Cette année, La Team RLM se déplace sur le Hellfest en compagnie de Rod Maurice pour couvrir l’événement qui s’annonce comme le festival le plus fou de cet été !
Récit de la deuxième journée qui nous rapproche un peu plus du Purgatoire. Dernière journée au pays de Satan !

Lemmy / Photo : Rod Maurice
Lemmy / Photo : Rod Maurice

La fatigue commence à se faire bien sentir, mais le programme de la journée ne va pas nous laisser une minute de répit.

Petit-dèj pris rapidement, puis direction la chambre pour écrire le report et mettre les photos en ligne. J’ai 1H30 devant moi, j’ai pensé un instant que ça suffirait, ce n’est pas le cas. Tant pis : on prend la route et je finirai le tout sur place.

Il est 10H30 et les voitures entassées a proximité du site sont moins nombreuses qu’hier : cool, on va pouvoir se rapprocher (vous vous en foutez, pas nous). Les jambes sont lourdes et nos pieds se transforment en briques (à l’aide).

On finit par arriver sur le site, j’envoie Rod directement sur la Warzone pour aller couvrir les Toulousains d’Alea Jacta Est, pilliers de la scène hardcore française. Très forts pour mettre l’ambiance : « foutez moi la p***** de guerre » balance Vincent avec l’accent Toulousain qui va bien, Alea Jacta Est est dans le game depuis 8 ans et compte bien y rester. Leur nouvel album sort bientôt, de quoi se donner une bonne raison de regarder Rambo à nouveau, en mode silencieux, avec les mosh part pour remplacer le son du film.

Alea Jacta Est
Alea Jacta Est / Photo : Rod Maurice

On enchaîne ensuite avec Backtrack, toujours sous la War zone, toujours la castagne. Le pit n’est pas des plus démentiels mais les Lopez passeraient certainement un bon moment au beau milieu de ce mini champ de bataille ! Niveau discographie, je vous conseille leur album Lost in Life sorti en 2014, encore plus si vous suivez un entraînement intensif de muay thai et que vous ne savez pas quoi écouter pour vous motiver.

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Backtrack / Photo : Rod Maurice

En parallèle, Municipal Waste met le feu sur la Mainstage 1 ! Side-project du chanteur d’Iron Reagan (autre groupe incroyable), Municipal Waste représente l’alchimie parfaite, le meilleur du crossover avec une touche de fun parfaitement bien sentie. Dommage qu’ils aient joué aussi tôt, ils méritent amplement mieux.

Une fois leur set terminé, je retourne à la War zone, car le futur de la scène Hardcore de Baltimore est sur le point d’arriver. Difficile d’insuffler un vent de fraîcheur dans un style hyper vu, revu, re revu. Et pourtant, Turnstile fait partie de ces groupes qui, malgré le jeune âge de ses membres (la vingtaine en moyenne) et tout en maîtrisant ses classiques, arrive parfaitement à se démarquer de ce que des milliers d’autres ont fait. Si vous ne pensez plus pourvoir être surpris par cette scène, écoutez leur album “Nonstop Feeling” et vous verrez à quel point Turnstile déchire. Bon, OK le frontman ne chante pas la moitié des lyrics sur scène, mais pour sa défense, ils ont l’habitude de jouer dans des salles où le public fait spontanément la moitié du boulot à coup de sing along et surtout en escaladant non stop les premiers rangs pour aller chopper le micro. L’ambiance monte d’un cran, mais on regrettera le manque de folie dans le pit. On reste malgré tout en France, et chez nous le public a plus tendance à avoir les bras croisés (moi compris) qu’à dégainer la moulinette sur des enchaînements de side-to-sides. Malgré ça, le concert est vraiment cool, et le bassiste mérite tous les éloges vu sa générosité sur scène.

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Turnstile / Photo : Rod Maurice
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Photo : Rod Maurice

C’est la pause, l’occasion d’aller manger un morceau avec Rod que je viens de retrouver. Il me dit qu’il a réussi à couvrir 5 groupes, je ne sais pas comment il a fait. Agressor : c’était très bien, du thrash à la française avec une super présence ; Brodequin : difficile de ne pas sourire quand on voit que la batterie est en fait une MPC et que le type derrière mitraille les pads à toute allure, au-delà c’est technique mais sans émotion, juste bien fait ; Hegemon : rien à dire ; Lecherous Gaze : un des OVNI du festival, visiblement l’idée de la mise en scène avec un chanteur en fin de vie qui essaie de s’exprimer de manière gutturale sur un métal aussi bruyant que percussif, très théâtral, ça peut transcender ou faire vomir, faites votre choix ; Insomnium : il ne se dégage rien, pas d’originalité. 30 minutes plus tard, c’est reparti pour un tour sur la Warzone avec la venue de Power Trip. Déjà vu il y a quelques semaines au Gibus à Paris, les ricains jouent aujourd’hui la dernière date de leur tournée européenne. Ça ne me transcende pas mais il faut rendre hommage à l’efficacité des riffs complètement motards, qui donnent envie d’aller jouer des coudes dans l’arène. Certains diront que c’est “bas du front” mais who cares, après tout n’est-ce pas tout ce qu’on demande à ce genre de musique ?

