Les cinq conseils de Bester (membre du Jury) pour gagner le Prix Ricard S.A Live Music

Tuto

Le Prix Ricard S.A. Live Music, chaque année c’est un peu comme une courses de spermatozoïdes : beaucoup d’appelés, peu d’élus, des centaines de participants, un seul vainqueur… Et un jury qui prend discrètement des notes pour vous aider à passer entre les mailles du filet. 

Crédit Photo : Rod Maurice
Bester, c’est lui (ça fait peur non?) – photo : Rod Maurice

Si le titre de ce papier est un peu malhonnête et qu’il vous faudra certainement plus de cinq conseils pour sortir du lot, voici tout de même une petite liste exhaustive des choses à savoir pour éviter la fosse aux crocodiles et plus concrètement, une élimination prématurée. Comment monter sur le marchepied vers le paradis (des fans de Led Zep dans la salle ?) sans se prendre les pieds dans le tapis ? Et comment convaincre le jury que votre groupe mérite sa place dans les 10 groupes finalistes sans avoir à déposer une mallette de billets verts (à une adresse que nous vous communiquerons ultérieurement) ? Comme on n’apporte pas sa moutarde à Dijon, laissez vos préjugés aux vestiaires. Voici quelques enseignements tirés des éditions passées pour vous aider, comme aurait dit Kurt, à venir comme vous êtes. Et sans vous tirer une balle dans le pied !

 


1. Décrivez votre groupe simplement


La première phase du Prix Ricard S.A. Live, c’est évidemment votre inscription avant le 16 décembre. Et l’inscription, comme diraient Jacquie et Michel, c’est comme un bon préliminaire : indispensable. Evitez donc d’en mettre des tartines sur la biographie de votre groupe (« formé à Montluçon en 1999, Trucmuche s’inspire autant de Noir Désir que d’Avril Lavigne et la voix brisée du chanteur, les batteries virevoltantes et ces guitares syncopées font de Truchmuche le groupe du futur » = ALERTE, CASE PRISON).

Prison

Bref. Préférez la simplicité au bavardage et tournez sept fois la langue dans votre bouche avant d’écrire n’importe quoi pour tenter de vous survendre. Et tant qu’on y est, inutile d’insérer des liens compromettants comme la vidéo live de fin de soirée prise sur le smartphone de votre manager … Inspirez le mystère dans votre présentation et veillez à ne pas transformer l’exercice en casier judiciaire. Bah oui : une fois les infos saisies et validées, vous ne pourrez plus les modifier !

 


2. Trop de votes tue le vote


C’est paradoxal d’écrire ça dans un pays rongé par l’abstention, mais le prix Ricard S.A. Live ne fonctionne pas comme certains partis politiques: inutile de bourrer les urnes. Si la première phase du concours est importante et qu’évidemment les groupes qui recueilleront le plus de votes auront plus de chances d’être présentés au jury, inutile de rameuter tonton Robert un peu troll et la petite copine groupie-psychopathe pour des séances de clics à s’en bruler l’empreinte digitale : c’est comme les cours de chant pour Lana Del Rey, ça ne sert à rien.

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D’ailleurs pour éviter le recours à un huissier de justice (on n’est pas à la Nouvelle Star), cette année les membres du Prix ont décidé de ne pas rendre public le nombre de votes pour ce qui est du top 100. Donc pas la peine de recruter des stagiaires indiens type Shiva à 6 bras ; faites vous confiance et laissez la musique parler pour vous. Et si vous avez vraiment besoin d’aide, je connais quelqu’un qui a un peu de temps libre en ce moment…

 


3. Ne pas copier sur son voisin (surtout s’il est connu)


Détrompez-vous, vous n’êtes pas le seul à avoir (hélas) écouté Fauve l’année dernière. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que si vous avez la chance de faire partie du top 100 des groupes retenus pour une écoute attentive du jury, autant mettre toutes les chances de votre côté en évitant d’être le 20ième groupe à proposer le même petit riff mignon aigüe à la manière de Foals. Règle n°1 : toujours préférer l’original à la copie.

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Parce que non, vous ne serez jamais le Nile Rodgers qui fait de la cocotte funky avec les Daft Punk. Et parce que oui, le jury préfère de loin écouter des démos un peu cracras mais authentiques plutôt qu’un décalqué de musique entendue mille fois. Evidemment, si tu portes un bonnet péruvien et que tu ambitionnes d’être au croisement entre Zaz et Radiohead, comme on dit au Scrabble, c’est mot compte double.

 


4. Soyez bon perdant


Bon, c’est terrible. Vous n’avez pas été retenu dans le top 100 des groupes sélectionnés ou pire encore, vous avez fait parti des dix groupes finalistes mais le choix du jury ne s’est pas porté sur votre groupe. N’en faites pas une maladie ou une histoire personnelle ; et surtout pas la peine d’envoyer des colis piégés aux jurés avec menaces de mort écrites à la clef (de sol). Là encore, ça ne sert à rien.

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D’une, parce que tous les membres du jury sont d’anciens catcheurs bodybuildés passés experts dans l’auto-défense, de deux, participer au Prix, c’est l’occasion de se faire repérer par notre équipe artistique et même si c’est pas comme dans une chanson de Céline Dion (non, les derniers ne seront pas les premiers…), chaque édition permet à plusieurs groupes de se retrouver programmés sur nos évènements (demandez à Hill Valley, Holy Two, Balinger, A Rainmaker… la liste est longue !) Pour résumer : soyez fair-play. Et ça vaut aussi pour les groupes qui croient être pistonnés…

 


5. Soyez au bon endroit au bon moment


Ca y est. Vous êtes arrivé sans encombre jusqu’à la dernière étape (votre sélection parmi les dix groupes finalistes) et vous allez avoir l’honneur d’une session filmée par Rod Maurice qui vous permettra non seulement de vous souvenir de ce moment dans 45 ans, mais aussi – et surtout – de vous distinguer pour le vote final du jury. Là encore, c’est à vous de jouer. Comme les sessions du Prix se tournent façon J’irai filmer chez vous, c’est à vous de trouver le lieu original qui permettra d’enregistrer cette session.

queen i want to break free

Mais là aussi, n’en faites pas trop. Si vous croyiez impressionner la team Ricard S.A Live Music grâce à ce sous-sol de boite bling bling où vous avez rameuté tout vos fans (ils sont 3) à l’œil de truite séchée, vous vous enduisez d’erreur jusqu’au genou. Parfois, les instants les plus forts sont souvent les plus simples (Two Bunnies in Love, vainqueurs du Prix 2013, dans un petit troquet sans prétention), voire les plus improbables (le groupe Neeskens dans un hôpital… psychiatrique). Bref. Pour marquer des points, plutôt que de nous dégoter un endroit qui en fout plein la gueule (c’est souvent pas le cas), optez plutôt pour un lieu qui vous ressemble.

 

Ça y est, vous êtes parés? Alors direction les inscriptions !

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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