Cette année, La Team RLM se déplace sur le Hellfest en compagnie de Rod Maurice pour couvrir l’événement qui s’annonce comme le festival le plus fou de cet été !
Au programme, deux points de vue différents : un issu de la scène hardcore et l’autre issu de la scène Thrash Old School et Métal Prog, avec des bonnes surprises et quelques petites déceptions.

Hellfest Rod Maurice Ricard SA Live Music
Aaaaaahhhhhh 2010, la coupe du monde en Afrique du Sud avec la Team des boudeurs restés dans le bus pour faire la grève, Xynthia, le volcan Islandais au nom imprononçable… Mais surtout 2010 c’était l’année de mon dernier Hellfest ! Que de bons souvenirs entre le camping avec les douches probablement les plus sales du monde mais bon, ça fait partie du folklore, le concert de Paparoach absolument dingue au regard de la qualité du groupe. Bref, il est difficile de dire à quel point j’avais hâte de revenir à Clisson pour un pèlerinage infernal.
Il faut dire que l’eau a coulé sous les ponts : le site a changé de place, l’intérêt pour le festival a été décuplé (coucou les fans qui bookent leur pass et leurs hôtels 1 an en avance sans même connaître un seul nom du line-up), Ben Barbaud (le Grand Prêtre des lieux) a désormais des cheveux blancs mais on ne lui en veut pas car avec ce qu’il a fait de Clisson, il mériterait bien la Légion d’Honneur. Et surtout, l’expérience Hellfest dépasse aujourd’hui les frontières de la musique extrême en proposant une scénographie absolument extraordinaire, qui mérite à elle seule la visite. Non mais il faut le dire, je pense que même les plus fervents détracteurs des musiques extrêmes trouveraient moyen de passer 3 jours de dingue à Hellfest land : une grande roue, un skate park, une tyrolienne, des jets de flamme, des burgers par milliers (et la qualité est pas mal, si on compare à 2010 où tu payais un Américain frites 10 euros probablement fabriqué a partir de viande de rat), une mini ville investie par des partenaires sympa et concernés, un extreme market avec notamment un stand pour acheter des cornes de brume… Bref il y a ici tout ce qu’il faut pour passer un moment hors du temps.

 

Bon je vais arrêter de vous spoiler car vous allez finir par dire que je ne laisse pas de place à la surprise, mais quand même, hands up pour :

  • La scéno post apocalyptique de l’espace pro toute aussi soignée que les autres lieux du festival
  • La cathédrale, gigantesque porte d’entrée des limbes, impressionnante et menaçante
  • La grande roue de la terreur avec une photo de grippe-sou, le clown démoniaque de Stephen King qui m’a filé une coulrophobie il y a 20 ans
  • Le totem Lemmy, RIP mec, si seulement tu avais pu voir ça
  • La War zone qui est un parfait mix entre une arène et une prison avec des miradors, des barbelés et des barricades tout autour
  • La scéno globale des deux main stages : et dire que le festival n’a que 10 ans d’existence
  • Le site de nuit avec l’embrasement complet des lieux
  • Plus globalement : le souci du détail : les plaques des précédentes éditions fixées au sol a la manière d’un walk of fame : vous êtes trop forts
  • Le public : costumes, bonne humeur, gentillesse : le public métal vaut mille publics, en témoigne le score incroyable de 0 débordement ici, prenez-en de la graine…
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Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice