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Power Trip / Photo : Rod Maurice
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Lecherous Gaze / Photo : Rod Maurice

Fin du concert, direction la Valley pour aller voir quelques titres de Unsane. Comme d’hab, énorme son sous la tente, que quelqu’un félicite le mec derrière le montage de la sono, c’est vraiment  cool de proposer ce niveau de qualité sonore, dans un environnement où nous sommes plutôt habitués à entendre de la soupe. Là encore, je ne connais pas grand chose du groupe, mis à part le dernier album qui est sorti il n’y a pas très longtemps. C’est plutôt cool, mais je n’arrive pas trop à rentrer dedans et surtout Gojira s’apprête à monter sur scène dans 10 minutes.

J’écourte donc ma visite et fonce vers la Main stage 1, complètement saturée de monde (décidément les groupes français sont hyper soutenus, ce qui est plutôt chouette à voir). Je finis par réussir à me frayer un chemin jusqu’au niveau de la régie, ça me semble être pas mal pour profiter du concert, même si ça donne tout de même l’impression d’être à l’autre bout de l’univers par rapport à la scène (ça devient trop gros…mais je l’ai déjà dit #vieuxcon). En parallèle, nous avons le privilège de subir la fin du set de Tarja, ancienne chanteuse de Nightwish. H.O.R.R.E.U.R. Je pensais qu’on avait touché le fond avec Within Temptation mais il y a quelque chose de pire sur terre, et ça s’appelle Tarja. Ça beugle en lyrique dans tous les sens. Bref c’est une véritable souffrance, qui heureusement prend rapidement fin. Le concert de Gojira peut débuter. Ayant sorti leur nouvel album « Magma » hier, les Basques viennent pour la 4ème fois à Clisson. Malgré la passion sur scène, les nouveaux titres ne m’ont pas spécialement convaincu, mais qui peut rester indifférent devant Backbone, rouleau compresseur supruissant ou encore Flying Whales (issue de leur meilleur album à mon sens : From Mars To Sirius)? 4ème fois que je vois le groupe, toujours aussi bien, le son est génial, Joe (chanteur) ne perd rien de son timbre et Mario (le batteur) est juste l’un des meilleurs batteurs français dans le style : subtilité, précision et puissance (super argumentaire, si vous vendez des tronçonneuse). Je trouve que ça marche bien pour lui. Les 50 minutes filent très rapidement et, mis à part le fait qu’on est compressés comme des sardines, on passe tous un bon moment.

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Photo : Rod Maurice

Une fois le concert terminé, j’en profite pour aller faire une pause et coucher quelques notes sur le papier. Dans 30 minutes, un gros enchaînement arrive avec Slayer / Taake.

Direction la Temple pour aller voir le black métal de Taake. J’arrive juste à temps pour le début, connaissant le projet de nom, je m’attendais à de la vraie violence. Râté. Mis à part le coup du maquillage assez classique des groupes de black scandinaves, pas grand chose à retenir de cette performance, je reste 3 titres et je m’en vais, direction la Main stage 1 pour les immortels Slayer.

Taake
Taake / Photo : Rod Maurice

La plupart des festivaliers ont au moins 50% de chances d’avoir déjà vu Slayer dans le passé (ils sont programmés une année sur 2). Et pourtant, c’est un bloc hyper compact qui est massé devant la scène, jusqu’à empiéter très largement sur la Main stage 2. Bon ce n’est pas vraiment une surprise non plus quand on sait que Slayer fait parti du Big Four du Thrash. Légendaire. Le groupe a dû faire face à de multiples challenges dernièrement entre le départ de Dave « la légende » Lombardo, le décès de Jeff Hannemann (RIP Angel) et les opérations très compliquées de Tom Araya (basse et chant). Malgré tout ca, Slayer est toujours debout et balance un set cohérent. Même si le son est tout simplement immonde (allo?? coupez moi cette grosse caisse). Même si Araya se contente du nécessaire scéniquement (on t’en veut pas avec la chirurgie), Kerry et Gary (Tic & Tac en somme) font le boulot et derrière Paul assure sans sourciller. Les classiques sont là, la folie se déclenche sur Reign in Blood, circle pit et toutes cornes dehors pour un parterre de 50000 personnes. Sans surprise mais efficace.

