Live report : Rencontres Trans Musicales 2013 – Jour 1 par Agnès Bayou

Live report

Première journée des 35e Rencontres Trans Musicales de Rennes. A peine arrivés dans la capitale bretonne que la @RLM_Team, accompagnée cette année de Agnès du Transistor, se dirige vers le Liberté pour aller dénicher les nouveaux talents à l’Etage : Fat Supper et Okay Monday. Puis après une immersion totale en navette pour se rendre au Parc Expo, l’équipe a zigzagué entre les halls pour découvrir sur scène Moodoïd, London Grammar, Luke Jenner échappé de The Rapture, Bosco Delrey, Sixtine et le très attendu Har Mar Superstar. C’est Agnès qui vous raconte:

>> Crédit photos : Nicolas Joubard <<

 

Fat Supper

La description du groupe mettait l’eau à la bouche avec toutes ses références : Lou Reed, Captain Beefheart, Tindersticks, Lambchop, Tom Waits. De fait, les morceaux menés d’une voix caverneuse sont très classiques. La puissance aussi est bien présente, mais se retrouve diffuse car les compositions se perdent en route. Certes, la quête de la vérité est toujours plus intéressante que la réponse en elle-même, mais ici les chansons manquent de fluidité, de cohérence : les jeunes Fat Supper semblent un peu trop ambitieux dans leurs structures… recherchant le style avant le propos. Dommage !

 

Okay Monday

Ici les comparaisons sont moins recherchées, et clairement les jeunes Lillois ne sont pas du genre à avoir le melon. On nage dans une pop décomplexée, faisant le grand écart entre les Beach Boys des années 60 et le power pop des années 90 à la Fountains of Wayne avec une énergie très Kinks. Et pour couronner le tout, le guitariste assure que « toutes les chansons qu’on chante ce soir parlent de la même fille ». A croire qu’ils sont tombés dans la BO de Good Morning England ! Mais les larsens viennent bientôt faire concurrence à la voix ultra-aiguë d’Aurélien, et sous les cascades de « ouhouh » accrocheurs, on n’entend pas les paroles qui se veulent grinçantes… Cela dit, devant la salle un peu vidée, le groupe prend le parti de se marrer, ce qui permet de garder une bonne ambiance !

 

Moodoïd

Les amoureux de Melody’s Echo Chamber – et on sait qu’ils sont nombreux !- auront reconnu Pablo Padovani, le guitariste. Mais difficile de discerner ses traits sous le masque de paillettes… Dans son beau costume blanc, le jeune homme ondule copieusement du bassin, avant d’envoyer un épique solo de guitare. L’énergie rappelle les premiers émois punk de Stefan Eicher, mais les sonorités se veulent plus exotiques, mêlant des rythmiques sub-tropicales avec des chœurs semblant provenir de SaïgonMoodoïd mèle les ambiances, les époques, les atmosphères, une chanson prête à la rêverie, la suivante invite à la danse, le tout ponctué de cris orgasmiques… Surprenant !

London Grammar

A l’heure où l’on apprenait le décès de Nelson Mandela, les volutes vocales d’Hanna Reid ressemblent à un hommage : ses harmonies, soutenues par une forte réverbération, transforme le hall en cathédrale. La guitare est planante, la batterie se démène mais les yeux sont braqués sur la bien jolie chanteuse – malgré les efforts de Dot Major pour s’adresser au public en français. D’autant plus quand elle s’éclipse pour retirer son pull et ainsi se révéler dans un justaucorps noir. Le public est sous le charme et s’avère plus qu’enthousiaste, notamment sur la légère improvisation rythmique qui donne du corps au single ‘Wasting My Young Years’. A tel point que le jeune groupe reviendra sous les applaudissements pour un rappel sous forme de reprise de ‘Wicked Game’ de Chris Isaak.

Luke Jenner

Cette annonce dans la programmation a suscité énormément d’interrogations, dont la plus importante : que devient The Rapture si son chanteur se lance en solo ? Les fans n’auront pas de réponse ce soir, mais Luke Jenner prouve avec ce concert qu’il est bel et bien le cœur des compositions du groupe. D’ailleurs, pour amadouer le public, les premiers morceaux rappellent fortement le dernier album In The Grace of Your Love. Certes, comme Luke Jenner a choisi ses voisins comme musiciens, le clavier est trop bancal pour que les compositions décollent vraiment, mais les mélodies sont là. Et malgré la formation minimaliste, l’envie de danser est prenante. Le compositeur semble disponible, à l’écoute, l’osmose se crée, et le set se finit sur une ovation presque émouvante.

Bosco Delrey

Minuit passé, fini les têtes d’affiche : les Trans passent en mode défrichage. Bosco Delrey c’est du rockabilly le plus total, jusqu’au bout du look. Les sonorités, qui sonnent presque cliché au départ – surtout à la vue des vigoureux headbangs du guitariste, donnent envie aux genoux de s’entrechoquer. Les coups de caisse claire sont un peu violents et les finitions un peu brutales, mais les montées sont prenantes. Comme un Cults dopé au Black Rebel Motorcycle Club, qui pousse à inventer des chorégraphies. Un bon moment !

Sixtine

Remplaçant de dernière minute de Molotov Jukebox, Sixtine ne répond pas aux attentes de folklore et de cuivres annoncés. Ce trio, aux allures de Tristesse Contemporaine de par la tête d’âne, est plus prétentieux que festif. On ne retiendra que des samples de Johann Sebastian Bach surpiqués de bruits de laser tirés de jeux vidéo. Et une voix très très irritante. Comme quoi on peut monter un label avec Guy-Manuel de Homem Christo sans être aussi inspiré que Daft Punk.

Har Mar Superstar

Les rumeurs ont couru toute la soirée, il fallait donc tenir jusqu’à 2h du matin pour voir ce mix entre Sébastien Tellier et Philippe Katerine. De plus, les collaborations qui ont semé le parcours de Sean Tillmann sont alléchantes : Flea des Red Hot Chili Peppers, Karen O des Yeah Yeah Yeahs, Adam Green, Julian Casablancas des Strokes et on en passe ! Mais de l’extérieur, les effluves musicales ne paraissent pas très fines. Et une fois dans le hall, le spectacle n’est pas très réjouissant : un sosie de Katerine s’amuse à montrer son postérieur sur des rythmes sud-américains. Et quand il décide de retirer son t-shirt, l’équipe rend les armes et prend le chemin des navettes pour débattre du lancement de l’electro-pop grâce à ‘Toxic’ de Britney Spears.

À propos de l'auteur :
Agnes Bayou

Rédactrice en chef du Transistor, quand Agnès n'est pas dans une salle de concert, elle est probablement en festival. Ce qui fait qu'elle atterrit parfois dans les pages live de Rock’n’Folk… Sinon, elle sait aussi être polie et propre sur elle puisqu'elle gère les contenus vidéos, photos et autres pour les réseaux sociaux et le site de La Villette. Mais ce qu'elle préfère c'est le rock (et la sueur).

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