Non vraiment, il faut rendre à César ce qui est à César, le Hellfest est à coup sûr le festival le plus impressionnant en France et probablement en Europe, bravo à tout le Crëw, on n’a pas vu un seul concert qu’on a déjà envie de faire comme nos camardes de navette, à savoir, acheter notre pass pour 2017 et réserver l’hôtel banco.
Maintenant qu’on a fait un petit tour d’horizon des lieux, le site est d’ailleurs plutôt bien agencé même si on sent déjà qu’on va galoper comme des petits lapins pour couvrir tout ce qu’on veut couvrir, on peut démarrer les hostilités avec All Pigs Must Die, groupe qui nous vient du Massachusetts avec notamment Ben Koller, le batteur phénoménal de Converge (je préviens, je vais beaucoup parler batterie dans les prochaines lignes).
Le concert démarre sous les gouttes, mais ça n’a absolument aucun impact sur le public qui répond au quart de tour aux premiers accords : « see you in the pit » comme dirait l’autre. Le son est lourd, et tellement puissant qu’ on finit par vraiment avoir l’impression que c’est la fin du monde lorsque Kevin Baker (également chanteur de The Hope Conspiracy) hurle « destroyyyyyyyyyyy » à répétition. Les titres s’ enchainent sans aucune fausse note et j’ai bien l’impression qu’on est déjà en train d’assister à une des claques de la journé. Ben Koller est vraiment beaucoup trop doué ! De quoi se donner envie d’aller réécouter God is War, leur album sorti en 2011 sur Southern Lord.

Rod a faim, direction l’espace snack situé a l’arrière de la warzone pour manger un cheese sans cheese, puis on se dirige vers Shinedown.  Trop kitsch donc on zappe. Direction l’extreme market car j’ai prévu de dépenser mon PEL en vinyles chez Useless Pride Records. 10 minutes plus tard : 7 vinyles en poche et 100 euros en moins. On retourne vers la main stage 2 pour le set de Mass Hysteria.
Premier petit bémol : le Hellfest victime de son succès accueille chaque année 1 million de photographes, ce qui fait qu’il faut faire la queue pour accéder au crash barrière et prendre quelques clichés en seulement 1 minute pour assurer un roulement… Je laisse Rod sur place et me dirige vers la régie pour regarder le concert. Ce n’est pas la première fois que Mass Hysteria joue à Clisson, le groupe a toujours été super bien accueilli par le public et on peut s’ attendre a une grosse ambiance !
Complètement revendicateurs mais positifs a bloc, on sent que les furieux ont deux trois choses a dire sur la situation actuelle… Le son est cool et le groupe se donne bien. Mention spéciale pour la descente du guitariste et du chanteur en plein milieu de la foule pour un circle pit mémorable.
Petit interlude avec la rubrique Entendu au Hellfest :

« la Bretagne c’est mon pays »

« la France c’est ma région »

« vous pouvez pas test les Bretons »

« On va leur montrer ce que c’est un circle pit aux ricains »

« Ils sont où mes gars ? »

« On est plus tout jeunes »
Le concert se finit sur un immense Wall of Death de la scène jusqu’à la régie : bravo les gars, je :e suis surpris à passer un bon moment.
On est censés se retrouver au niveau d’une rôtisserie avec Rod mais la réalite en décidera autrement et nous arrivons a notre premier instant « perdus de vue ». Ce ne sera pas le dernier…
Je pars donc a la Warzone pour aller voir le set de Vision of Disorder, groupe de Metal Hardcore dont j’attendais beaucoup mais qui au final s’ est avéré complètement décevant : il ne se passe rien sur scène, c’est plus cliché qu’efficace, bref, la déception de la journée.

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Vision of Disorder/ Photo : Rod Maurice

Je n’ai toujours pas trouvé Rod, mais il m’avait dit vouloir regarder Turbonegro, je pars donc en direction de la main stage 2 pour tenter ma chance. Turbonegro, c’est un groupe Norvégien, autoproclamé roi du Deathpunk. C’est la petite touche stupide de la journée : les musiciens sont déguisés de manière totalement improbable et proposent un show très fun et dansant, idéal pour mettre le bras derrière la tête de son voisin et valdinguer dans tous les sens.
Il est 18h20, j’ai rendez-vous avec ma jeunesse a la warzone : Killswitch Engage joue dans 15 minutes et Killswitch, c’était notre plus grosse inspiration quand on a monte un groupe de metalcore avec des potes de lycee. Jamais vu sur scène, mon  excitation est bien troo grande pour être qualifiée. J’avais signalé à Rod de couvrir le concert donc je me dis que je vais avoir une chance de le retrouver dans la file des photographes : bingo, il est là.

