Elvire von Bardeleben, journaliste musique pour Libé Next, a couvert pour nous la neuvième édition du festival Calvi On The Rocks, qui affichait encore cette année une programmation live de haute volée, sous le soleil et les pieds dans l’eau.
Retour sur le concert de samedi dernier:
Aux abords de la scène de Calvi on the Rocks, samedi soir. – Elvire Von Bardeleben
A vingt heures ce samedi, la file commence à s’allonger devant le guichet pour acheter les pass du soir. Il reste encore une heure avant le début officiel des festivités au Théâtre de Verdure, pour la 9e édition du festival Calvi on the Rocks. Deux jeunes filles enturbannées au début de la queue débattent entre elles du point d’orgue de la soirée : sera-ce Yuksek («de la bombe») ou le groupe Brigitte («trop stylé») ?
Deux heures plus tard, au théâtre de Verdure perché sur les rochers sous la citadelle, le groupe Mc Luvin entre en scène. Avec son air de Michael Jackson période Thriller, le chanteur Gystere tente de galvaniser la foule encore dispersée. «How are you Calvi ?» demande-t-il avant d’enchaîner : «Ok, mon accent anglais est faux, je viens du 9-2». La programmation ce soir est exclusivement française, à l’exception de Fool’s Gold.
Elvire Von Bardeleben
Si l’attention du public pour la pop débraillée de Mc Luvin était assez intermittente, les choses deviennent plus sérieuses avec Brigitte. Sylvie et Aurélie arrivent dans des robes fourreaux brodées de sequins argent, largement fendues sur la jambe, décolletées dans le dos ou sur la poitrine. La blonde et la brune donnent dans la pop française désuète, agitent sensuellement leur tambourin, chantent des histoires d’amour peu romantiques. Les réactions sont divisées, entre transe complète et agacement, mais une chose est certaine : elles captent toute l’attention. L’apogée est atteinte lorsqu’elles entonnent leur reprise lascive de Ma Benz de NTM. Joey Starr, aperçu plus tôt dans le public entre deux fourrés, ne donne pas de signe de vie. Après un dernier titre étonnement techno, les deux belles disparaissent dans les coulisses. Le terrain est préparé pour Bot’Ox.
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Quand Bot’Ox entre en scène, le kitsch fait place à la sobriété. Cosmo Vitelli et Julien Briffaz (de [T]ekël) ne font pas un grand usage de la parole : pas de salut, pas de chant, pas de «ça va Calvi ?». Ils enchainent les chansons parfaitement équilibrées entre rock et techno sans faux-pas, font doucement monter la sauce. Jusqu’au moment où l’on aperçoit des jambes en l’air dans le public : c’est à Bot’Ox que revient le premier slam de la soirée.
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Une heure quinze, la circulation devient difficile : la foule compacte attend Yuksek qui tarde.
Pierre-Alexandre Busson arrive, l’air timide dans sa veste en jean, et commence à pianoter sur son clavier. Deux minutes plus tard, il entonne Always On The Run. Sur ce tube à la fois électro, pop et groovy, il est impossible de rester de marbre, malgré la fatigue. La force de Yuksek est de dégager une énergie électrisante sans jamais dépasser les limites du bon goût ou de la sobriété. L’air toujours un peu gêné, Busson remercie le public, fait l’éloge de Calvi, et en remet une couche avec The Edge, alors qu’on ne compte plus le nombre de corps flottant au-dessus du public. Après une heure de show, il disparaît, laissant derrière lui la sensation d’avoir assisté à la meilleure performance de la soirée.
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Difficile donc pour les Américains de Fool’s Gold de prendre la suite sur les coups de deux heures et demi du matin. Les mélopées des Californiens, moins club et plus axées world music, mélangent les chants en hébreu et les airs tropicaux, le ska et blues saharien, le tout sur un fond de guitares indie à l’américaine. Vers trois heures, le Théâtre de Verdure commence à se vider. En se frayant un chemin en direction de l’hôtel, on recroise les deux jeunes filles qui faisaient la queue plus tôt devant le guichet de l’entrée. Le verdict tombe : «Yuksek, ça a vraiment tout déchiré», affirme celle qui porte une plume sur son bandeau. Un avis que l’on partage entièrement.
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