Comme vous l’avez certainement déjà lu partout et que son nom est déjà mentionné dans le titre de cet article, inutile de faire planer un grand mystère sur le nom du lauréat de l’édition 2016, qui succède ainsi à Two Bunnies in Love et F U Z E T A. Mais qui se cache donc derrière I Am Stramgram ? Où vit-il ? Quels sont ses réseaux ? Et pourquoi le jury, après 3000 kilomètres et trois semaines de tournée, a-t-il décidé de le choisir lui, et pas un autre ? Explications.

Commençons par un petit retour en arrière. Nous sommes le 8 janvier, il est déjà tard (10H30 du matin) mais encore beaucoup trop tôt lorsque nous arrivons, fatigués par la route, aux abords d’une ville (Cenon) qui porte mal son nom. Difficile d’imaginer, en découvrant l’architecture chelou du Rocher de Palmer, salle emblématique de la région, que nous tenons là le Lauréat de l’édition 2016. A première vue, il ne paye pas de mine. D’ailleurs je vous l’avoue, au départ je l’ai confondu avec son Manager, avec qui il partage un piquant sens de l’humour. Sur scène il y a déjà tout ce qu’il faut : une grande scène, une déco WTF, des instruments, des musiciens-amis invités pour l’occasion à faire des percussions et des blagues aussi. Le garçon dont il est ici question, c’est Vincent Jouffroy, soixante kilos tout mouillé, une guitare et un refrain qui, on ne le sait pas encore au moment où la camera tourne, restera en tête toute la journée.

Les révélations mettent parfois quelques heures à se dessiner, à l’image du dernier projet d’ I Am Stramgram : The Patchworkitsch Triptyque, sorti en décembre dernier. On ressent déjà une envie d’ailleurs qui fait directement penser à l’Amérique de Eels comme à celle de Sufjan Stevens. C’est à la fois beau et un peu étrange, un peu à côté, entendre par là : pas un énième sosie de Foals, Phoenix ou Christine and the Queens. Non. Son truc à lui, c’est la voltige; parvenir à rattraper ses mélodies en plein vol, au moment même où tu crois que ça va se casser la gueule. Bref. Plutôt que de vous infliger un abécédaire du I Am Stramgram pour les nuls, et parce que la route va encore être longue, voici les cinq choses indispensables à savoir sur celui qui devrait compter en 2016.


LES 5 CHOSES A SAVOIR SUR I AM STRAMGRAM


C’est un grand enfant (mais promis il est majeur) : Le nom du projet, dixit l’auteur, est un hommage à son enfance et, on l’imagine, aux illusions perdues. I Am Stramgram c’est plus facile à porter que Chapi Chapo ; mais Vincent dément toute référence à Instagram. « D’ailleurs mon projet était déjà là avant l’apparition de ce réseau social ». Voilà, c’est dit.

Il est schizophrène (voire plus) : De l’aveu de son entourage, Vincent a du mal à rester en place. Hyperactif au possible, la légende raconte même qu’il aurait eu jusqu’à… 9 groupes en même temps. Membre du collectif bordelais des Disques du Fennec avec déjà deux groupes reconnus (Girafes, My AnT), il n’aime pourtant pas la dispersion.

C’est un faux joyeux (ou l’inverse) : Il suffit d’écouter l’inédit offert pendant la session tournée pendant la finale du Prix (Eaten Alive, soit en français : mangé vivant) pour comprendre qu’on peut se brosser pour une reprise du Petit bonhomme en mousse de Patrick Sébastien. Ca n’empêche pas Vincent d’être muni d’un humour troisième degré assez jouissif. Amis journalistes, préparez bien vos questions (voir le point suivant).

Il aime être interviewé en slip (à fleurs) : A priori, c’est assez déstabilisant. Mais en vérité, ça l’est encore plus. Demandez lui d’être excentrique qu’il est déjà en train de faire l’avion, proposez-lui des stupidités, il est déjà loin. La preuve avec notre séance de questions-réponses qui le voit se dénuder pour nous « offrir » son sous-vêtement floral. Improbable.

Il aime faire les pâtes (okay, ça ne sert à rien) : Mais cette information dispensable nous permet tout de même d’en profiter pour préciser que son projet est déjà ardemment soutenu par la pépinière du Krakatoa et que Vincent considère ce projet comme un ensemble artistique multimédia où visuels, musiques et vidéos forment un grand tout indivisible (okay #2, ça n’a rien à voir avec les pâtes, mais je vous avais prévenu).

I_AM_Stramgram_Laureat_Prix_Ricard_SA_Live_Music

Maintenant munis des informations essentielles sur le Lauréat 2016, vous voilà prêts à bientôt le découvrir près de chez vous sur la prochaine tournée Ricard S.A Live Sessions (au printemps), en festival (cet été) ou sur disque (bientôt…). Autant d’occasions de vous convaincre que I Am Stramgram ne ressemble décidément à aucun autre groupe : « Mon objectif pour 2016, ce sera d’abord de jouer et profiter un maximum de cette victoire nous confiait-il voilà quelques jours, tout en continuant de réfléchir, de créer, de passer du bon temps avec les copains, regarder des séries, revoir Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, Chihiro et Il Était Une Fois En Amérique pour la 800ème fois, lire des livres et les infos, caresser mon chat, admirer le boulot de ma meuf, glander au soleil, faire plus d’exercice, boire des cafés en terrasse dans le froid, prendre le train le casque sur les oreilles, avoir plus de dinosaures dans mon salon et plein d’autres trucs… ». Pour toutes ces raisons un peu capillotractées [tirées par les cheveux, NDR] et parce que ses chansons foutent les poils, il est donc aujourd’hui l’indiscutable gagnant d’un Prix qui aura vu 1095 groupes se disputer, avec talent, la victoire. Chapeau l’artiste, on se revoit très vite sur la route.