Un patchwork de rêve : chronique de « Tentacles » d’I Am Stramgram

Chronique

Composé d’inédits et de titres réenregistrés, le premier album d’I Am Stramgram, projet du bordelais Vincent Jouffroy, qui avait remporté le Prix Ricard S.A Live Music 2016, vient enfin de paraître, déployant toute la beauté folk du musicien sur neuf titres.

Tentacles s’ouvre avec  « Underwater Tank » une magnifique ballade, de la folk mi-américaine mi-anglaise, qui sonne juste et perce le cœur. Le genre de chanson que tout le monde veut écrire, mais où la majorité échoue, une chanson qui nous ravit depuis des mois, et plus particulièrement depuis que nous en avions tourné une session au sein du sous-marin Espadon (voir ci-dessous) :

Une guitare acoustique, une nappe de cordes et une voix, voici ce qui suffit à faire de « Safes », une très grande chanson. Pour ceux qui en auraient douté, Tentacles est avant tout une démonstration des talents vocaux de Vincent Jouffroy, qui ne cesse de prouver que la majorité de ses titres tiendraient parfaitement la route, chantés a capela, comme c’est d’ailleurs le cas sur les breaks de  « Saut de ligne » où le chanteur ne lâche pas les violons d’une semelle.

On se retrouve bluffé par la sensibilité des chansons, par leur manière de nous toucher, là où l’on aurait pu s’attendre à de simples ritournelles, comme la pop moderne en produit tant. Sur « Empty House », la montée en puissance émotionnelle semble ne jamais s’arrêter. On a beau avoir connu la chanson sur son premier EP, l’excellent No Incoming Sound, on a l’impression de la redécouvrir à chaque écoute. Même sensation avec la très mélancolique « Serra’s Snake », dont nous avions déjà adoré le clip.

On se sent toujours chez I Am Stramgram à mi-chemin entre des chansons nostalgiques en provenance de l’enfance, comme « Pack your toys » où le français s’invite comme un souvenir d’une époque où les langues se mélangeaient, et des morceaux très adultes, tels que « Camilla », qui portent un regard languissant sur l’amour.

Au-delà du versant, folk, doucereux et chaleureux de Tentacles, se cache l’autre facette d’I Am Stramgram, celle qui aime le bruit et les guitares qui emportent l’adhésion. « Eaten Alive », titre grâce auquel le projet avait remporté le Prix, appartient à cette seconde catégorie. C’est pop, parfaitement réalisé, et en même temps il y a cette électricité lancinante qui  habite le titre, comme sur un bon album de stoner.

Régulièrement, le disque fait ainsi des sorties de route, que ce soit quelques secondes à la fin de « Saut de ligne », ou sur la très électronique « Nothing but the time you waste » qui ne tarde pas à dégager, via la frappe puissante du batteur, un aspect electro-rock proche des Belges de Soulwax.

Toujours entouré du collectif du Fennec, le projet I Am Stramgram s’avère plus excitant que jamais, son patchwork pop/folk/electro atteignant un nouveau stade de cohérence en termes de son et d’émotions.

En bonus, la playlist de l’été que Vincent Jouffroy avait réalisé pour nous > https://www.ricardsa-livemusic.com/la-playlist-de-lete-de-i-am-stramgram/

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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