Deuxième journée aux Transmusicales et vu la fréquentation du Parc Expo de Rennes, c’est bien le début du week-end. Le festival affiche complet mais comme bien souvent le public arrive tardivement sur le site, l’occasion pour nous de profiter dans le calme et le confort des premiers groupes programmés avant de communier et de se serrer contre nos contemporains pour les concerts d’après minuit.


16H10 – I ME MINE


I Me Mine - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
I Me Mine, photo: Titouan Massé

C’est une des très bonnes surprises de cette édition. Le trio toulousain est résolument rock, il puise son inspiration dans la musique des groupes des sixties et des seventies mais a l’intelligence de ne pas se cantonner à un simple exercice revival et propose des compositions modernes, dans l’air du temps, riches de références. L’intro du concert suggère Supertramp, les polyphonies sont réussies, on pense aussi aux Beatles évidemment, aux Beach Boys aussi. La suite du set alterne entre transcendances psyché, envolées électro, passages de rock progressif, bref, un beau panel. Le rythme du concert est assez théâtral, entre les chansons on se repose dans le noir puis les lumières se rallument chaque fois sur une proposition de tableau différent. Les musiciens ont un super look vintage et la fin du concert, dans la pure tradition rock, se fait en maltraitant un peu le matériel. Le bassiste Mad Sam nous laisse sur un larsen, le public se précipite au stand de vente des vinyles : mission réussie.


17H45 – PUTS MARIE


Puts Marie - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
Puts Marie – Transmusicales, photo: Titouan Massé

Disons les choses, Puts Marie est mon premier gros coup de coeur de cette édition, une révélation. Le groupe suisse a tout réussi pour son concert, notamment son entrée sur scène à deux batteurs et avec comme seul élément de décor une peau de banane au milieu des musiciens. Le groupe joue son rock teinté de soul et de rythm’n’blues avec finesse. Tous les musiciens sont à l’écoute de leur chanteur/leader charismatique Max Usata, qui, quand il ne chante pas sublimement bien, regagne sa petite batterie pour appuyer les explosions du groupe. À l’aise dans tous les registres, du flow hip hop au chant en voix de tête, il y a de l’intensité dans chacune de ses phrases, chacun de ses regards. Musicalement le fil rouge, c’est cet espèce de groove mariachi, cette guitare de loubard, tantôt mélodique, tantôt franchement rock. Puts Marie nous embarque dans ses histoires et nous donne l’impression que le vent ramène inexorablement la poussière sur les cordes et les fûts et qu’il faudra bien traverser ce maudit désert pour espérer une vie meilleure de l’autre côté de la frontière. C’est beau, bien composé, joué avec finesse : bravo !


21H – SONGHOY BLUES


Songhoy Blues - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
Songhoy Blues – Transmusicales, photo: Titouan Massé

Pour tous les fans de blues, la filière malienne est souvent une source d’émerveillement. Chez Songhoy Blues les mélodies sont riches et émouvantes, les rythmiques syncopées et dansantes et le groupe a l’âme de ceux qui disent leurs espoirs et leurs souffrances avec des mots simples. « Oui c’est vrai chacun fait son petit métier », certes, mais certains le font mieux que d’autres. Poussés à l’exil par par la situation du pays, le groupe de Gao et Tombouctou, vient pour faire la fête et partager ses bonnes vibrations. Le quatuor perpétue et modernise le blues de John Lee Hoocker et s’inspire de son idole Ali Farka Touré sans oublier ses racines, ils sont les griots des temps modernes.


21H45 – GRAND BLANC


Grand Blanc - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
Grand Blanc – Transmusicales, photo: Titouan Massé

 

Dans ce début de soirée c’est incontestablement un des groupes les plus attendus. Les musiciens ouvrent le concert en douceur sur un rythme hypnotique, appuyé par la voix de Camille. Petite erreur dans la structure, la tension est palpable. Il faut dire que l’enjeu est de taille pour le groupe : toute la journée ils ont été sollicités par les médias, ils se savent épiés par beaucoup de professionnels et ne veulent pas décevoir le public exigeant des Trans. Musicalement, Grand Blanc  a surtout trouvé un son, épuré, efficace. La voix grave du chanteur Benoît ne manque pas d’intensité et s’accorde parfaitement à la pureté presque adolescente de celle de Camille, on pense effectivement à Bashung mais plus pour l’écriture que pour le timbre finalement. Malheureusement les images poétiques ne sont pas toujours à la hauteur du modèle et le tout manque un peu de légèreté ou de second degré ou même juste d’un petit sourire entre les chansons. À ma gauche, les commentaires fusent :  « C’est la BO de la crise ! » « Tu laisses pas sa chance au produit Hervé », ne faisons pas comme ce bon vieux Hervé et profitons de ce groupe qui a le courage de proposer une musique moderne et sophistiquée  et en français s’il vous plaît.


