envie de participer au Prix Ricard S.A. Live Music ?

Le groupe : Parce qu’on est un groupe en développement et qu’on aime bien être accompagné, qu’on nous guide et qu’on nous fixe des objectifs. C’est très difficile d’avancer tout seul, sans moteur c’est parfois dur de se motiver. Aujourd’hui c’est assez facile de faire un EP, mais tu fais quoi une fois que tu l’as entre les mains ? Dans le dispositif Ricard S.A Live Music, les concerts sont hyper importants pour nous. Et puis on dispose déjà d’une douzaine de morceaux prêts à être sortis…

Des groupes finalistes qui auraient retenu votre attention ?
Le groupe [Unanime] : Be Quiet, à la fois pour le morceau mis en avant, mais aussi le clip.

Pour finir, la question fatidique : quel est votre argument choc pour séduire le jury ? Qu’est-ce qui fait la force de Sarraco ?
Le groupe : Notre expérience.

Le Prince Miiaou : J’ai un peu produit le projet, financièrement, parce que je trouvais que c’était un super compromis entre des refrains abordables et des arrangements plus exigeants, tout ça avec une accroche pop – dont je suis personnellement incapable. Sarraco, c’est donc accessible mais intelligent.

Photo : Rod Maurice