Les Francofolies de la Rochelle 2013, jour #1

Live report

On prend les mêmes et on recommence ? Comme l’année dernière les blogueuses La Blonde et Swann jouent les reporters de terrain à la Rochelle. On repart sur les mêmes bases : des billets écrits à quatre mains, NotSoBlonde signe en rouge, Swann en bleu. C’est parti.

Bastien Baker 


Il avait la lourde tâche d’ouvrir l’édition 2013 des Francofolies de la Rochelle: Bastien Baker, jeune suisse prometteur, petit protégé de Gérard Pont, le manitou absolu du festival. Devant un Saint Jean d’Acre clairsemé, le jeune pop-folkeux n’est pas impressionné. Au contraire, il est aussi à l’aise sur scène qu’un poisson dans l’océan. Il balance ses titres dansants et légers devant un public totalement conquis. Les minettes du premier rang l’adorent et fondent devant le sourire ravageur du jeune homme. En même temps, le Suisse sait qu’il est plutôt beau gosse et mise à fond sur la carte lover mais le lover des plages (tu sais, celui qui va te chanter des chansons en tong, à la guitare sur le sable, au bord de l’eau… Oui, c’est cliché)… La pop sucrée mignonnette de Bastian c’est sympa mais pas très longtemps… perso, j’ai perdu quelques points d’audition tellement les donzelles hurlaient « Bastiaaaaaaaaaaaaaan » très fort dans mes oreilles.

Benjamin Clementine

Benjamin Clementine est un musicien londonien repéré récemment dans le métro parisien qui s’est fait connaître avec deux titres imparables : Cornerstone et London. Deux morceaux intenses dont on brûlait d’entendre la version live. Hier, le public du théâtre Verdière a pu découvrir cet artiste et il y a fort à parier que la plupart de ceux qui étaient présents s’en souviendront longtemps. Car Benjamin Clementine n’est pas de ces artistes qu’on oublie. Il entre en scène en restant silencieux un moment, pieds nus, puis s’installe au piano. Dès que sa voix retentit, le public retient son souffle. C’est qu’elle semble venir de loin cette voix, caverneuse et pourtant enveloppante, chaleureuse et puissante. Benjamin fait son entrée sur scène comme un boxeur entre sur le ring et la quitte en laissant le public KO.

Là où certains se contentent de poser des mots sur des notes, Benjamin Clementine raconte des histoires, se plaisant à incarner ses propres personnages.

Regard perçant, visage expressif, ses traits se tendent, ses muscles saillent au rythme de sa scansion, suivant la musique des mots qu’il profère.

Complètement bouleversant, il est de ces artistes qui savent capter l’attention du public dès les premières secondes et maintiennent tout au long du concert une tension palpable, jouant leurs morceaux comme s’ils jouaient leur vie.

Des concerts de la qualité de celui auquel le public des Francofolies a pu assister hier avec Benjamin Clementine sont rares. Et précieux.

Emily Loizeau

Il était initialement prévu qu’Emily Loizeau reprenne Jacques Demy faisant ainsi écho à l’exposition parisienne qui se tient actuellement et jusqu’au 30 juillet à la cinémathèque française mais ce projet a dû être abandonné pour la jolie raison que le public du théâtre Verdière a pu découvrir hier soir : En effet, Emily arborait une mine radieuse et un joli ventre bien rond qui signait l’arrivée imminente d’un joli bébé qu’elle ne va pas tarder à « expulser » (sic), comme elle en plaisantait gaiement hier avec ses musiciens. Ajoutant qu’elle aimait déjà beaucoup cet enfant même s’il la poussait à mettre un terme prématuré à sa tournée et mettait donc tout le joli petit monde réuni autour d’elle hier soir au chômage.

Le concert fut un beau moment de partage, un instant poétique,  un voyage parmi les grands espaces, peuplés d’animaux sauvages.

Joli moment quand, prenant l’accordéon, elle rayonne, plaisantant encore de la difficulté de la chose lorsqu’on a « un peu grossi du ventre ».

Benjamin Clementine et Emily Loizeau ont permis d’ouvrir la série de concerts à la Coursive hier soir avec une programmation haut de gamme. Magnifique soirée.

