Pourquoi il faut absolument aller au Hellfest encore cette année !

Festival

Cette année encore, le Hellfest revient avec une programmation riche en têtes d’affiche et en découvertes. Voici notre tour d’horizon de toutes les bonnes raison de se rendre à Clisson du 16 au 18 juin 2017.

 


Pour voir nos coups de cœur : Mars Red Sky, Deafheaven, Integrity, Textures et Igorrr


Bien sûr, il y a les têtes d’affiche inévitables – Slayer, Opeth, Electric Wizard et Ministry… –, mais comme toujours c’est dans les recoins de sa programmation gargantuesque que se trouve la sève du Hellfest.

Précis, méthodique et travailleur, le trio bordelais Mars Red Sky a su remettre la France sur l’échiquier du stoner psychédélique. Avec ses titres denses et classieux, le groupe est une sorte de version moderne de Black Sabbath. Nerveux et épique, leur dernier album Apex III (Praise For The Burning Soul) constitue une parfaite carte de visite pour s’assurer que vous ne loupiez pas leur concert.

Difficile d’anticiper sur le papier le choc que peut représenter Deafheaven à l’écoute, tant l’idée d’un death metal version down tempo et post rock ne semble pas particulièrement excitante. Pourtant le groupe américain a su, en seulement trois albums dont l’incroyable Sunbather, s’imposer comme l’un des groupes les plus stimulants et émotionnellement impactant des sphères extrêmes, comme peut l’être Converge pour le versant metalcore. Sur scène, le groupe crée un espace-temps à la fois lancinant et violent où les sensations s’opposent tragiquement. Pour vous convaincre, l’intégralité de leur concert au Pitchfork Music Festival 2014 est disponible ci-dessous.

Formé en 1988, Integrity fera partie des plus vieux groupes d’hardcore de la sélection. Néanmoins, la formation n’a jamais perdu de sa superbe via une hargne toujours intacte et un son aussi compact qu’impénétrable. Leur signature sur Deathwish, le label de Jacob Bannon de Converge (encore et toujours), puis sur Relapse pour leur nouvel album Howling, For The Nightmare Shall Consume leur a permis de conserver leur jeunesse et leur robustesse.

J’ai longtemps cru que Textures allait reprendre le flambeau de Pantera sur la scène internationale. Mais peut-être parce que l’époque est différente ou qu’ils ont trop facilement cédé aux sirènes des refrains chantés et des mélodies faciles, les Hollandais n’ont pas réussi à concrétiser l’essai. Il n’en reste pas moins un groupe techniquement irréprochable qui sait mettre de l’eau dans son vin ; quelque part entre Machine Head et Meshuggah.

La présence de Igorrr sur scène ne manque pas de nous intriguer. Pourtant à bien y réfléchir, l’idée de programmer l’une des figures phares du breakcore est particulièrement pertinente, surtout depuis que celle-ci intègre dans ses chansons des éléments Black Metal (même s’il reste signé sur le label techno Ad Noiseam). Non seulement, cela permet au festival de s’imposer comme le lieu de toutes les musiques extrêmes, y compris celles venues des sphères électroniques. Mais surtout Igorrr est peut-être le musicien qui incarne le mieux le chaos maîtrisé, à la fois anxiogène et incroyablement fun, que représente le Hellfest. En mélangeant tout ce qu’on peut mélanger au monde – quand je dis tout, c’est vraiment tout : blast electro, beats suffoquant, prières religieuses, chant d’opéra, hurlements métalliques, riffs nordiques, easy-listening et bruits d’aspirateur – il impose une musique post-moderne, à la fois totalement kitsh et totalement sérieuse. Des titres comme « Absolute Psalm » ou la récente vidéo réalisée pour « ieuD » (« Dieu » en verlant : on en est là avec Igorrr) devraient totalement vous convaincre du génie (ou de la folie) du type.

A noter aussi, pour les nostalgiques des années 90, en plus du concert de Helmet, qu’il ne faudra pas manquer la prestation de Primus. Les Claypool reste le bassiste le plus bizarre de sa génération, et la seule personne au monde à avoir réussi à faire le lien entre la scène jazz et néo-métal ; ce qui est un succès en soi. D’ailleurs, il semblerait que rien ne m’empêche de vous balancer le clip de « Shake Hands With Beef », avec sa rythmique jazzy-noise terrifiante.

