GAROROCK 2016 – Jour 3

Festival

Garorock, un festival qui se mérite. Les chochottes sont priées d’aller directement à la sortie. Et à 40 balais, il semblerait que mon organisme commence à activer ce gène latent de chochottise. Ces jeunes sont inépuisables. Que ce soit au camping, devant Deluxe ou encore M83, ils puisent, s’épuisent, mais ne lâchent rien. Ce samedi était le pic record de fréquentation du festival (40 000), et même si je n’ai quasiment rien aimé – vieux con, va – niveau ambiance, c’était vraiment fantastique.

Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice

Tout commence cette fois-ci au camping. Que l’on pourrait nommer de Garorock alternatif, tant le petit village semble totalement déconnecté de ce qui se passe devant les grandes scènes. Ici on joue au foot, au bilboquet, on lit, on mange énormément – surtout des burgers super fat – ou on danse sur de l’électro 100% acouphènes garanties. Pour être honnête, si je devais choisir, et si ma misanthropie n’était pas aussi élevée, l’option camping et ce côté décalé me plairait plus que tout.

Mais il est déjà temps de commencer les lives, avec MHD, véritable phénomène hip-hop du moment. Le jeune homme, né là où j’ai obtenu mon bac B, a foutu le feu à la scène Trec. Rage, fougue et interludes WTF au rendez-vous, un public chaud patate. En guise d’entrée, on est plutôt bien.

 

MHD / Photo : Rod Maurice
MHD / Photo : Rod Maurice

J’aurais aimé à l’instar de mon boss Adrien parti faire un petit tour du monde durant cette année écrire des pamphlets dithyrambiques sur Odezenne. Qu’il m’a souvent vendu comme l’un des meilleurs groupes hip-hop du moment. Alors je ne sais pas si le trublion MHD résonnait encore dans mon esprit, mais j’ai totalement été impassible devant leur live. En revanche, côté kids, on surpasse l’ambiance du précédent concert, j’en déduis donc que le problème vient de moi. Peut-être à tester hors festival. Ma première déception (qui est loin d’être la dernière).

 

Odezenne / Photo : Rod Maurice
Odezenne / Photo : Rod Maurice

Deluxe est un cas typique qui met en évidence ma schizophrénie musicale : je n’aime rien du groupe, ni les postures, ni les pas de danse ultra trop calés pour être honnêtes, ni les costumes, ni les textes, ni rien. MAIS. A chaque fois que je les vois, je remue mon gros fessier de pachyderme parce que leurs chansons sont ultra catchy. A chaque fois que les vois, j’ai le sourire aux lèvres car l’approche résolument joyeuse de leur musique procure une vraie sensation de bonheur. A chaque fois que les vois, je ne peux pas m’empêcher de regarder des milliers de gamins se sentir vivants comme jamais. Du coup, Deluxe est certainement un putain de groupe, qui n’a plus besoin de faire ses preuves, mais qui me répulse autant qu’il m’attire. Quoiqu’il en soit, niveau ambiance, LE big winner du festival, et de très très très très loin. Franchement c’était plus que fou, c’était ARCHI dingue. Mais il fallait y être, ce genre d’euphorie de masse ne peut s’expliquer avec des mots.

 

Deluxe / Photo : Rod Maurice
Deluxe / Photo : Rod Maurice

COUP DE COEUR DU JOUR. Et pas des moindres, s’il vous plait. Ce n’était pas gagné car la fatigue étant désormais bien installée, j’y suis allé à contre courant tel un saumon programmé génétiquement pour remonter les rivières … mais quel plaisir de voir ses efforts récompensés lorsque l’on découvre des groupes aussi merveilleux que Unknown Mortal Orchestra. Ici pas de tagada tsouin tsouin. C’est riche, c’est beau, c’est LIVE. Véritable metling pot musical, empruntant rythmes et grooves dans toutes les influences possibles et imaginables, l’évasion est totale. Le soleil couchant vient transperser la scène du Trec, apportant une touche mystique en parfaite adéquation avec l’atmosphère dégagée des compos. Un set impeccable, maîtrise … mais TROP COURT ! 40 au lieu des 50 initialement prévus. il faut dire que les Américains ne sont pas du genre à tailler la bavette entre les titres, et enchaînent comme sur un CD. Un titre pour te convaincre ? Can’t Keep Checking My Phone. Voilà, ne me remercie pas, c’est kdo.