Rival Sons joue dans pas longtemps sous la Valley. J’ai entendu parler du nom ces derniers mois sans savoir vraiment ce que ça valait. Son toujours au top et les lumières ne sont pas en reste (salut Quentin Sauvé de Birds in Row et Throw me off the Bridge derrière la console), cest pas mal mais bon, ça reste du rock américain pas méga original. C’est bien joué mais ça rentre par une oreille et ressort par l’autre. A leur décharge, on en est au troisième jour, et je pense que la patience pour les découvertes se fait de plus en plus rare.

Je reste 20 minutes et part pour Walls of Jericho sur la War zone et, là, qui je croise à mon arrivée ? The intrepide, the one and only, the man who loses enverything : Rod Maurice.

Si vous n’aimez pas le metal mais que vous bloquez sur le culturisme et les gens qui soulèvent de la fonte en donnant l’impression d’être aux toilettes, vous aimerez au moins Candace, la chanteuse / meneuse de guerre du groupe de Détroit. Déjà vu à plusieurs reprises (mais jamais déçu de leur set), Walls of Jericho fait partie des groupes toujours cool à regarder. Energie virale, bagarre dans le pit, sur scène Candace fait un marathon et mouline à tout va : ça balance pas mal. Le groupe profite de l’occasion pour jouer 3 nouveaux titres qui sortiront apparemment très bientôt sur un nouvel album. Côté public, l’ambiance est clairement là et la War zone fait le plein, ce qui n’était pas trop le cas dans la matinée et en début d’après midi. Il faut dire que WOJ a déjà fait halte à Clisson à plusieurs reprises et s’est forgé une très bonne réputation auprès du public du festival. Le set se termine sur The American Dream et un Wall of Death des familles. Beau boulot.

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Walls Of Jericho / Photo : Rod Maurice

Je retrouve Rod à la fin du set, et on file voir le début de Jane´s addiction, le groupe du célèbre Dave Navarro.  ne Ça sent les States à plein nez, tellement le sens du spectacle est ici respecté au millimètre près : scèno, lumières, danseuses dévêtues, ego très certainement surdimensionné des musiciens (Los Angeles quoi). Venu en touriste complet, ne connaissant le groupe que de nom, ce que je vois ne me donne pas spécialement envie de rester. C’est certes très bien exécuté mais à part ça, il n’y a rien pour moi ici.

On va manger un burger avec Rod, on passe à côté d’un skatepark grillagé au sein duquel des dames dansent avec des bolas enflammées, et on essaie d’aller faire la grande roue. Il est 22h15 Ne faites jamais faire la grande roue du Hellfest à 22H15. On abandonne et on se dirige vers la War zone pour le début de Heaven Shall Burn. 

Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice

Heaven Shall Burn nous vient tout droit de l’Allemagne, et son chanteur n’est pas content du tout. A l’origine groupe de hardcore Vegan Straightedge (en français ça veut dire « personne à qui il ne faut surtout pas montrer le quartier rouge dAmsterdam ou un hérisson écrasé » sous peine de manger ses morts), la formation allemande a réussi le tour de force que peu de groupes européens peuvent se targuer d’avoir accompli : s’imposer sur la scène metal hardcore internationale au point de faire pâlir pas mal de groupes américains. Le show est réglé au millimètre près et ne laisse aucune place au hasard (jets de confettis, lance-flamme sur chaque morceau. Quelqu’un peut donner un tranquilisant au lighteux?). Dommage : même impressionnant dans l’exécution, le manque de spontanéité me fait penser qu’à partir du moment où on a vu le groupe une fois, ça ne sert plus à rien de revenir. Malgré tout, le public passe un bon moment, le son est très bon, le chanteur est 100% puissance et assure comme sur les disques (et c’est pas du gâteau quand on sait de quoi il s’agit). 20 minutes passent et je mets fin à cette décharge de violence pour aller rendre un dernier hommage à Ozzy, Tommi et Geezer sur la Main stage 1.

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Heaven Shall Burn / Photo : Rod Maurice

Rien ne sert de présenter ou de parler de Black Sabbath, ce groupe internationalement galactiquement fondamentalement mythique. Après presque 40 années d’existence, Ozzy et ses potes reviennent à Clisson pour le dernier concert « ever ever » de Black Sabbath (si vous pensez qu’ils reviendront dans 5 ans pour prendre un lingot sur une tournée sans queue ni tête, merci de vous taire). Intitulé « The End », cette tournée va donner l’occasion de boucler la boucle en beauté.

