GAROROCK 2016 – Jour 2

Festival

Deuxième jour. Aller plus haut, comme disait la célèbre chanteuse Tina Arena. Si le festival semblait avoir commencé directement en apothéose avec les bankable Muse, il semblerait qu’une autre population, plus jeune, plus fofolle, ait décidé de s’approprier les lieux le jour suivant. Et du coup, niveau ambiance, ça a changé pas mal la donne.

 

Après s’être sustenté dans le meilleur restaurant du monde (je te révèle un scoop illuminati : le grand M jaune, c’est pour MEILLEUR), après avoir attendu une plombe – inexplicable ? – pour l’ouverture des grilles (les plus impatients n’hésitant pas à hurler « THE KING OF THE NORTH »), les premières sonorités donnent le ton de la journée, qui sera – hormis les rouleaux compresseurs The Kills – sous le signe de l’électro. Et autant ne pas faire les choses à moitié, et commencer directement avec l’un des plus fougueux, l’un des plus imprévisibles maestros du genre, que sappellerio Flavien Berger.

 

Déjà vu il y a quelques temps à la Route du Rock Hiver, Flavien pourrait être considéré comme la chainon manquant entre Philippe Katerine et les plus sérieux DJs existant sur cette planète. Sous ses airs décontractés, sous sa jovialité aware, se cache un monstrueux mélomane, créateur et bidouilleur de sons en temps réel, servi par une présence scénique foutrement simple mais efficace. Cerise sur le gâteau, le monsieur assure grave lorsqu’il s’agit d’arpenter des tonalités aigues en voix de tête (assure grave / voix de tête … c’est k-do). Les kids sont déjà à fond dans le voyage proposé par le chevelu charismatique, et l’on se demande comment ces petits enfants de Dame Nature vont réussir à tenir une journée / soirée / nuit entière si dès les premières minutes, ils sont dans leur tête au niveau 11 Spinal Tap.

Flavien Berger / Photo : Rod Maurice

La musique, c’est bien. Les kids, c’est bien. Mais Garorock, c’est aussi un petit village, certes moins impressionnant que le Hellfest qui pousse le bouchon très très très loin, mais il y a malgré tout des animations qui permettent d’échapper de temps à autre aux déluges incessants de décibels. Ainsi, parmi les activités proposées, nous avons les très intellectuelles mais éprouvées auto tamponneuses, le truc de patate de forain où quand tu veux montrer à tes potes que tu frappes comme Rocky Balboa, tu te casses le poignet contre le punching ball. Non loin de ces friandises, la visite d’une sorte de maison fantôme. Mais le kif ultime est assurément la possibilité de mettre une wing suit et de « voler » (mais attaché hein). Du coup, plein de foufous qui n’ont pas froid aux yeux (et pas peur du vide) se transforment le temps de quelques minutes en cerf-volant. Toujours un truc sympa à rajouter dans son CV dans la catégorie « passion ».

Retour aux concerts. La folie monte d’un cran puisque Naive New Beaters s’empare de la scène Garonne pour faire chalouper le public. Et la très bonne idée du groupe a été de s’adjoindre les services de 2 musiciennes supplémentaires (batterie et basse/chant/clavier) : ainsi, tous les titres se voient conférer une dimension bien plus live que dans le passé. Plus percussif, plus incisif, mais toujours autant décalé et drôle, NNBS est une machine de guerre où aucun temps mort n’est accordé. David Boring, véritable one showman, emmène là où bon lui semble les milliers de personnes devant lui. Chez RSALM on est assez fan d’eux depuis très longtemps, et pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, il est temps de réparer cette erreur. Il est possible qu’à la première écoute, tu ne comprennes pas. Ni à la deuxième. Et pour les plus bloqués, peut-être que la 100ème sera toujours synonyme d’incompréhension. Mais insiste, et tu percevras dès lors le côté génial de tout cet univers à la fois fantasque mais également riche et raffiné. Trust me.

 

Naive New Beaters / Photo : Rod Maurice
Naive New Beaters / Photo : Rod Maurice

Pourquoi s’arrêter alors qu’on peut encore se prendre une mega grosse claque dans la tronche ? Las Aves, on en entend beaucoup parler. Mais il était temps de les rencontrer pour savoir où commençait la hype, et où s’arrêtait la légende urbaine. Soyons clair et net, sans concession : Las Aves, ça poutre sa race, ton poney, le chien de tes voisins, et potentiellement, tous les gamins présents devant la scène Trec. Les oreilles les plus aiguisées ne pourront s’empêcher de retrouver ci et là quelques indices laissés par Dan Levy, l’une des deux têtes du magique duo The Do. Certains sons, certains accroches sonnent The Do. Mais il vaut mieux sonner comme l’un des meilleurs groupes français que Richard Cleyderman, right ? (no offense, quoique). Ce qui est surtout le plus impressionnant, c’est de se dire que dans Las Aves, il y a les Ex Dodoz, qui à l’époque, faisaient du rock. Peu de groupes sont à la fois capables de se remettre en question, mais surtout, d’oser des virages radicaux quant à leur identité musicale (on peut encore reciter The Do, incapable de faire 2 fois le même album, mais plus récemment, on peut également se rappeler de Hyphen Hyphen, qui lorgnait vers le punk, et qui désormais se retrouve à jouer une musique electro rock ultra produite : un pari osé, mais gagnant). Si on pouvait résumer Las Aves : super présence scénique, putains de refrains / hymnes d’une puissance phénoménale, un son ultra maîtrisé … et pour résumer encore plus : l’un des coups de coeur de la journée, tout simplement.

