Les (bons??) conseils de Bester : l’art de communiquer sur les Internets

Tuto

A moins d’une semaine de l’ouverture des votes pour l’édition 2015 du Prix Ricard S.A. Live Music, on s’est dit que c’était la bonne occasion de demander à Bester de vous donner quelques conseils pour devenir un pro des réseaux sociaux.

Articl

Pourquoi un article sur les réseaux sociaux quand vous avez certainement mieux à faire de vos dix doigts ? D’une part, parce qu’à l’heure du web 2.0, c’est pas de bras pas de chocolat pour tout le monde. Et puis aussi parce que la phase de vote sur le Prix est un bon entrainement pour stimuler et agrandir votre fanbase. Pour vous aider à arriver en tête dans cette grande course de spermatozoïdes qu’est le Prix, voici 5 fondamentaux à vous tatouer sur le bras pour éviter le game ovaire. (voyez, ça par exemple, on oublie direct pour la com’ sur Facebook…).


1. Ne communiquez pas (enfin pas tout de suite)


De nombreux groupes qui démarrent croient qu’une communication tout azimut sur la fanpage Facebook où se battent en duel 73 fans (dont la moitié ont cliqué sur le J’aime par erreur) est la clef du succès. C’est faux. Comme le dit notre ami Youtube : « En tant que marchand vous avez besoin d’une audience ». Là c’est vrai. Qui dit réseau, dit social. Et qui dit social, dit commencer par créer une communauté. Plutôt que de vous transformer du jour au lendemain en robot postant toutes les heures un statut ou un tweet aussi cool que la tronche de Marco Zuckerberg, bâtissez un truc plus solide que le stade de Furiani et commencez par inviter tous vos amis à aimer votre page Facebook (en trouvant le sacro-saint code invite all your friends). Une fois passée la barre des 500 fans (l’équivalent du premier soir pour la drague), intensifiez les posts et foutez moi tous ces gens dans votre plumard !


2. Ne devenez pas une boite à (algo)rythme


On trouve sur le net pléthore de « spécialistes » du marketing digital qui vous conseilleront d’investir dans les célèbres publicités Facebook censées vous permettre de toucher plus de gens que votre premier cercle de fans, et ce grâce à des budgets pouvant aller de 50 à plusieurs milliers d’euros. Tout comme vous n’avez jamais rêvé de devenir un pro des slides Powerpoint avec transitions dynamiques, ces experts n’ont jamais fondé un groupe de rock. A votre stade, pas la peine de claquer la fortune amassée lors de votre dernier concert en première partie d’Indochine à Mulhouse (une pizza, 50€ en cash à diviser en quatre parts de musiciens plus celle du batteur, ah ah) dans « ces posts sponsorisés ». Il suffit parfois d’un statut intelligent, authentique ou simplement drôle pour toucher le jackpot viral. Si le nombre de likes et de partages de vos statuts est un bon baromètre, consultez aussi le « nombre d’impressions » (le nombre de fois qu’une actualité a été vue sur votre mur et sur celui de vos fans) pour rectifier le tir et changer votre manière de communiquer. Bon par contre, si vous en êtes encore à poster des photos de votre chat pendant que vous grattouillez votre banjo sur une reprise de Shy’m, foutez un max de pognon dans le E-marketing parce que là, on ne peut plus rien pour vous.


3. Un coup pour toi, un coup pour moi


Non, il ne s’agit pas d’une technique pour mettre enceintes vos groupies, mais d’un conseil élémentaire et néanmoins machiavélique : si un groupe n’a rien à gagner à harceler ses fans quotidiennement avec des messages de SOS (« SIVOUPLÉ VOTEZ POUR NOUS ! ON A BESOIN DE GAGNER LE PRIX POUR ETRE CONNU VAZY CLIQUE »), il existe néanmoins des solutions plus subtiles d’arriver à ses fins. Et la première d’entre elle consiste à impliquer votre communauté de manière détournée en alternant messages sérieux vous concernant (la reprise de votre groupe préférée pondue spécialement pour le prix, par exemple) et d’autres moins auto-centrés, où vous saurez faire comprendre aux gens qui vous aiment qu’après tout, il n’y a pas que votre réussite dans la vie. En gros : à l’autoroute du harcèlement, préférez la nationale du désir (punchline Pulitzer 2015). Car une communication linéaire fatigue autant qu’elle énerve, et que vos fans méritent mieux que ça. Et si cela implique de poster une photo de vous avec votre mère coincée dans un T-Shirt XXS pour faire passer la pilule après les 5 statuts d’affilée sur votre nouveau clip qui ne décolle pas, faites le.


4. Copier c’est (se) tromper


C’est sûr : personne n’a envie de rentrer dans une boite à moitié vide. Vos réseaux sociaux, c’est un peu pareil. On est donc rapidement tenté par la facilité pour rameuter du monde à l’intérieur. Sauf que. Sauf que copier sur votre compte Twitter le statut posté sur Facebook 3 minutes plus tôt, ça marche aussi bien que de se laisser pousser la moustache façon Lemmy quand on se fait de la folk intimiste inspirée par le chant des oiseaux. A chaque réseau son mode de fonctionnement. Sur Twitter, c’est le règne de l’instantané, à peine twitté et presque déjà oublié ; sur Facebook (où vos fans passent 90% de leur temps de connexion, ne l’oublions pas) il faut varier les effets, au risque de devenir le gros boulet qu’on hésite à trainer en soirée. Et si vous persistez à croire que les réseaux sociaux pour un groupe c’est une perte de temps parce que vous pensez qu’un Directeur Artistique va débarquer chez vous demain matin avec des croissants et un contrat… comment dire :

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5. Décrochez le téléphone arabe


Là je ne vous parle pas de choper le 06 de Jamel Debbouze, mais de vous appuyer sur la force de votre communauté : les prescripteurs. Qui sont ces gens ? Ce sont les relais d’opinion. Ils sont journalistes avec pignon sur rue, bloggeurs influents, musiciens reconnus qui vous suivent ; en bref ce sont les étendards de votre château de sable (prix Goncourt 2014). En les impliquant dans votre lutte au moment opportun (le financement de votre prochain EP en crowdfunding, l’appel au vote pour le Prix Ricard S.A. Live Music) et en relayant vous-même les messages dans lesquels ces fans premium parlent de vous, vous vous assurez un écho 10 fois supérieur au porte à porte un peu vain consistant à envoyer des messages privés à tous les gens de votre réseau. Comme vous avez souvent peu de temps à consacrer à votre propre communication, ciblez plutôt que de tirer dans le tas. Mais là encore, il faudra bien choisir vos amis…

chirac rock

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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