Les Francofolies de la Rochelle, jour #2

Live report

Etat des lieux au matin du jour 2 des Francofolies de La Rochelle : Sur la plage abandonnée (ohé, ohé) Swann et La Blonde se refont une santé après une première journée riche en émotions.

Un passage par la plage et ça repart, direction les festivités. Au programme : de  joyeuses retrouvailles, de jolies découvertes, des artistes confirmés et de jeunes talents. C’est parti!

(Comme toujours  le billet est écrit  à quatre mains, NotSoBlonde signe en rouge, Swann en bleu)

Elephant

« D’habitude on fait des chansons de stades, mais pas ce matin ». Eclats de rire général. Ils sont marrant les deux jeunes et très beaux membres d’Elephant. Une fille et un garçon, une guitare, une boite à rythmes, deux voix dans une salle de danse nichée dans une chapelle. C’est assez sympa comme cadre. Pourtant je ne partais pas en terrain conquis à leur sujet : je n’étais pas trop séduite le premier soir par Elephant. Mais, jouer en inter-plateaux devant des gens qui montent la scène et tenter d’attirer l’attention du public ce n’est pas évident. La formule acoustique dans une Chapelle (Fromentin, en l’espèce) leur convenait dix fois mieux. De fait, j’ai été séduite par la fraicheur pop de Lisa et François. Ce qui est marrant avec le duo c’est la facilité déconcertante qu’ils ont à se mettre le public dans la poche. Il leur a fallu peut-être deux titres pour attirer la sympathie toute entière de la salle archi sold out. Le duo complice et rieur interagit souvent avec les gens, raconte des blagues et rie de ses propres bêtises : un sifflement raté, un pain dans les paroles. Mais, qu’importe. Dans la joie et la bonne humeur Eléphant parcourt les titres de son premier album : de « Danse, danse, danse » à « Collective Mon Amour ».

Rose

 

Tous les matins pendant le festival des Francofolies sont organisées « les folies matinales » à la chapelle Fromentin. Outre le fait que le site mérite le détour, la programmation ménage de bien jolies surprises. Pour la première, c’est  Elephant et Rose que les programmateurs ont décidé de nous faire découvrir dans ce site si particulier.

Lorsque Rose s’installe , elle remercie le public de s’être levé si tôt pour venir l’écouter  « c’est courageux de vous être levé tôt pour moi, je ne sais pas si je l’aurais fait pour vous. Ah mais attendez en fait je l’ai fait puisque je suis là, donc ça veut sans doute dire que je suis une fille bien » plaisante-t’elle.

Et oui, assister à un concert de Rose, c’est venir écouter en live ses chansons mais aussi découvrir une jeune femme drôle et touchante.

Qui s’extasie devant la beauté de l’endroit.

Qui plaisante à tout va comme lorsqu’elle évoque son ambition de transformer son public en chorale éphémère « Excusez-moi mais je suis allée voir Bruel hier d’où le fantasme. De vous faire chanter, hein. Pas Patrick, le fantasme ».

Pendant qu’elle s’accorde entre deux morceaux elle offre à ses musiciens l’occasion de prendre la parole ce qui nous vaudra quelques jolis instants à base de « Place des grands hommes »  joué au clavecin et de mises au point sommaires concernant l’architecture rochelaise ou le manque de sérieux des politiciens locaux lorsqu’il s’agit de tenir leurs promesses (Ségolène, si tu lis ces lignes…)

Rose interprète des chansons souvent mélancoliques mais ne s’arrête jamais de plaisanter doucement. Pour lancer « et puis juin », elle commence par exemple par faire une démonstration de clapping et se met à chanter un « oh happy days » qui se termine dans un éclat de rire (« excusez-moi, je sais pas ce qui m’a pris » s’excuse-t’elle, hilare).

Si ce sont essentiellement (en toute logique) des titres de son dernier album « et puis juin » que Rose a interprété, on a aussi pu entendre quelques morceaux de ses précédents opus (« sombre con, la liste, ciao bella… » ) que le public, visiblement constitué de fans, a repris avec une ferveur qui faisait plaisir à voir.

Ce concert de Rose dans un cadre aussi somptueux que la chapelle Fromentin fut un beau moment d’émotions mêlées. De mélancolie joyeuse. De larmes qui montent suivies de rires partagés. L’occasion de découvrir une jolie personnalité, derrière le travail de l’artiste.

Granville

Granville fait partie de la sélection du chantier des Francofolies 2013 et, à ce titre, le groupe s’est produit hier au théâtre Verdière dans le cadre des concerts « premières Francos avec l’ADAMI ». C’est devant une salle comble que les normands ont joué leur pop légère et rétro.  Esquissant des pas de danse sur la scène, les musiciens ont enchaîné les titres dont leur fameux « Jersey », devant un public enthousiaste.

Aline

 

Aline comme son nom ne l’indique pas, est un groupe exclusivement masculin. Présent au théâtre Verdière dans le cadre des Premières Francos, Aline, avec ses chansons pop aux accents rock, a fait souffler un vent de nostalgie ouatée sur La Coursive hier devant un public enjoué.