 

Las Aves / Photo : Rod Maurice
Las Aves / Photo : Rod Maurice

Retour aux grandes scènes, avec une petite artiste qui en l’espace d’un an, est passée d’anonyme à superstar phénomène : elle répond au doux patronyme de Jain. Et ce qui s’est passé durant les premières minutes en dit long sur le destin qui attend le bout de femme. On sent avant même son arrivée une véritable maîtrise de son environnement. Par la suite, cette sensation de maîtrise se confirmera. On a à faire à une perfectionniste quasi pathologique – il faut dire qu’elle est seule sur scène, véritable prodige du loop. Alors, quand Jain se retrouve face à un événement inattendu, impossible pour elle de contrôler, elle en perd un peu ses moyens. Ce petit grain de sable dans ses engrenages cognitifs parfaitement huilé, c’est le public. Ou plutôt, SON public. Ces milliers de personnes venues la voir. Juste elle. Que pour elle. A hurler son nom durant des minutes. A l’applaudir si fort qu’elle ne peut plus s’entendre. Elle finit par sourire, par rire. Et quand tu vois une carapace d’artiste tomber – ça arrive rarement, j’veux dire, en VRAI, pas comme Céline Dion – tu te sens aussi touché qu’elle (enfin pour ma part). Une fois les clameurs canalisées, la petite tornade aux cheveux bien ordonnés va offrir tout simplement une prestation époustouflante. Aucun faux pas, aucune fausse intention. Elle y croit à ses histoires, et son authenticité. Et du coup, c’est la fête au village. Marmande scande son nom. A juste raison. C’était bien classe.

 

Jain / Photo : Rod Maurice
Jain / Photo : Rod Maurice

J’éviterai d’écrire quoi que ce soit sur Glass Animals. Peut-être que Jain m’avait lessivé le cortex. Peut-être que je n’étais pas dans un mood rock après autant de groupes à couleur électro. Ou peut-être aussi que le groupe m’est apparu comme mauvais. La vérité n’étant qu’une histoire de point de vue … les fans, manifestez-vous, et dites moi pourquoi vous avez aimé :)

 

Glass Animals / Photo : Rod Maurice
Glass Animals / Photo : Rod Maurice

Les conditions photos concernant Lilly Wood & The Prick étant un peu trop hardos à mon goût, j’en profite pour visiter le festival de nuit. La partie la plus intéressante de ce report donc. T’en à rien à foutre ? Mais t’as tellement raison. Du coup, on va passer directement au clou du spectacle avec The Kills. The Kills … vus il y a très longtemps lorsque j’habitais Rouen. Un concert extraordinaire à l’Exo7. Une présence dingue, un son dingue, des chansons dingues. Une décennie plus tard, le duo devenu quator a tout simplement montré qui était le patron. Toute personne normalement constituée est forcément sous le charme félin et magnétique d’Alison Mosshart. En totale contradiction avec la classe réservée du flegmatique Jamie Hince. Dès les premières secondes, l’extase est déjà à son comble … on ne sait plus où donner des yeux et des oreilles. Les poulains de Domino Records en profitent pour défendre quelques titres tirés de leur dernier opus, Ash & Ice. Mais il faut être honnête, c’est quand on commence à caresser les tubes issus des albums précédents que la folie devient contagieuse. C’était juste dingo. Alison, comme toutes les personnes qui ont croisé ton chemin, je t’aime. Pour la vie. T’es tellement badass bordel.

 

The Kills / Photo : Rod Maurice
The Kills / Photo : Rod Maurice

Retour ensuite au parking numéro 1, aka le parking champs aux milliers de voitures … et une nuit réparatrice / salvatrice à Verdelais pour continuer notre périple … aujourd’hui ça va faire mal (pic de fréquentation max + durée des concerts max + kids max + musique tabasse tympan max. Force et honneur).

À propos de l'auteur :
Rod

Fondateur du site du Hiboo reconnu pour la qualité de ses sessions acoustiques filmées, Rod est non seulement l'un des photographes / vidéastes de référence dans l'hexagone, mais aussi le Martin Scorsese des sessions Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2010.

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