Elisa Jo 

Avant de débarquer devant la scène de l’Horloge Rouge, on entend une voix. Une voix puissante et éraillée, qui ressemble à s’y méprendre à celle de l’Anglaise Adèle. Mais, il s’agit d’Elisa Jo. Une jeune rennaise que Benjamin Biolay a pris sous son aile. Si B.B s’est épris de la jeune fille c’est qu’elle a du talent. Son titre Defeated est à fendre n’importe quel coeur, mais loin d’elle l’envie de plomber l’ambiance festive des Francos. Elle s’amuse à varier les styles, mélange les rythmes, naviguent entre le funk et la soul, la pop et le folk. Certains penseront peut-être à Selah Sue par moment. Disons simplement qu’Elisa Jo est nourrie d’influences multiples et qu’il y en a pour tous les gouts. Pour le point fille : je suis jalouse de sa crinière toute en boucle ultra parfaite. Mais c’est une autre histoire.

Raphael

Ne partez pas. Je vous assure que c’était très bien. Raphael a bien des détracteurs, mais ce soir, parole de moi, il a assuré. 1. Il était en forme 2. Il ne s’est pas trompé dans les lyrics 3. Il a chanté juste sur tout le long… Et il y a quelques années, c’était pas gagné. C’était l’unique concert du chanteur, il défendait « Super Welter », l’étrange dernier  album produit par The Shoes, qui rend quand même mieux en live qu’en studio. Il a aussi ponctué son set de nouvelles (« Manager », « Mariachi blues ») et vieilles chansons, (« Et dans 150 ans », « Caravane », « Je Sais Que la Terre est Plate », « Chanson à Patrick Dewaere » etc). La voix est posée et sensuelle. Étrangement elle descend dans les tons plus graves qu’auparavant. Ceux qui trouvaient son timbre irritant et nasillard seront surpris d’entendre le changement. Je sais que nombre d’entre vous vont éclater de rire à la lecture de mes mots et certainement me ranger dans la case « goûts musicaux douteux », mais j’assume. Le concert était plaisant. Raphael a fait le boulot et bien. Même qu’il donnait l’impression d’être heureux d’être là ! 

Elephant

Après le concert de Raphael et de Cali (auquel je n’ai pas pu assister, étant au théâtre Verdière à ce moment là), le changement de plateau sur la grande scène de Saint Jean d’Acre a été réservé à un mini set d’Elephant, artiste du chantier des Francos, petite surprise réservée par les organisateurs au public qui attendait Patrick Bruel.

 C’est Cali justement qui a pour rôle de les présenter, lui qui est issu du chantier des Francos comme il se plait à le rappeler à l’occasion (cru 2001). Il les annonce comme un groupe qu’il aime beaucoup et qui a pour habitude d’ouvrir les concerts du jeune homme qui suivra (Patrick Bruel, donc).

Quelques titres seulement (« Danse, danse » , « tu vois, tu vois, tu vois » et  « Collective mon amour ») qui suffisent pour faire preuve de la jovialité et du dynamisme qui caractérisent le groupe sur scène.

Tout sourire malgré l’épreuve impressionnante que doit représenter le fait de se tenir devant une foule immense qui n’est pas venue pour soi, Lisa et François semblent à l’aise et le public adhère. Bel intermède musical.

Patrick Bruel

On a beau être prévenu, rien à faire, quand on assiste à un live de Patrick Bruel, il est impossible de ne pas se laisser emporter. Déjà parce qu’on connaît forcément au moins quelques uns de ses titres et qu’on se laisse vite gagner par la ferveur ambiante tant son public est fougueux. Hier soir, ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement, les fans de Patrick Bruel et ils ont assuré une ambiance incandescente d’un bout à l’autre du concert.

Alors que souvent les « tubes » arrivent en fin de set,  ici, dès les premiers morceaux, Patrick Bruel mélange ses titres récents et ses « standards » , permettant de faire monter la température d’un cran dès les 5 premières minutes. Malin !

Arborant un sourire sincère constamment, il échange avec son public et prend le temps de présenter certains de ses titres, créant à l’occasion une ambiance intimiste plutôt inattendue sur ce genre de grande scène.

 Afin de satisfaire son public malgré une setlist nécessairement réduite en festival, il a préparé un medley de certains de ses tubes, souvent réarrangés, ménageant quelques surprises ici et là. Sympa.

Sur « Mon amant de Saint Jean » il réussit même le pari fou de faire se lever tout le public des gradins et de faire danser l’immense foule réunie sur la place Saint Jean d’Acre. Impressionnant.

 Bien entendu le concert s’achèvera sur « Casser la voix » un tube imparable qui met un point final à cette belle première journée du festival des Francofolies 2013.

A demain.