LIVE REPORT PHOTO : “SOIRS D’ETÉ” 2014, JOUR 6 par Rod

Live report

Comme l’an dernier, nous avons demandé à notre collaborateur/photographe Rod de couvrir et de vous raconter (à sa manière ! ) le festival Soirs d’Eté dont nous sommes à nouveau partenaire cette année. Compte-rendu de la dernière soirée de concerts :

Nous voilà déjà à la fin de cette nouvelle édition du festival Soirs d’Eté. Et cela se termine en beauté, pour au moins deux raisons. D’une part, ADIEU LA PLUIE. 5 jours avec, on pouvait espérer au moins le dernier sans. Banco. D’autre part, des groupes qui ont tout simplement explosé le compteur du clapomètre. Bien évidemment, F.F.F. était attendu au tournant, ce groupe culte / phare de la fin des années 90 se reforme pour de bon (après une tentative quelque peu échouée en 2007, malgré une prestation exceptionnelle à Solidays) … mais l’on notera que les grands vainqueurs de foutage de feu de la Place de la République, toutes dates confondues, répondent au doux patronyme de Deluxe. On va y revenir, mais clairement, ils ont mis la pâtée à tout le monde.

Il est 19h, on commence avec une charmante australienne, RACHEL CLAUDIO. Son look classe, son mac, et sa voix maitrisée renvoie inéluctablement, désormais, à Christine & The Queens. Tu vois donc le décor. En fait Rachel Claudio, c’est C&TQ, mais en mieux. En plus perfectionné, en plus technique, en plus surprenant, aussi. La jeune femme, bien que seule devant des milliers de personnes, assure le show et finit en beauté avec une reprise ultra minimaliste d’OutKast, Hey Ya. A revoir as soon as possible.

Quand j’ai rencontré pour la première fois GASPARD ROYANT (2009), le mec faisait de la folk à faire tomber les midinettes, et ça marchait plutôt bien. Notamment avec ce puissant titre, Grow. Un titre imparable, d’une puissance émotionnelle incroyable. Qui a même été utilisé pour un spot pub (et ça, en général, ça ne trompe jamais sur la qualité d’un titre). Mais loin de rester sur ses acquis, le monsieur a décidé de lorgner du côté des distos, des tempi péchus, et en surjouant à mort sur tous les codes de ses influences, ce qui donne comme impression de voir un mec qui aurait pris le TARDIS, venant tout droit des 60’s / 70’s venir faire son show en 2014. L’aura du mec est telle qu’en un titre, il se met toute la place de la République dans la poche. Il faut dire qu’il ne lésine pas sur le côté physique, et se donne entièrement corps et âme : il court, il saute, il grimpe, il se jette dans la fosse affamée en quête d’une nouvelle idole à dévorer … Gaspard Royant a tout simplement grandi. Il lui aura fallu le temps, mais son projet est désormais clairement arrivé à maturation.

LA suprise de ce dernier jour de festival se révélera tout simplement être LA grosse surprise de l’ensemble des dates. DELUXE et ses chorés kitsch. Deluxe et ses déguisements improbables. Deluxe et ses moustaches dignes des Mousquetaires version Charlots. Deluxe et son don de mélanger tous les rythmes de tous les styles musicaux existant sur cette planète pour finalement créer un truc bien propre au projet. Deluxe la tribu et son pouvoir shamanique jusqu’à hypnotiser le public pour lui faire faire n’importe quoi (tu te rappelles le coup de s’assoir et qu’ensuite tous les bras, sans exception, se sont levés en scandant des cris orgasmiques). En fait, même si l’on soupçonne sans problème un travail chorégraphique tellement pointu que la part d’impro doit avoisiner les 0%, appelons un chat un chat : Deluxe c’est de la balle qui t’explose tous les sens. Et en gros maso que tu es, tu en redemandes. Et si tu n’étais pas à République hier, découvre-les IMPERATIVEMENT EN LIVE. Pis tu viendras ici, et tu me diras que j’avais raison – comme d’hab.

Et nous voici arrivés au dernier des derniers des derniers concerts. Le moindre espace VIP est squatté, l’auditoire est compressé à son maximum, il fait très chaud, les corps s’entremêlent et s’entrechoquent, délaissant ainsi la moindre parcelle d’individualité pour ne former qu’un immense magma prêt à exploser. Après avoir étés présentés brièvement par Philippe Manoeuvre, Marco Prince et sa clique extraterrestre ne mettra pas longtemps pour déclencher l’explosion volcanique tant pressentie. Show à la fois simpliste visuellement mais totalement hallucinogène, les artifices ici n’ont guère de sens, tant les protagonistes sur scène dégagent un charisme hors du commun. Yarol Poupaud en guitar hero acclamé à chaque bend, Nicolas Baby aka le mec totalement habité et au look improbable, Krichou Montieux la montagne de muscles qui frappe sa caisse claire avec pour unique but de la transpercer avec ses baguettes … F.F.F, c’est un son d’avant. Un son que l’on ne sait plus faire, à l’heure où tout est compressé, surcompressé, bouncé dès le moindre lancement Protools. Mais là où bon nombre de formations 90’s tentent de renouer avec la scène, ici, l’on s’aperçoit grâce à ce concert que le groupe était tout simplement novateur, précurseur, avant-gardiste. Ainsi les tubes d’hier restent et resteront des tubes sans la moindre ride, les rythmes endiablés continuent à envoûter, et la voix de Marco est toujours au rendez-vous. En d’autres termes, F.F.F. en 2014, contre toute-attente, a clairement sa place.

Le Festival Soirs d’Eté prouve que l’on peut associer qualité et gratuité. Tantôt populaires, tantôt pointus, souvent dansants, la programmation exigeante à réussi son pari de s’implanter sans doute de manière quasi définitive Place de la République. Du coup, rendez-vous l’an prochain, tu verras, cette fois-ci on sera tous nus tellement il fera chaud. Trop hâte ! :)

À propos de l'auteur :
Rod

Fondateur du site du Hiboo reconnu pour la qualité de ses sessions acoustiques filmées, Rod est non seulement l'un des photographes / vidéastes de référence dans l'hexagone, mais aussi le Martin Scorsese des sessions Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2010.

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