FI/SHE/S

 

Ça se prononce fishiiz. Poissons en anglais quoi. Et ils avaient l’air d’être comme des poissons dans l’eau sur la scène de l’horloge rouge. Ok le jeu de mot est simpliste, mais c’est vraiment vrai. FI/SHE/S c’est cinq mecs issus de divers horizons mais réunis sous la bannière d’une seule et même passion : la musique. Ils commencent à jouer ensemble alors qu’ils avaient à peine vingt ans. Aujourd’hui ils sont un tout petit peu plus vieux et déjà on se dit que ces mecs-là marchent sur les pas de Local Natives ou Animal Collective. Nappes électroniques, arrangements d’orfèvre, harmonies vaporeuses, il y a quelque chose dans ce groupe qui attire inexorablement l’oreille. On aime aussi quand les garçons osent l’exercice de la reprise, du Pink Floyd. Réussi.  

Colours In The Street

« Ils sont tous jeunes, ils ont passé leur bac l’année dernière ». Ah Ouai. Déjà tu entends ça de la bouche du Boss, ça te calme. Et quand tu les vois en live t’as encore plus de respect pour eux.  Colours in The Street pourrait être la bande de musiciens de ton petit frère. Des mecs de 19 ans. Des mecs avec de la fougue, de l’énergie à revendre, une joie de vivre et une bonne humeur communicative (certains devraient prendre exemple sur eux, non non je ne balancerai pas de noms). Et surtout, ils ont une collection de tubes imparables. Bref, tu te dis en les voyant : ces petits seront des futurs grands. Très Grands. En vrai, ils étaient très attendus sur la scène de l’horloge rouge, c’est sous un tonnerre d’applaudissement qu’ils ont commencé leur set, des applaudissements qui n’ont fait que grandir tout au long de leur concert. C’est simple à la fin tout le monde avait les bras en l’air.

Laurent Lamarca

Le Little Rimbaud de la chanson française a une histoire particulière avec les Francos. Artiste du chantier en 2011, Laurent Lamarca y revient chaque année depuis. Cette année, quand il ne chante pas dans un appartement, il joue sur la scène de l’Horloge Rouge, et comme toujours le charme opère. Qu’il chante « Belleville », « J’ai laissé derrière moi » ou encore « Garçon Sauvage », on craque pour le timbre de voix délicat, pour le sourire qui illumine le visage de tous les musiciens, pour la beauté des textes sincères et touchants. Le public est conquis. Moi aussi. Son E.P est sorti, mais l’album tarde à venir, normalement il devrait arriver en septembre. Stay tuned.

 

Orelsan

 

 

« La Rochelle vous êtes là ? Parce que nous on est là et on va foutre le bordel !» a annoncé Orelsan en arrivant sur la scène de Saint Jean d’Acre et il n’a pas menti.

Après la polémique qui a suivi sa déprogrammation du festival en 2009 à cause de son très controversé « sale pute », Orelsan et les Francofolies : tout le monde pensait que c’était fini.

Il était d’ailleurs allé jusqu’à écrire, dans « 2010 », un des titres de son dernier album « le chant des sirènes » : « Tu m’verras pas aux Francofolies mais tu peux m’trouver chez le psy en train de discuter de ma transophobie »

Comme il l’a annoncé hier, toutes ces embrouilles, c’est de l’histoire ancienne : « Merci au festival de nous avoir accueillis. On a mis du temps à s’entendre mais on a fini par s’entendre alors c’est cool! »

On craignait un peu qu’il n’évoque le problème sur scène mais il a eu l’élégance de ne pas se fourvoyer dans un discours revanchard.

En fin de concert cependant, on a frémi en pensant que « c’était le moment » alors qu’il annonçait « C’est un jour spécial pour moi » (silence). Mais il a poursuivi ainsi : « Oui, aujourd’hui c’est l’anniversaire de mon papa alors je voudrais qu’on lui souhaite tous un bon anniversaire. Il s’appelle Pascal »

Et le public d’entonner un chant choral en l’honneur de Pascal.

Improbable moment qu’Orelsan saluera par un « Merci. C’était chouette. C’était un peu bizarre aussi mais c’était chouette ! »

Arrivé sur scène couvert par une capuche comme à son habitude, il ne tarde pas à tomber le masque pour faire face à un public surexcité qui bouge avec lui.

Les titres s’enchainent et on découvre au fil de la setlist , étonné, des passages électro-dansants qui transforment l’espace d’un instant Saint Jean d’Acre en dancefloor géant.

Orelsan a dévoilé hier deux titres des casseurs flowters -le projet dans lequel il est associé à Gringe- dont « bloqué » qui tourne déjà depuis quelques jours ainsi qu’un inédit.

Pour l’occasion il a été rejoint sur scène par Disiz.

Grosse ambiance.

Le concert s’arrête sur la détonation finale de « suicide social », façon uppercut.

Joli.

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