CINQ (BONS ?) CONSEILS POUR BIEN PREPARER 2016

Tuto

Au cas où vous n’auriez pas remarqué, nous sommes déjà en 2016. Plutôt que de vous souhaiter la bonne année – on l’a déjà fait non ? – et comme I Am Stramgram vient juste de remporter l’édition 2016, on a demandé à l’ami Bester de rédiger une petite fiche Bristol avec quelques conseils pour aider les 1094 autres groupes inscrits à transformer le « l’important c’est de participer » en « 2016 sera mon année ».

Ca ne vaut peut-être pas votre poids en chocolat ou l’intégrale des disques de Kanye West mimée à la bouche par Kendji Girac, mais les quelques lignes qui suivent vous permettront d’y voir plus clair sur la suite de votre carrière (ou pas).


APPRENEZ A VENDRE VOTRE MUSIQUE


Il ne vous aura pas échappé que l’époque est au Do It Yourself (DIY), et qu’une signature en label n’est plus obligatoire pour se faire connaître du grand public (#MerciMarcZuckerberg). A partir de là, apprendre à vendre votre musique ne signifie pas parcourir toutes les plages de France déguisé en vendeur de churros, mais apprendre à monétiser ce qui fait votre force : votre musique (bah oui, what else ?). Pour cela, il semble aujourd’hui indispensable (et urgent si ce n’est pas déjà fait) d’ouvrir un compte Bandcamp pour commercialiser vous-même vos albums, EP’s ou singles. A la différence d’iTunes (30% de commission sur chaque vente) ou de Soundcloud (cette plateforme payante où vous ne pouvez même pas vendre votre musique #BRAVO), Bandcamp ne touche que 15% des sur les ventes et dispose, en outre, d’un aspect communautaire pour que vos fans soient directement avertis dès qu’un nouveau morceau est disponible. Rajoutez à cela la possibilité d’également proposer votre merchandising ou vos vinyles, et vous tenez l’arme parfaite pour faire de votre album de reprises de Florent Pagny en version dubstep le prochain buzz du web (#OhWait).


EPLUCHER LES GUIDES DE FESTIVAL


On ne vous l’apprend pas non plus : l’industrie du disque est plutôt smiley triste en ce moment. Rare secteur qui ne soit pas encore pleinement touché par la crise économique, celui des festivals où, tous les ans, de jeunes artistes bénéficient encore d’une exposition et de conditions quasi uniques en Europe. Pour faire votre place sur les affiches de juin à aout – le moment fort des festivals en France – il est plus que l’heure de remonter vos manches pour contacter l’ensemble des programmateurs. Si les têtes d’affiche se bookent souvent plusieurs mois à l’avance, les groupes en développement – forcément moins chers que Louise Attaque – sont souvent confirmés tardivement. Ce qui, évidemment, vous laisse une petite chance d’être découvert par des festivaliers en sueur, voire repéré sur scène par les professionnels de la musique, toujours présents en festival.

Jean programmateur

Jean programmateur, ébloui devant votre talent

 


TROUVER UN MANAGER


Un mauvais manager, c’est comme un caillou dans la chaussure. Sans dire qu’il soit la pierre de votre édifice, il reste pourtant votre meilleur porte-parole. Celui qui va devoir se coltiner l’envoi des démos en maison de disques, les dossiers de subvention de 300 pages, le traitement relou des emails relou envoyés par des gens relou, c’est lui. Petite cheville ouvrière de votre entreprise, le manager est donc essentiel. Mais s’il s’avère incompétent ou uniquement attiré par l’argent, ça se complique un peu. Rémunéré dans la majorité des cas à hauteur de 15% de tous vos gains, il est tout en bas de l’échelle de la gloire. Beaucoup d’emmerdes, peu d’argent, un travail de développement qui peut parfois prendre plusieurs années avant de porter ses fruits ; autant de raisons qui empêchent les managers français de se professionnaliser comme les anglo-saxons. Conséquence de quoi, vous vous tapez le cousin Jean-Marc, réparateur de voiture au civil, qui bousille tous les soirs votre carrière avec un laptop sur les genoux en vous comparant publiquement à « un mélange aérien entre Cold play, Motley Crue et Kristine and the Queens ». Mieux vaut parfois être seul que mal accompagné.


FAITES GROSSIR VOTRE FAN CLUB


Cela ne veut évidemment pas dire qu’il faille gaver Brenda, votre fan de 16 ans, au Nutella. Non. En revanche, parvenir à faire grossir votre page Facebook et faire oublier le fait que votre communauté ne regroupe que 54 fans (dont votre mère), à l’heure du 2.0 ce n’est plus une élégance mais une nécessité. Vous ne serez évidemment jamais attaché de presse ni consultant expert en communication (avec barbe bien taillée et lunettes carrées, vous voyez le genre), n’empêche que votre musique, toute aussi géniale soit-elle, ne trouvera pas d’écho si un minimum de personnes ne deviennent pas vos ambassadeurs. Profitez des prochains mois pour peaufiner votre page Bandcamp, trouvez un manager capable de s’occuper de vos comptes Facebook, Twitter et Instagram et transformez une supposée faiblesse (« je n’ai pas de label, je dois tout faire tout seul et j’en ai marre ») en force (« je n’ai besoin de personne pour me faire connaître »). Evidemment, encore, vous pouvez continuer de regretter le bon vieux temps des années 60 où l’on n’avait pas besoin de cliquer sur un écran pour se faire aimer, ou crier à l’injustice face à la victoire du marketing sur l’artistique (oui bon ça va, arrêtez de crier), mais c’est comme ça. Bon alors, tu m’invites à aimer ta page ou bien ?


PREPARER VOTRE RENDEZ-VOUS EN LABEL


Un rendez-vous en maison de disques, c’est comme un entretien d’embauche, ça se prépare. A la différence que vous ne postulez pas pour un boulot parce qu’à priori, être musicien, ce n’est pas votre job, c’est votre vie. Evitez donc de vous mettre trop de pression lorsque Jean-Karim, directeur artistique d’une Major qui a « grave kiffé » votre démo après que vous l’ayez relancé 46 fois en 6 mois, se décide enfin à vous recevoir. C’est bête à dire, mais venez comme vous êtes (dixit Kurt Cobain). Rien de pire pour un groupe que de s’abaisser aux pires concessions (passer du métal hardcore au rock FM, virer votre pote d’enfance du groupe parce qu’il passe mal sur les photos) au prétexte que la gloire vous tend les bras. Dans 99% des cas, ça n’arrive pas ; et vous perdrez au passage le peu de crédibilité acquise en plusieurs années à cause d’un mauvais choix. Si être signé en maison de disques reste un passage quasi obligé pour se faire connaître, le premier rendez-vous est une partition qui se joue à plusieurs et non, vous n’êtes pas forcément celui qui doit séduire. Inversez le rapport de force : le groupe qui a 10.000 amis sur sa page, un compte Bandcamp qui fait plein d’euros tous les jours, plusieurs clips Youtube qui ont cartonné et un manager (vous savez, Jean-Marc) prêt à manger la moquette, maintenant c’est vous.

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

Voir ses articles