Les 5 bons conseils de Bester pour… ne plus avoir besoin de conseils

Tuto

Dans la série des « ya-ka-faut-kon », l’industrie musicale occupe une place de choix. Sur votre groupe, tout le monde a forcément un avis éclairé pour vous aider à percer. Problème : dans 99% des cas, tout le monde se plante. Maintenant que vous voilà arrivé aux portes de la célébrité, Bester vous aide à trouver la bonne clef pour défoncer la serrure, tout seul.


NE LISEZ PAS CET ARTICLE


On ne compte plus le nombre des sites bienveillants tentant chaque année de lister les cinq bons conseils pour [à compléter par la thématique de ton choix]. Souvent drôles, parfois avisés et même pertinents, ces tops ne peuvent à eux seuls vous aider à écraser la concurrence ; puisque par définition votre groupe est – pour le meilleur et pour le pire – unique. Plutôt que d’appliquer bêtement des recommandations style « mettez-vous du gel dans les cheveux et ayez l’air très énervé dans votre nouveau clip en slow motion tourné à l’iPhone », commencez par comprendre ce qui cloche dans votre groupe (64% de chances que ce soit le bassiste), coupez Internet et tentez de regarder le problème de l’extérieur. Si même avec cette introspection, rien n’y fait, reste toujours les Stratégies Obliques de Brian Eno, un jeu de cartes bourré de conseils aléatoires à piocher au hasard. Exemple : « Examine avec attention les détails les plus embarrassants et amplifie-les ». Louise Attaque semble fan.

"

 


FAITES LE TRI SÉLECTIF


On ne vous demande pas de trimballer tout votre matos dans des sacs biodégradables, mais de faire – comme l’ami Kanye West – le vide autour de vous. Trop de conseils tuent le conseil, et pas sûr que d’être perméable aux commentaires de vos fans et haters soit d’une grande aide pour votre carrière. Il en va de même pour tous les experts du marketing musical dispensant leurs conseils toutes taxes comprises, que vous saurez fuir comme la peste après avoir violemment refermé la porte (celle du succès, remember ?) sur leurs devis, à l’image de leurs talents, surestimés. Autant le dire : les bons groupes savent toujours trouver la route de la reconnaissance, et si tel n’est pas le cas, c’est soit parce qu’ils n’ont pas « la carte » (travaillez votre réseau) ou simplement parce que quelqu’un dans le groupe a mal fait son boulot (faites-lui écouter l’intégrale de Rammstein en version symphonique, et licenciez-le).

"


KIDNAPPEZ UN MANAGER


On ne le dira jamais assez, mais vous êtes là pour faire de la musique, pas pour la vendre. Il existe des gens payés pour cela (15% de commissions sur tous vos gains, en général) et c’est à eux, sous votre contrôle, de faire les bons choix. Outre Atlantique, le métier de manager ne s’exerce pas tard le soir comme un hobby avec un laptop sur les genoux ; en France c’est un peu plus compliqué. Les filières de formation au management musical qui se comptent sur les doigts d’une main et la faible rentabilité du secteur n’aide pas à faire pousser les graines de star du bras de fer. Bon, c’est pas grave. Comme disait ce célèbre guitariste à propos de [remplacer par le nom d’un ou d’une chanteuse très moche], on apprend sur le tas. Observez qui dans votre entourage peut devenir cette personne de confiance qui évitera de vous ruiner une fois que vous serez devenus riches et célèbres. Même les Rolling Stones se sont fait escroquer à leurs débuts (par leur manager Allen Klein). Voyez, personne n’est à l’abri d’un mauvais choix.

"


APPRENEZ DES GROUPES QUE VOUS DÉTESTEZ


Les livres d’histoire de la musique sont aussi remplis de mauvais choix. On pourrait citer Téléphone (non, c’était pas une bonne idée de coucher avec la batteuse), les Baby Rockeurs (sortir des disques sans avoir composé la moindre chanson) ou encore Saez (écrire un manifeste anti-capitaliste à 2H du matin puis annoncer qu’on refuse de sortir l’album qui devait permettre de revenir dans le game, c’est pas très malin). Plutôt que de vous inspirer de vos idoles, on vous conseille (sic) de prendre tous les exemples de catastrophes industrielles dans la musique pour éviter de refaire les mêmes erreurs. L’histoire étant un éternel recommencement, on vous déconseille aussi vivement de changer de nom alors que vous êtes au climax de votre carrière pour publier des disques dispensables pendant 20 ans avant de mourir dans un studio paumé de Minneapolis. On a connu plus princier comme fin…

"


VOTRE CARRIÈRE EST UNE LISTE DE COURSE


Dit comme ça, ça ne fait pas rêver, okay. Et c’est pourtant vrai ; la logique veut qu’on fasse carrière dans la musique comme on fait ses courses chez [compléter par ta supérette préférée], rayon par rayon, étape par étape, méthodiquement, l’objectif reste de cocher au fur et à mesure toutes les choses dont vous avez besoin pour passer à la caisse:

  • Les membres du groupe ? Check.
  • Attendre d’avoir plus de quatre chansons qui tiennent debout pour créer sa page Facebook ? Check.
  • Monter son propre label pour ne plus avoir à dépendre d’une maison de disques qui souhaite votre œuvre comme un aspirateur ? Check.
  • S’inscrire au Prix Ricard S.A Live Music tout en gardant votre indépendance ? Check.
  • Devenir plus fort que Maitre Gims ? Check.
  • Arrêter de lire ce papier, check.
À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

Voir ses articles