PENDENTIF, chronique de leur nouvel EP « Embrasse-Moi »

Chronique

A l’occasion du Disquaire Day 2013, Pendentif a sorti en vinyle et en édition limitée l’EP « Embrasse-Moi ». En plus du titre en question, il comporte aussi Jerricane (déjà bien connu en live des fans du groupe) ainsi qu’un remix de chaque titre, l’un par Memory Tapes, l’autre par Tacteel.

Aux côtés d’Aline, Lescop, Cracbooms, La Femme ou encore Granville, Pendentif est venu souffler un vent de fraicheur sur notre douce France au point de faire mentir leur fameux « God Save La France » qui clôturait leur premier EP : avec eux plus besoin de quitter son pays pour gagner l’élégance. Faisant partie de la fine fleur  de la sélection du Fair 2013 et ayant défendu leurs brillantes chansons lors de notre Ricard S.A Live Session du 29 novembre à La Fleche d’Or, Pendentif devrait définitivement s’imposer en 2013.

Pendentif, c’est avant tout une succession bluffante de singles incroyables. « Riviera » bien sûr, mais aussi « Les villes » qui moins instantanée possède un charme justement à la française. Néanmoins, il ne faut pas réduire Pendentif à la question du charme. Le charme suranné qui se dégage des chansons est certes une composante importante du plaisir qu’on y prend, mais il ne s’agit pas pour autant de sous-estimer l’intelligence pop que possède le groupe et sa capacité à faire le grand écart entre références purement anglaises et imagerie purement française (très parlant sur la chanson « Pendentif »).

Aujourd’hui la sortie de « Embrasse –Moi » ne fait qu’enfoncer nos certitudes sur le groupe. La chose qu’on apprécie peut-être le plus avec Pendentif, c’est cette manière de prendre son temps, et de ne pas cramer ses cartouches inutilement. Chaque chanson est rare chez eux, rare et merveilleuse. Là où de nombreux groupes nous abreuvent d’EP (souvent un très bon titre et du remplissage), Pendentif donne une attention particulière à chaque chanson. Chacune d’entre elle est indépendante, et peut à elle seule convaincre de la qualité du groupe.

« Embrasse –Moi », c’est un nouvel hymne pop. C’est à la fois ce qu’il y a de mieux dans la tradition française (les textes, les influences romantiques et yéyé) et dans la modernité anglaise (les riffs qui donnent envie de danser comme des beats, cette manière de pouvoir se revendiquer aussi bien de Franz Ferdinand que de Foals). Cette dualité, on la retrouve  particulièrement dans ce titre dont les couplets sont en français et les refrains en anglais. Ce mélange des langues qui d’habitude tombe souvent à plat est ici particulièrement touchant, comme si le groupe partait en échange à l’étranger le temps d’une ritournelle délicieuse.

« C’est quoi qui t’excite ? » nous demande Cindy Callède, et bien ce sont justement des chansons comme ça qui nous excitent et nous entrainent, des chansons à la fois sophistiquées et jouissives, des chansons à la fois belles, nonchalantes et romantiques, qui restent cependant généreuses. De la générosité, « Jerricane », l’autre morceau phare de cet EP, n’en manque pas. C’est frais et ensoleillé, ça donne envie de se rouler dans le sable à des kilomètres de chez soi. C’est lumineux, tout en gardant la classe.

On pourra également dire deux mots du très bon remix de Tacteel, pour qui Pendetif avait réalisé, comme un échange de bon procédé, une reprise assez cool de Que vais-je en faire où le texte de Jérôme Echenoz était chanté par Cindy et prenait des allures de retours à l’envoyeur pour l’auteur de cette chanson d’amour écrite au masculin. Tacteel enlève judicieusement le dépaysement de« Jerricane » pour en faire un truc plus rentre-dedans qui ouvre de nouvelles perspectives à la chanson.

Auparavant Pendentif apparaissait comme l’un des challengers de cette la nouvelle scène pop française, un groupe qui creusait le sillon fraichement ouvert par Aline. Mais aujourd’hui, avec la publication de ce nouvel EP, le groupe se retrouve directement en première ligne. Tous les regards sont désormais posés sur lui, et si tout leur premier album s’avère au niveau de ce qu’on a déjà entendu, nul doute que la pop française prendre un nouveau tournant.

Le premier album de Pendentif est déjà enregistré et devrait sortir en septembre prochain. Il a été produit par Antoine Gaillet (M83, Herman Dune…), et on ne va pas vous mentir : on est bien impatient de l’écouter !

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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