22H00 – DAD ROCKS


Dad Rocks - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
Dad Rocks – Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music

Nous arrivons dans le hall 3 après quelques morceaux quand le gentil père de famille Danois entame son titre « La Seine » et dédit bizarrement la chanson à Jeanne d’Arc, sûrement de l’humour nordique. Musicalement, l’artiste propose des balades pop folk orchestrales dont le centre de gravité est constitué d’une guitare acoustique et d’un violon. La présence d’une session de cuivres sur scène permet au groupe de rester fidèle aux arrangements originaux. Le leader est visiblement heureux, il sautille sur scène et finit par communiquer son énergie au public. Le groupe est passé d’un concert devant 9 personnes la veille dans un bar, à la grande scène du Hall 3 et l’excitation est parfois source de quelques imprécisions, notamment du côté du batteur, ce qui donne par moment un aspect un peu brouillon au tout, à moins qu’il ne s’agisse d’un ingénieur du son un peu dépassé par l’évènement. Il n’en reste pas moins que la joie de Dad Rocks est communicative et que leur musique est idéale pour une soirée au coin du feu en amoureux.


23H – JUNGLE BY NIGHT


Jungle by Night - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
Jungle by Night – Transmusicales, photo: Titouan Massé

Ambiance de fête dans le Hall 9 qui se remplit tranquillement mais sûrement sur la funk métissée et cuivrée des hollandais. Un clavier vintage, une  basse et une guitare vs une batterie, des timbales et un djembé et en vedette américaine le trio de cuivres qui dynamite avec brio tous les morceaux. Si vous avez un grand salon et que vous aimez organiser des soirées dansantes, ces neuf gaillards sont vos hommes. En prime et pour pas plus cher, ils vous apprendrons leurs « Dance moves » favoris comme le wich,  sorte de vague avec les bras du plus bel effet.


23H30 – THE AVENER


The Avener - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
The Avener – Transmusicales, photo: Titouan Massé

Dans la foulée de Jungle by Night, The Avener continue d’ambiancer le Hall 9. Il entame avec un mix assez blues avant d’enchaîner sur un titre plus club. C’est fait avec finesse. La jeunesse de France danse encore timidement sur un set de qualité où s’entremêlent les beats à limite de l’eurodance et les samples de voix funky et disco. Les références aux années 90 sont nombreuses, Fat Boy Slim, Stardust et le DJ s’amuse à sampler, malaxer, distordre les voix dans un set qui bascule tranquillement vers l’électro. « C’est pas du Live mais pour du DJing c’est vraiment bien », est-ce que The Avener aura marqué les esprits des festivaliers et de ma voisine de droite ? L’avenir nous le dira.


01H00 – RONE


Rone - Transmusicales, photo: Titouan Massé // Ricard S.A Live Music
Rone – Transmusicales, photo: Titouan Massé

C’est l’émeute pour assister au concert de Rone, la tête d’affiche de ce vendredi soir. Cinq minutes avant le début du concert les portes sont closes, la limite de la jauge du Hall 9 est atteinte, les panneaux « complet » sont de sortie. Résignés, nous nous dirigeons vers d’autres horizons quand un jeune homme téméraire décide d’escalader les barrières, la porte lâche, nous saisissons notre chance, on se faufile : c’est gagné. À l’intérieur le producteur propose un show cosmique, planant, lunaire, une création mélodique, inventive et originale. Derrière lui s’enchaînent les tableaux : ciels étoilés et films d’animation. La scénographie est sublime. En 2030, il est prévu que l’homme marche sur Mars, si Rone ne veut pas être du voyage espérons au moins que la fusée décolle sur sa musique.