Les Francofolies de La Rochelle, jour #4

Live report

Quatrième jour de festival aux Francofolies de La Rochelle et, c’est inattendu, on tient déjà LE concert de cette édition 2014.
En effet, Pierre Lapointe était à la chapelle Fromentin dans le cadre des matinales et on n’avait pas vu, jusque là, une session aussi riche en émotions.

En route pour le compte-rendu de notre 4ème journée en suivant toujours le même principe : Swann écrit en bleu, moi en noir.

 

Baptiste Hamon

Prendre Francis Cabrel, ajouter un soupçon de Townes Van Zandt et une pincée de Johnny Cash. Mélanger délicatement. Vous obtenez : Baptiste Hamon, tout en bouclette et en moustache. Un cowboy. Avec son guitariste, ils s’installent à la Chapelle Fromentin pour un set d’une vingtaine de minutes. Quatre-cinq chansons qui passent à une vitesse éclair. Il ne fallait pas venir en mode dépressif ce matin-là parce que les ritournelles de Baptiste n’ont rien d’heureuses. Entre « Hervé », le mec dépassé par sa vie terne « métro, boulot, dodo » qui finit par se jeter par-dessus un pont et « Peut-être que nous serions heureux »  (en duo avec Alma Forrer), qui parle d’une histoire d’amour tourmentée, ce n’est pas la joie. Mais comme dirait le grand Dominique A : « c’est triste mais c’est beau ». Et ça l’était.

Pierre Lapointe

Le Québécois Pierre Lapointe joue deux fois dans le cadre du festival des Francofolies cette année. Après s’être produit hier matin à la chapelle Fromentin dans le cadre des matinales des Francofolies de La Rochelle, il sera ce soir sur la grande scène de Saint Jean d’Acre.

Assis au piano, le québécois subjugue, tant par ses textes lyriques que par ses intermèdes souvent bourrés d’autodérision. Oui parce que lorsqu’il s’en prend gentiment à son public, c’est pour, finalement, retourner les piques qu’il a lancées contre lui, ou du moins se joindre à la masse des victimes.

Fustigeant tour à tour les actrices qui veulent chanter, les quartiers branchés de Montréal et les histoires d’amour qui, comme il se plait à le rappeler -l’oeil qui frise- finissent toujours mal, Pierre Lapointe n’épargne personne.

Avant de commencer, il prévient « je vais chanter des chansons tristes, des chansons déprimantes. Si vous avez déjà eu à affronter un chagrin d’amour ou si vous avez déjà perdu quelqu’un que vous aimiez, je vais chanter pour vous ».

On découvre au fil de son set des textes émouvants qui trouvent un écho en chacun de nous. Il suffit d’ailleurs de jeter un œil alentour pour découvrir des yeux mouillés, des regards figés et tous ces symptômes qui disent l’émotion contenue et l’envie de la laisser déborder, là, bientôt, au détour d’une formule particulièrement bien tournée.

Lorsque l’artiste revient sur scène pour un premier rappel, on se dit qu’il sera bien difficile d’aller au delà de la charge émotionnelle des premiers morceaux et soudain, alors qu’il entonne « C’est extra » de Léo Ferré, on savoure l’instant délicieusement blasphématoire. Ce titre d’une sensualité inouïe, dans une église, achève mieux que tout ce que l’on pouvait imaginer, un concert d’anthologie.

Un second rappel le contraindra à revenir pour jouer « deux par deux rassemblés ». Quelques ratés magistralement rattrapés viendront ponctuer le morceau improvisé, permettant de rendre l’artiste plus humain, de réduire la distance qui le sépare de nous. Soudain le voilà presqu’accessible. Enfin.

Avant de partir, il rappelle sa présence, pour le concert de clôture du festival, sur la grande scène de Saint Jean d’Acre tout en précisant que le spectacle n’aura rien à voir ce qui ne fait qu’attiser notre curiosité. Rendez-vous est pris.

 

 

Bensé

Les concerts en appartement, c’est toujours un peu magique. Un peu l’impression de faire partie d’une poignée de privilégiés. L’année dernière c’était Laurent Lamarca qui s’était installé dans un superbe appartement donnant sur le port. Cette fois, c’est Bensé. Il a son clavier et sa guitare mais pas de set-list. C’est le public qui choisit les titres : « Casse-tête chinois », « le Printemps » etc… Dans le public, les fans de la première heure sont là et demandent les titres du premier album : « Et si », « Celui-là ». Malheureusement, le jeune homme ne parvient pas à se souvenir des paroles ni des accords. A la place, il improvise les premières notes de « Come As You Are » et plaisante « j’ai composé ça, mais je pense que ça ne marchera jamais ».