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Killswitch Engage / Photo : Rod Maurice
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Killswitch Engage / Photo : Rod Maurice

On fait le point vite fait sur les groupes qu’on a vu. De son côté, il est passé devant Vader (rien à dire, sans plus) et Kampfar (tout dans le spectacle et les cheveux virevoltants, à côté de quelques intros épiques et riffs dévastateurs, mais au final, sans plus).

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Kampfar / Photo : Rod Maurice

On échange deux trois mots sur les groupes qu’on a vu puis je vais me placer a cote de la régie pour profiter du concert, et quel concert…
On démarre avec une intro de funk balances sur la face puis Jesse Leach et sa bande arrive sur scène pour envoyer Bid Farewell, premier titre de The End of Heartache, l’album qui les a propulse internationalement il y a 12 ans. Adam D, guitariste foufou est fidèle à sa réputation d’ambianceur : course sur place, headbang, circle pit tout autour de la batterie, blagues potaches entre les morceaux… un grand moment de fun devant un des derniers représentants crédible de la scène metalcore américaine.
La setlist est géniale : When Darkness Falls, Rose of Sharyn, The End of Heartache, My Last Serenade, Fixation on the Darkness, le groupe passe visiblement un très bon moment, les guitaristes s’ affrontent dans un combat d’harmoniques artificielles (oui, ça existe encore en 2016) et le public scande les tubes. Bref, la deuxième (très) bonne pioche de la journée !
Une fois n’est pas coutume, je devais retrouver Rod a la fin du concert mais impossible de mettre la main sur lui. Je pars donc voir Melvins sous la Valley. Groupe culte de Buzz Osborne (vous savez, le monsieur a la tignasse grise bouclée qui ressemble à un clown et qui fait donc tres peur), Melvins fait fosse comble et il faut se faufiler sous la tente pour obtenir une place correcte. A la croisée des genres, le groupe propose une musique lourde et rock’n rollesque, mais j’ai du mal a me sentir habité, probablement car je n’ai jamais vraiment écouté leurs disques (bouh).  La bonne nouvelle, c’est que dehors c’est le déluge, donc je suis bien content d’être abrité sous la tente !

Melvins / Photo : Rod Maurice
Melvins / Photo : Rod Maurice
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Melvins / Photo : Rod Maurice

Ça finit par se calmer et je commence a avoir faim, direction donc le food corner. Quelle heure est-il ? 20h15. Ok, c’est donc la pire heure pour aller manger, tant pis, l’idée est dans ma tête je ne peux pas faire demi-tour.
On arrive au deuxième point négatif de la journée : le Hellfest devient peut-être trop gros ? Bon ok, c’est vraiment une réflexion a la du type « c’était mieux avant », et puis en soi c’est bien que le festival ne cesse de croître. Mais la queue de 30 minutes pour manger un curry poulet et 30 minutes pour charger son cashless, c’est un peu long. Le public commence déjà a se masser devant la main stage pour le show du Rammstein qui démarre dans 3 heures, impossible d’espérer voir quoi que ce soit (sauf sur un écran), à moins d’aller se positionner maintenant. Tant pis, j’ai d’autres groupes à voir, je regarderai les berlinois plus tard sur l’écran.

A peine fini de manger mon curry poulet devant The A.R.R.S, une des têtes de pont de la scène Metalcore française, je repars pour la Valley car le concert de Magma est sur le point de commencer.