Et puis parce qu’au Hellfest, quand il n’y en a plus, il y en a encore, il faudra aussi compter sur le doom de Crypt Sermon, classique mais émotionnellement très efficace, ainsi que sur le stoner instrumental des suisses de Monkey 3, qui savent générer une musique désertique en conférant toujours le rythme parfait à leurs titres.


Parce que c’est aussi le festival du punk rock


Non content de réunir tous les grands noms des scènes métal, le Hellfest reste aussi un excellent festival punk rock, avec en tête d’affiche Rancid. Increvable, le groupe de Tim Armstrong et Lars Frederiksen continue de produire un punk à la fois intransigeant et incroyablement fun. Aujourd’hui, c’est encore le seul groupe à faire aussi bien le lien entre des racines hardcore et le côté cool de NOFX et du Green Day des débuts. Si certains les accusent de tourner en rond ou de répéter inlassablement les mêmes gimmicks, aucun de leurs deniers albums ne m’a déçu. Fort à parier qu’il en sera de même avec Trouble Maker qui sort ces jours-ci.

Le Hellfest sera aussi l’occasion de revoir sur scène Leftöver Crack. Formé à la suite de la séparation des indispensables Choking Victim, Leftöver Crack est probablement le meilleur groupe de punk hardcore quand il s‘agit d’intégrer des influences ska. Il y a une sincérité dans leur musique qui la rend rugueuse et incontrôlable.

Les Français ne seront pas en reste avec Tagada Jones, autre groupe increvable, qui chantera ses chansons anarchistes jusqu’à la mort. Un punk qui mise tout sur l’efficacité et la rébellion politique. On est presque déçu qu’ils ne soient pas accompagnés de leurs confrères des Sales Majestés.

Il faudra aussi compter sur The Decline !, le groupe de Rennes, et son punk rock rapide, avec des grosses influences street punk mais aussi country. Ça joue bien et vite, et tout y est plus ambitieux que ça n’en a l’air.


Parce que c’est l’année de la fin du monde


Parce qu’encore une fois le Hellfest prend tout au sérieux sans se prendre au sérieux, c’est le lieu idéal pour les groupes pour faire leurs adieux. Aerosmith comme Deep Purple pourraient bien y donner leurs dernières prestations (enfin leurs dernières prestations avant leur dixième tournée d’adieux).

Ce sera aussi une des dernières occasions de voir The Dillinger Escape Plan sur scène avant le split complet du groupe. Depuis près de 20 ans, The Dillinger Escape Plan règne en maître sur le metalcore aux côtés de qui vous savez (faut-il vraiment encore citer Converge pour la troisième fois dans cet article ?). Ayant su s’ouvrir à plein de genres – on connaît notamment leur passion pour Aphex Twin –, ils auront réussi à pousser un peu plus loin les limites d’un style où un groupe peut facilement se retrouver enfermé sur lui-même. Dissociation, leur dernier album sorti l’année dernière et qui est une sorte de synthèse de toute leur discographie, restera comme une belle lettre d’adieu.

L’annonce du décès de Chris Cornell a été un sacré choc. Celle-ci faisant suite aux décès de Layne Staley, Kurt Cobain et Scott Weiland, c’est toute l’ère du grunge qui s’évanouit, laissant Eddie Vedder de Pearl Jam, seule représentant de la scène. Le concert de Prophets of Rage, composé de Chuck D de Public Enemy, de B-Real de Cypress Hill, et surtout des membres de Rage Against The Machine et Audioslave, le dernier groupe de Chris Cornell, sera probablement l’occasion de rendre un dernier hommage au chanteur de Soundgarden.


Pour l’ambiance et la scénographie de dingue


Alors, on n’a évidemment pas encore mis les pieds au Hellfest 2017, mais une petite relecture de notre report de l’année dernière par Rod devrait vous rappeler des souvenirs : c’est disponible , , ou encore .

Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice

Enfin, last but not least, venir aux Hellfest 2017 vous permettra de rencontrer une grosse partie de la Team Ricard S.A Live Music en vrai, et pourquoi pas vous faire tirer le portrait par notre photographe Rod !

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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