Neeskens

Direction la scène du village FrancoFous pour rester dans l’ambiance « pop-folk » avec Neeskens, finaliste SFR que Rod Maurice avait filmé plutôt dans l’année dans un hôpital psychiatrique pour le Prix Ricard S.A Live Music. Les nuages qui n’ont pas cessé de pleurer toute la journée font une pause. On veut croire que c’est la voix doucereuse et les mélodies épurées de Neeskens qui ont fait cesser la pluie. L’espace de 40 minutes, le chanteur et ses deux musiciens semblent avoir conquis le public, si l’on juge les nombreux téléphones portables levés qui filment le concert et les clappements de mains qui accompagnent la musique en rythme. Le concert cesse. Une pluie fine revient. Coïncidence ? Je ne crois pas.

MeLL

« En voilà une fille qui a du chien! » se dit-on en découvrant MeLL sur la scène du grand théâtre de la Coursive. Artiste du chantier des Francos cru 2014, elle dépoussière la chanson française en mixant les influences avec une énergie revigorante. Ses textes mêlant poésie et humour font mouche. On a aimé. Beaucoup.

GiedRé

Vrai défi que de devoir occuper le changement de plateau après le passage décoiffant des Casseurs Flowteurs et juste avant le live complètement fou d’IAM. Il fallait être un peu kamikaze pour s’y risquer. C’est GiedRé qui a pris place hier, devant le public chauffé à blanc de Saint Jean d’Acre.

3 titres auront suffi à lui faire remporter tous les suffrages. Dans la foule, beaucoup de fans reprennent en choeur les paroles de « pisser debout » ou « on fait tous caca » (sic). Intermède improbable mais complètement jubilatoire.

La Maison Tellier

Leur quatrième album est sorti l’année dernière et c’est avec un enthousiasme non dissimulé qu’on retrouve La Maison Tellier sur la scène bleue de la Coursive. Les textes, en français, d’une beauté qui force le respect, racontent souvent le malaise et sonnent comme un écho à l’époque. Les arrangements soulignent la mélancolie de l’ensemble. Un bien beau moment. Dépaysant.

 

Asaf Avidan

Alors. Asaf Avidan. Grand débat. J’adore l’artiste, je l’appelle depuis toujours ma « Janis ». Je sais que pour certains, cette voix qu’il maltraite est insupportable, moi elle me fout des frissons dans le dos, hérisse les poils de mes avant-bras. Ce dimanche, à 19 heures, l’Israélien joue tout seul. Il s’est débarrassé de ses musiciens pour jouer en guitare-voix (et pédales de boucle et harmonica aussi un peu). Back to basics. Comme à ses débuts, il bidouille, il trafique, il tape, il crie, murmure, chuchote, susurre. Bref, assis sur son tabouret, il se donne pour essayer d’embarquer la foule. C’est un peu difficile pour le garçon qui se produit avant Casseurs Flowters, IAM et Fauve. Autant dire : pas le plus facile de public. Alors quand un mec gueule « non mais lui il faut le shooter », on ne s’étonne pas. On trouve ça trop krass et on est un peu VNR.

BigFlo et Oli

Depuis la salle de presse, juste après le concert d’Asaf Avidan, nous parvient un son puissant qui laisse entendre que -peut-être- Les Casseurs Flowteurs sont déjà en place. Ruée vers la scène de Saint Jean d’Acre, appareil photo en bandoulière pour constater que non, personne n’a encore pris place sur la grande scène. Il ne nous faudra pas longtemps pour constater que la musique vient du patio et que ceux qui sont à l’origine de ce flow imparable sont les deux frangins Bigflo et Oli, artistes de la sélection annuelle du chantier des Francos dont les deux morceaux, débordants d’énergie, nous ont donné envie de les suivre de plus près. On en est encore à se demander comment on a bien pu passer à côté…

Épatants.

 

 

Les Casseurs Flowteurs

Invités de (presque) tous les festivals cet été, difficile de passer à côté des Casseurs Flowteurs. Sur scène, Orelsan et Gringe défendent leur album en jouant avec un public gonflé à bloc. Ca bondit dans tous les sens, ça danse, ça chante, ça pose, ça finit même dans le public pour une petite traversée de la foule plutôt mouvementée.

Chaud bouillant.

IAM

Tu vas rire. Je suis allée à un concert d’IAM. Confidence : le rap et moi, nous ne sommes pas vraiment copains. Et puis en plus, dans le rap, si j’ai bien compris il faut choisir son camp. En même temps, c’est un peu comme dans la vie, tu vois : McDo ou Quick ? Coca-Cola ou Pepsi ? Donc IAM ou NTM ? Je ne sais pas ce qu’a choisi St-Jean d’Acre, mais clairement, au vu du petit millier de bras levés, ils ont choisi IAM. Je n’aime pas trop IAM mais je suis plutôt fascinée par la ferveur des fans, par la prestance et la présence des rappeurs marseillais. Et puis, ils étaient surtout aussi là pour montrer, que le rap c’est quelque chose d’un peu sérieux et qu’une scène, ce n’est pas une cour d’école. Je ne citerai pas de noms.

 

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