J’IRAI FILMER CHEZ VOUS : TWO BUNNIES IN LOVE (JOUR 15)

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A la fin de cette dernière journée sur la route, le compteur affichera 3360km parcourus en 15 jours, avec dans le coffre 15 groupes entassés sur le disque dur, avant la grande (dé)libération du 29 janvier. Le dernier d’entre eux, Two Bunnies in Love nous l’avons débusqué en basse Normandie. Cette fois, pas de tentative de corruption ou de virée dans un hôpital psychiatrique, mais une invitée surprise et un dénouement plus fou que dans Plus belle la vie. Moteur et … action.

11H00 du matin, mardi dernier. Claquement de porte, attachage de ceintures. C’est la dernière fois qu’on monte à bord de la Batmobile du Prix Ricard S.A. Live et ça fait même bruit que lorsque vos derniers convives claquent la porte de votre soirée d’anniversaire. Y’a de la fatigue au niveau des mollets et comme un air de spleen ; ce soir chacun rentrera chez lui en repensant aux deux dernières semaines, à ce qu’il en a retiré, aux groupes qu’il a découvert, et ainsi de suite. Dans la voiture qui nous rapproche d’Alençon, c’est justement le débat qui nous anime – qui nous réveille même – lorsqu’on passe en revue tous les finalistes en écoutant leurs morceaux. Cette fois pas d’engueulade, pas de prises de bec dignes de The Voice, un trio de tête se dessine. Le reste du jury sera-t-il d’accord avec nos choix ?

C’est oublier un peu vite qu’il reste un groupe à auditionner. En l’occurrence, les Two Bunnies in Love ne sont pas des lapins de six semaines. Formé en 2011, le groupe normand commence à acquérir une solide réputation et, comme leurs copains de Concrete Knives, pas besoin de vivre à Paris pour faire parler de soi. Sans transition, ne me demandez pas comment on en est arrivé là, mais ce dernier trajet fut aussi l’occasion de parler des… One Direction. Rod évoque leur dernier bad buzz, à savoir une vidéo live où apparemment ils chantent faux comme c’est pas permis, la preuve qu’ils sont à peine plus doués qu’une bande de canards enroués. Sur le papier, on n’est pas trop difficile à convaincre, sauf que la dite vidéo est une grosse blague. Arroseur arrosé. Ah et tiens, puisqu’on parle de direction, on vient d’arriver à Alençon.

 

Alençon, ville de basse Normandie qui a aussi vu grandir un certain Orelsan. Ca n’a pas grand chose à voir avec l’histoire qui nous amène ici, puisque les Two Bunnies in Love font de la « pop lyrique », entendre par là des chansons influencées par l’Angleterre avec des refrains qu’on peut siffler sous la douche, comme le Boys & Girls de Blur. Le rendez-vous est fixé dans une petite rue, dans un bar ouvert rien que pour nous, décoré avec des posters des Stones, de King Kong ; bref, on n’est pas chez Starbucks. A notre arrivée, le groupe est au grand complet et on croit deviner comme un air de famille entre les membres. Normal. Le groupe est entre autre composé de deux paires de frères. Au début, il n’y avait que les frères Monsallier qui jouaient du folk en famille. Et puis il y a eu la rencontre avec les frères Valero, le jour de la rentrée scolaire. De l’aveu de tous, « ça change quelque chose de faire de la musique entre frères ». Quant à savoir quoi, difficile à dire. Est-ce ce lien sanguin qui donne aux refrains de Two Bunnies in Love ce petit quelque chose de chaud bouillant ? On cite les frères Asheton des Stooges, les frères Davis des Kinks, les frères Young d’AC/DC… et puis il y a cette fille élégante qui se cache dans un coin. Son visage me dit quelque chose, mais impossible de remettre son nom. « C’est Morgane, la chanteuse des Concrete Knives » me souffle Adrien. Le groupe nous apprend que Morgane, en voisine, va pour la première fois assurer les chœurs du morceau choisi, Do it on your own. Tout le monde s’installe.

