Chronique de "Rien", nouvel EP de Odezenne

Chronique

Le 16 Mai 2013, nos Ricard S.A Live Sessions accueillaient Odezenne à la Flèche d’Or pour un concert d’anthologie. Et le 21 juin 2014, nous retrouverons le groupe sur notre scène à l’occasion de la Fête de la Musique. Entre temps, Odezenne a sorti un EP baptisé « Rien » que l’on s’est empressé d’écouter pour vous…

 

Photo: Thibaut Vankemmel

Rien remplit parfaitement son rôle de production intermédiaire entre deux disques : il prolonge à la fois l’expérience d’ OVNI, le deuxième album – avec des titres péchus comme Chimpanzé, où ça harangue avec des beats qui tombent là où il faut, parfaitement alignés sur le flow –, et  en même  temps il préfigure les nouvelles orientations musicales que pourraient prendre le groupe sur leur prochain album.

Effectivement sur les titres Rien, Je veux te baiser et Dieu était grand, on sent comme une inversion des valeurs : alors qu’auparavant les instrumentations pouvaient jouer à cache-cache derrière le flow, on sent aujourd’hui chez les Bordelais une volonté de se réapproprier sa musique et d’exister en tant qu’entité où chaque membre du groupe aurait la même importance. Du coup, les instrumentations s’émancipent, tandis que le rap se transforme en  texte parlé, pour un résultat plus proche d’une chanson française que des débuts rap jazzy de Odezenne.

Moins de samples, plus de compositions, et une palette d’émotions bien plus grandes : tout est là pour démontrer l’envie du groupe de sortir de son carcan pour taquiner la pop et s’ouvrir à une audience plus large. On constatera ainsi que même le thème des chansons a changé pour se tourner vers quelque chose de plus universel, et en même temps de plus sombre, où Alix, Jaco et Mattia causent de la vie et de la mort, sans fausse pudeur et sans niaiserie.

Mais la belle réussite de ce Rien, c’est que cette évolution se fait en douceur et jamais au détriment de l’état d’esprit – mi sérieux mi complètement second degré – qui nous avait fait aimer le groupe à ses débuts. En tout cas, même si une chanson comme Je veux te baiser risque de décevoir certains fans de la première heure, on ne doute pas un instant que le groupe sait où il va.

Pour continuer de rester dans l’indépendance, Odezenne a créé son propre label : Universeul. Au-delà du jeu de mot, Universeul s’avère finalement être un bon mot-valise pour résumer leur démarche actuelle. On a hâte d’entendre la suite !

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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