J’IRAI FILMER CHEZ VOUS : LA CLASSE (JOUR 7)

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Si vous avez raté le début du film et que vous nous rejoignez en cours de route, voilà déjà une semaine que nous collons aux basques des 15 finalistes du Prix Ricard S.A. Live pour voir ce qu’ils ont sous la semelle (Blague 1). Après plusieurs heures de musique dérushées et des centaines de kilomètres au compteur, c’est déjà la dernière ligne droite (Blague 2) avec aujourd’hui dans le rôle des crash test dummies les parisiens de La Classe, plus classes que scolaires. Pas de blague.

Au dernier épisode donc, nous nous étions quittés à Houilles, dans les Yvelines, pour une session avec les Colt Silvers. Magie du carnet de bord – j’ai le droit de faire des sauts dans le temps, c’est moi qui raconte – on se retrouve quelques minutes plus tard dans notre Polaroidomobile – Rod a la fâcheuse habitude de laisser trainer ses appareils partout dans la bagnole – destination l’autre bout de Paris, pour rencontrer les jeunes musiciens de La Classe dans leur studio de répétition à Pantin. Evidemment on est en retard. Evidemment encore une fois on ne sait pas à quoi s’attendre. Evidemment que de jour en jour je me répète ; et d’ailleurs on va changer de paragraphe.

Pendant que nous roulons pour cette huitième session en sept jours, la discussion de la team Ricard – Adrien, Rod et moi – vire encore une fois à la brève de tableau de bord. Après avoir écouté – subi ? – l’historique de l’ensemble des acteurs d’Hélène et les garçons par un Rod possédé et entendu qu’aujourd’hui Hélène Rolles « ressemble à Beetlejuice », le même Rod aura la phrase ultime qui résume à elle seule la vie, mais aussi la leçon à retenir pour gagner le prix RLM : « faut pas oublier ce que disait Morpheus dans Matrix : on n’est pas le meilleur quand on le croit, on est le meilleur quand on le sait. En fait ce type c’est le nouveau Confucius ! ». Sans transition, on découvre ébahi sur nos smartphones qu’on peut être un Hater XXL passé la cinquantaine (cliquez ici pour comprendre) et paf, à peine le temps de s’en remettre que le GPS clignote : « vous êtes arrivé à destination ». Le point de rendez-vous, pourtant, ne paye pas de mine. Un immense bâtiment de Pantin dans lequel on entre par une porte blindée, et dans lequel on navigue comme dans un dédale en parpaings. En fait, c’est un studio gigantesque.

Musiciens aguerris, c’est ce qui vient en premier quand on pense aux cinq musiciens de La Classe. Composé de Nicolas (ancien batteur des Naasts), Juliette au chant et au clavier, Joachim à la basse, David aux guitares et Leonard aux claviers et costard trois pièces, ce groupe de minets – pas minots – réussit l’exploit de marier la pop de Burgalat au jazz, la soul des Jackson 5 au groove d’Herbie Hancock. L’origine du nom ? Multiple. A la fois choisi en hommage au mythique film de détournement La classe américaine, mais aussi pour (se) jouer de leur jeune âge et de leur gouts d’esthète, ces gamins l’ont, la classe. Par contre, ils refusent l’étiquette jazz que certains tentent par tous les moyens de leur accrocher au col : « pour moi quand les gens parlent du jaaaaaaz c’est qu’ils trouvent ça trop compliqué » confie Leonard, « et jazzy ça veut dire que tu veux faire du jazz et que tu n’y arrives pas » surenchérit Joachim. Ces gamins ont la tête bien pleine, ça s’entend dès les répétions dans leur studio cosy où tapis et têtes de cerf donnent à l’endroit un coté manoir. Tous multi instrumentistes, signés chez Tricatel en 2011 pour EP puis revenu à l’indépendance, les copains de La classe nous annoncent qu’un nouvel EP est prévu pour fin février, puis rajoute pour c(l)asser l’ambiance : « tu vas voir à un moment dans notre morceau on a un chant de supporter lillois ». On rigole. « Tu vas voir c’est acoustique mais c’est rock ! ». Idem. Et comment s’appelle morceau ? Good times, Bad times. « Comme le titre de Led Zeppelin » dit l’un. « Mais non, comme le titre de Chic » répond l’autre. Voici une réplique à l’image d’un groupe à cheval entre plusieurs styles, plusieurs époques. Un groupe de son temps, peut-être ?

Après nous avoir annoncé qu’ils sont des gars « one take » – entendre : des musiciens qui plient leur session en une seule prise – ils confirment en direct en sonnant juste dès la première fois. Ca passe et c’est classe. Quant à savoir si le résultat est au niveau de vos espérances, ne vous reste plus qu’à regarder la session pour savoir si La Classe mérite de gagner le Prix, car on va pas non plus vous mâcher tout le travail. Comme disait l’autre : hey, what did you expect ?

(PLUS OU MOINS) TROIS QUESTIONS EXPRESS À LA CLASSE

Qu’espérez-vous du prix Ricard S.A Live Music ?

La Classe : Ce prix donne une certaine visibilité, et c’est certainement ce que tous les groupes recherchent, notamment l’opportunité de tourner, de gagner du matériel, etc. En plus on sort d’une phase de 2 ans pendant laquelle David était en Suède et bossait dans un gros studio, du coup on n’a pas du tout joué. Donc forcément, là, on est remonté ! A la limite on a davantage envie de jouer live que d’être derrière un ordi à produire des morceaux… Qu’on gagne ou pas, ça aura été de toute manière un déclic pour relancer la machine.

Et hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?

La Classe (quasi unanime) : Poom. Car il faut savoir que c’est l’un des deux musiciens, Siegfried, qui a aussi crée… La Classe. C’était avec Juliette [chanteuse de La Classe] en 2008, puis il est parti pour lancer Poom. On est resté très proche.

Joachim (bassiste) : Honnêtement, j’ai tout écouté et même si ce n’est pas mon groupe préféré, j’ai été marqué par Birdy Hunt, qui est dans un trip bien dans l’air du temps, entre Strokes et Phoenix. Enfin bon… peut-être que je suis simplement dans l’air du temps d’il y a déjà un moment, ah ah ah ! Toutes mes références se situent entre 1974 et 1982…

Votre argument choc pour séduire le jury ?

La Classe : A la différence de nombreux groupes, on n’est pas influencé par Foals ! (Rire général)

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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