Après avoir trouvé un spot convenable (comprenez à 150 mètres de la scène mais avec un son cool et la vue sur les écrans dégagés : ça devient trop gros !!!), je patiente quelques minutes que le concert commence. Du côté de la Main stage 2, Ghost finit son set de la plus belle manière qui soit : une chorale d’enfants rejoint la scène et reprend en cœur le refrain symphonico emo du dernier titre avec un tir de feu d’artifices dans le ciel : contre toute attente, j’ai trouvé ça beau.

Qui dit concert d’adieu dit ultime pèlerinage indispensable pour les dizaines de milliers de festivaliers venus présents ce soir. Je ne suis pas un ultime fan de Black Sabbath, je ne connais qu’un disque, même si c’est le meilleur (Paranoïd). Mais ça suffit à me donner la motivation de rester jusqu’au bout du set pour voir au moins une fois dans ma vie les titres qui m’ont introduit à cette musique et surtout, pour pouvoir assister au bûcher funéraire de ce qui fut le berceau de toutes les musiques extrêmes : War Pigs, Iron Man, Paranoid, tous des monuments du heavy metal. On sent que les trois papys ne sont pas au top physiquement (et encore Geezer Butler semble incroyablement à l’aise) mais musicalement, pas une seule erreur, même Ozzy chante presque comme sur le disque. Les rageux diront « C’était mieux quand ils jouaient dans une cave à Dunkerque en l’an 0001 avant Lemmy« . Moi, je suis agréablement surpris. On regrettera peut être le manque de folie pour un show d’adieu : pas d’artifices ni de confettis (c’était quand même devenu une habitude) mais bon, au final, les mecs se sont concentrés sur leur musique. Après tout, c’est ça qu’on leur demande. RIP Sabbath, sans vous on serait pas là.

Le concert se termine, je me transforme en marathonien pour rejoindre la War zone et finir de la plus belle manière cette édition 2016 avec les suédois de Refused. 

Que dire ? Par où commencer ? Quel enchaînement de superlatifs pourrait vraiment qualifier Refused ? A l’instar d’un Slayer ou d’un Pantera, L’influence de Refused sur la scène punk hardcore est tout simplement indéniable : le groupe a littéralement explosé le game à l’époque de la sortie de « The Shape of Punk to Come » (album qui mériterait un autel perdu dans les bois de la taiga et un pèlerinage annuel). Mené par l’ultra charismatique Dennis Lyxzén (seul frontman de cette scène qui peut danser à la manière de Michael Jackson et gagner 1000 points de swag à la minute), Refused surclasse tous les groupes qui se sont produits sur cette scène pendant les 3 derniers jours. La War zone est gonflée à bloc, le pit en ébullition (un dimanche soir après un concert de Black Sabbath c’est pas de la tarte ), les tubes du groupe s’enchaînent à la perfection. Rajoutez à tout ça un son de dingue et vous arriverez peut être à imaginer à quel point ce concert était cool ! Après un petit discours bien construit sur l’égalité des sexes, le groupe termine avec Summerholidays vs Punkroutine et New Noise. Tout le public se presse devant pour envoyer une dernière moulinette avant d’aller au lit.

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Refused / Photo : Rod Maurice
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Refused / Photo : Rod Maurice

Ca y est, il est l’heure de rentrer à la maison, le Hellfest 2016, c’est fini. On se permet une dernière petite touche de kitsch avec le final de King DIamond (Rod est un fan de la première heure). Arrivé au début des années 90, avant Ghost, avec des vocals metal théâtrales. Avec une scéno très inspirée de l’univers religieux et de l’occultisme, des vocals métal théâtrales (ce depuis le début des années 90, donc avant Ghost), King Diamond peut autant fasciner que faire rire. De mon côté c’est un peu les deux. Mais force est d’admette que sa voix est impressionnante de justesse, au point de douter de sa masculinité. Malheureusement pour lui, la plupart du public a déjà quitté les lieux (on est dimanche), mais on décide de lui faire honneur jusqu’à la fin. Ce n’est pas évident de s’imprégner de cette communion de voix de têtes et de solos interminables après la gigantissime fessée mise par Refused.

Le concert se termine, c’est la fin de cette édition 2016. A peine après avoir passé le portail de l’entrée et malgré la fatigue, on se sent déjà nostalgiques de ce weekend hors du temps et de l’espace. Au-delà d’une affiche de qualité d’un indéniable éclectisme, le Hellfest est avant-tout une expérience, une tranche de vie. Comme chez Mickey, on y oublie tout ce qui se passe à l’extérieur et où on vit chaque instant à 100%. Vive le métal, vive Clisson, vive Ben Barbaud, vive les tutus.

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Photo / Rod Maurice