Et on se prend une petite claque. La chanson jouée par le groupe fait trembler le comptoir, deux prises suffisent ; ça y est c’était la dernière session de notre tournée. Pause café pour l’interview. Pour paraphraser le morceau des Two Bunnies, faire les choses par soi même, c’est important ? Affirmatif répond Julien, le chanteur : « aujourd’hui t’as pas le choix pour sortir du lot, on n’est plus dans les années 80 où un mec pouvait investir un paquet d’argent sur toi. Maintenant faut vraiment arriver avec un projet bien gaulé, à 80% finalisé donc par définition t’es obligé de faire les choses par toi-même ». Adrien s’interroge sur le nom du groupe – normal on a vu dans les épisodes précédents à quel point il était fan des lapins – et pendant que le groupe répond – je n’ai pas gardé la réponse au montage, en guise de représailles – lui montre des photos de ses deux boules de poils à dents longues aux Two Bunnies in Love. C’est une sorte de point Godwin auquel on a envie de couper les deux oreilles. Le groupe a-t-il un dernier mot à ajouter ? « Les Two Bunnies in Love c’est un groupe à consommer dans la joie, sans modération ». On pouvait pas rêver mieux pour conclure. On dit au revoir au groupe, merci pour cette belle session, et on file à la gare d’Alençon pour déposer notre réalisateur préféré qui nous quitte avec ses 36 sacs de matériel, de jeux Megadrive achetés sur la route et autres petites pellicules Polaroid. Voilà, c’est fini.

La logique voudrait qu’on se quitte maintenant avec des phrases convenues type « cette tournée c’était que du bonheur » ou encore « 15 groupes rencontrés en 15 jours, merci le Ricard S.A Live pour ces instants magiques ». Tout cela est vrai, mais en fait l’histoire n’est pas encore terminée. Quelques heures après avoir rencontré les Two Bunnies in Love, alors qu’on croit en avoir fini avec les galères, surprise de taille en prenant des nouvelles de Rod via son Facebook :

Stupeur et tremblement, ça ressemble à un final de blockbuster ! On s’affaire, on s’affole, Rod vient non seulement de perdre son outil de travail, mais également le restant des sessions du Prix. Allons-nous devoir repartir sur la route en expliquant aux groupes qu’il faut retourner les sessions pas encore diffusées ? Et Rod va-t-il finir dans l’hôpital psychiatrique de Chambéry ? Branle bas de combat sur la toile, suspense digne d’un thriller. Alors qu’on s’est finalement écroulé de fatigue, Rod a finalement trouvé pendant la nuit une bonne âme qui a récupéré son sac dans le train, et qui se propose de lui ramener le lendemain. OUF. En l’espace de quelques heures, on a changé de couleur comme sur les montagnes russes en s’offrant au final un formidabe happy ending. Tout est bien qui finit bien. Comment on dit déjà dans les cartoons ? That’s all, folks. Rendez-vous le 29 janvier pour le dernier épisode de la saison, avec la réunion du jury qui nous mènera à l’annonce du grand lauréat le 5 février. Une chose est sûre : lui non plus, il ne l’aura pas volé sa victoire…

(PLUS OU MOINS) TROIS QUESTIONS EXPRESS À TWO BUNNIES IN LOVE

Qu’espérez-vous du prix Ricard S.A. Live 2014 ?

Two Bunnies in Love : Quand on a pris connaissance du tremplin, on a regardé le fonctionnement du prix, les groupes en présence, etc. Et on s’est dit que ça pourrait être intéressant de solliciter nos fans, car on le fait rarement, pour au moins tenter de passer le premier tour, parce qu’on avait notre carte à jouer pour passer le premier tour. Et ce qu’on attend, c’est le coup de pouce pour donner de la visibilité au groupe, à notre musique. Il nous semble que nos chansons peuvent toucher un public assez large.

Et hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?

Two Bunnies in Love : Même si on trouvait la sélection finaliste plutôt intelligente, on ne connaissait pas beaucoup de groupes. Du coup comme on a récemment été programmé avec eux et qu’on les a trouvé très sympa, avec des chansons bien ficelées, on voterait certainement pour les Olympia Fields.

Votre argument choc pour séduire le jury ?

Two Bunnies in Love : Notre chanson c’est le meilleur argument. En gros, nous on est en route et si on peut avoir un coup de pouce tant mieux, de toute façon et on va essayer de tracer.

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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