THE CURE – 4:13 Dreams

Chronique
Pop Cold Wave Anglaise / 2008. Ok alors avant tout de chose, soyons clair, chroniquer un nouvel album de Cure est loin d’être aisé car il n’existe aucune vérité sur ce groupe. D’un côté il y a ceux qui ne supportent plus la voix maniérée de Robert Smith et ses intonations qui ont été si bien parodiées par les Inconnus, de l’autre il y a ceux qui continuent à vouer un culte à Cure, toujours touché par les pépites de dark pop des pionnier de la cold wave et puis au milieu il y a ceux qui ont lâché avec regret la bande à Robert Smith il y a quelques années persuadés que les anglais sombraient dans l’auto-parodie. Chacune a leur manière ces trois catégories ont parfaitement raison.

Une fois n’est pas coutume, je fais partie de ceux qui continuent de mettre Cure au niveau d’un Joy Division, et plus encore j’ai ardemment défendu leur précédent album produit par Ross Robinson. Donc oui je m’émerveille toujours devant les ritournelles pop de Robert Smith et devant cette noirceur qui saupoudre avec discrétion cet enjoué « 4:13 Dreams ».

« Underneath the stars » est un très bon titre d’ouverture avec un fond post rock et une durée qui permet de se réapproprier cette batterie si typique et ces guitares à la fois sucrées et planantes. « Only One » poursuit comme un bon single de Cure au point qu’on a vite l’impression qu’il s’agit d’une chanson sortie il y a longtemps (le syndrome AC/DC ?). Sur « Reasons Why », Robert Smith commence déjà à en faire trop mais sa voix reste pleine de subtilité ; le titre est symptomatique de ce côté auto-parodique que certains reprochent à Cure. « Freakshow » est loin d’être une réussite et ressemble plus aux Rita Mitsouko qu’aux fers de lance du post punk, mais on finit par trouver ce petit riff de guitare assez sexy. « Real Snow White » démarre banalement pour finalement déployer des trésors d’émotions. A ce moment de l’album, on réalise combien le talent de Cure est intact mais combien il se perd dans de mauvaises idées de titres avec lesquels le groupe espère un peu faire évoluer sa formule. « Hungry Ghost » est frais avec un joli refrain mais parfois un peu facile. Sur « Swith » le groupe se perd comme seul Muse sait se perdre, puis se rattrape avec magie sur des titres incroyables comme « Sleep when I’m dead » qui mélangent noirceur et influences post punk à la Gang Of Four. Le tout finit sur « It’s over » un titre fort et nerveux qui rappelle les grosses guitares du précédent opus.

The Cure sort donc un nouvel album plein de petits moments de gloire mais qui sont souvent parasités par l’incapacité du groupe à se réinventer complètement. Il n’en reste pas moins ce sentiment de retrouver un groupe qui nous accompagne depuis longtemps et qui, sans signer l’album du renouveau, démontre combien il est toujours d’actualité. Certains râleront mais j’aime plus que jamais Cure.

Note : 7,5/10

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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