 

Unknown Mortal Orchestra / Photo : Rod Maurice
Unknown Mortal Orchestra / Photo : Rod Maurice

M83 squattait pour le bonheur de tous la plus grande des scènes, et son show fut à la hauteur de la réputation du bonhomme : magistral, classe, harmonieux. Voilà.

Mais autant s’arrêter sur le deuxième coup de coeur du jour – complètement frappadingue ! 2 coups de coeur la même journée, une générosité légendaire qui me perdra. Cette-fois, on oublie les compos léchées, les harmonies soignées, les voix travaillées. Avec The Staves, on prend deux mecs qui débarquent sur scène à vélo, un kit batterie ultra minimaliste, une basse sous distorsion tellement grasse qu’Anathasia (Pulling Teeth) de feu Cliff Burton semble être joué à la mandoline, des voix totalement poussées dans leur retranchement, des postures de rockeur aussi ringardes que badass … on mélange le tout et on obtient un concert de maboule. Mais vraiment. 0 solo, 0 bridge, 0 titre de plus de 4mn. C’est brut de coffrage, et c’est franchement bon. C’est ça un concert bordel. Foutez tous les chichis à la poubelle, il n’y a rien de mieux que ce genre de duos pour remettre les pendules à l’heure. GaroROCK. ROCK. R-O-C-K.

Switch dans la foulée sur la scène Garonne où le duo Ratatat, version musclée d’Air boostée aux riffs jeu vidéo 90’s, a mis le feu à Marmande. Autant j’avais trouvé leur prestation totalement dénuée d’intérêt et de vie à la Route du Rock l’an passé, autant là … c’était résolument rock sur scène. Une différence d’implication qui a littéralement changé mon point de vue sur le groupe – en même temps, juger un groupe sur un seul concert, qui plus est en festival … faut déjà pas être super malin. Ravi d’avoir pu les revoir, me voilà réconcilié. Merci Marmande. Merci la vie.

 

Ratatat / Photo : Rod Maurice
Ratatat / Photo : Rod Maurice

Retour à la scène Trec pour un show stroboscopique de The Shoes. En l’espace de 6 ans, le duo lillois – devenu quator pour le live – a réussi à imposer son électro pop 100% tubes. Voilà.

 

The Shoes / Photo : Rod Maurice
The Shoes / Photo : Rod Maurice

Une énorme pause me permettra de gagner énormément de calories, et ce n’est pas les festivaliers ayant osé tester la friterie « MOMO » qui pourront me contredire. Ici les barquettes ne font pas 100 ou 200 grammes, autant pousser les curseurs à fond. Les frites c’est déjà le mal. Mais ton poids en frites, c’est vraiment très très mal. Néanmoins, impossible de ne pas se restaurer, le site du festival, bien que relativement petit, est très épuisant à cause du ratio superficie / nombre de festivaliers. Et en ces débuts d’heures tardives, beaucoup de jambes commencent à se sentir très lourdes.

Et on finit la destruction des cellules ciliées internes restantes avec le phénomène Thylacine. Sur une scène totalement prévue pour le mapping à outrance, celui qui a emprunté son nom à un loup bizarroïde de Tazmanie m’a juste bluffé. Faisant parti de cette vague récente qui mélange habilement électro raffinée avec sons rencontrés lors de voyages (on pense notamment à Fakear ou Straybird), le cas Thylacine se distingue néanmoins par une approche encore plus travaillée. N’hésitant pas, histoire de mettre les pendules à l’heure, à mixer tout en jouant du saxophone en même temps. Le travail mapping est incroyablement bien foutu (bravo à Laetitia Bely, qui gère ces véritables tableaux vivants), permettant une immersion immédiate et résolument addictive. Bref, pas loin d’être mon 3e coup de coeur de la journée, mais mon quota était déjà atteint. Très très belle prestation.

 

Thylacine / Photo : Rod Maurice
Thylacine / Photo : Rod Maurice

Et ce n’est pas sans une certaine joie – celle de la délivrance, celle de la liberté – que nous rejoignons sur le parking du Mutant prochainement détruit notre RSALM pour rejoindre Verdelais, situé précisément à 52,4km du festival … oui oui. Pour vous ramener des images et écrire des textes aussi inspirés qu’une aventure de Pim Pam Poom, 100km par jour histoire de bien repousser nos limites.

A demain pour le dernier jour. J’en peux plus Bernard. J’en peux plus.

À propos de l'auteur :
Rod

Fondateur du site du Hiboo reconnu pour la qualité de ses sessions acoustiques filmées, Rod est non seulement l'un des photographes / vidéastes de référence dans l'hexagone, mais aussi le Martin Scorsese des sessions Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2010.

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