THE ARRS / Photo : Rod Maurice
THE A.R.R.S / Photo : Rod Maurice
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The A.R.R.S / Photo : Rod Maurice

Groupe du très grand batteur français Christian Vander, je n’ai jamais prêté une oreille sur Magma, tout en sachant pertinemment qu’il s’agit d’un groupe culte. Il n’y a pas encore grand monde sous la Valley, idéal pour aller se mettre devant la régie et profiter du spectacle.
Bon, concrètement, Magma c’était le meilleur concert de la journée et probablement l’un des meilleurs concerts de ma vie. A mi-chemin entre musique de film, free-jazz et rock progressif, la musique de Magma pourrait tout simplement être la B.O d’un film 80s de SF hyper inquiétant à la Kubrick. Les titres à rallonge sont construits d’une manière tellement alambiquée et cohérente à la fois qu’il n’y a aucune barrière à se laisser transporter par les 5 musiciens virtuoses et l’ensemble de voix (1 chanteur et 2 chanteuses). Rajoutez à ça le show lumière maîtrisée à la perfection et vous obtenez la plus belle surprise du festival. SI la projection astrale devait avoir une image musicale, ce serait celle-là. Bravo le Hellfest d’avoir eu le nez de programmer un projet que personne n’aurait calé nulle part.  Le concert file à toute allure et je décide tout de même de partir 10 minutes avant la fin pour ne pas manquer le début de Converge.

MAGMA / Photo : Rod Maurice
MAGMA / Photo : Rod Maurice

Arrivé à la Warzone, je me dirige vers la file des photographes car je me doute que Rod doit être dans les parages : Bingo ! On refait le point vite fait : il a vu Hatebreed (clairement le son le plus maîtrisé de la Main stage avec Rammstein et surtout une ambiance de dingue avec l’arrivée d’une pluie diluvienne pendant le set) et Magma (OVNI inqualifiable et extraordinaire avant-gardiste depuis plus de 40 ans, Magma était en avance, est en avance et sera en toujours en avance).

Il est 22H40, le crew de Jacob Bannon arrive sur scène. On ne présente plus Converge tellement l’influence du groupe sur l’ensemble de la scène Hardcore est présente. Déjà programmé à plusieurs reprises sur le festival, le public est bien compact devant la scène et s’enflamme des les premiers accords. Ça joue divinement bien, les morceaux sont dingues, tout est dans l’urgence et la spontanéité. Ici pas de show light millimétré, les mecs font eux-mêmes leurs balances. Déjà vu 5 fois par le passé, je ne regarde pas le set en entier car Rammstein est sur le point de démarrer sur la main stage.

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Converge / Photo : Rod Maurice
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Converge / Photo : Rod Maurice

Je vois le début du concert au loin. Des feux d’artifices explosent dans tous les sens à l’arrivée du groupe sur scène. Les Berlinois sont venus avec tout leur kit pyrotechnique pour en mettre plein la vue aux festivaliers. Pour peu qu’on s’intéresse un chouïa aux musique extrêmes, on a forcément entendu parler des prestations de Rammstein qui a construit sa légende sur des concerts qui vont toujours plus loin dans la folie de la mise en scène. Jets de flamme, artifices, douches fumée, costumes, lumières… le tout articulé au millimètre près. Pas grand fan du groupe et impossible de se frayer un chemin pour voir la scène  peu près convenablement. Je jette l’éponge très vite mais nul doute que l’expérience Rammstein dans une salle de concert ne doit pas laisser indifférent.

Je finis cette longue journée par Sunno))) sous la Valley. Groupe de Noise / Drone / Doom / Enfer. C’est une expérience musicale, mais surtout physique (très belle description du Hellfest), tant le volume sonore et le niveau des subs est élevé. La personne à côté de moi n’a pas de protections auditives, je donne pas chère de sa peau.

Finalement, ce n’est ni l’agressivité maîtrisée de Hatebreed sous une pluie diluvienne, ni Testament qui n’a jamais aussi bien porté son nom, qui gagneront cette première manche. Non, c’est bel et bien l’OVNI inqualifiable et extraordinaire qui répond au nom de MAGMA.

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Photo : Rod Maurice