Live Report Photo: Festival "Soirs d'Ete" avec Oui FM, Jour 4

Live report

Suite de notre carte blanche au blogueur Rod qui couvre pour nous le festival « Soirs d’Ete ».  Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été convaincu par tous les groupes de cette quatrième soirée. Mais après réflexion, nous avons décidé de publier son texte puisqu’après tout, nous l’avons invité pour donner son avis, aussi tranché soit-il…

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Photo: Rod Maurice

 

Avant-dernier jour du festival, avec une certaine constance dans les ingrédients : un groupe « vilain canard », deux groupes qui déchirent , un soleil qui cogne à en cramer les cornées, des gens heureux. What Else.

 

BOULEVARD DES AIRS

Photo: Rod Maurice

(Mauvaise foi hyperbolique activée)

Tu prends Bourvil pour le côté Pouet Pouet, les Musclés pour le côté « on te fait bouger le popotin pendant un mariage », La Mano Negra pour ses sempiternels mêmes plans éculés intervertis dans tous les sens que finalement on se demande si on n’écoute toujours pas la même chanson, les poses totalement naturelles genre Power Rangers répétées 3000 fois devant un miroir, une communauté Facebook impressionnante parce que tous les groupes de ce « style » ont une tendance à rassembler beaucoup de gens (tu sais, le côté festif, toussa), et tu obtiens Boulevard des Airs. Ce n’est pas qu’ils sont mauvais, mais voilà, on a déjà entendu tellement de fois leurs compositions avant même de les avoir vus qu’on se demande, tout simplement :

POURQUOI.

POURQUOI.

POURQUOI.

J’ai toujours eu du mal avec le « ska / rock » festif à la française, tant au niveau des arrangements (avoir xxx cuivres pour juste faire de l’unisson, voire dans de grands moments de folie artistique, un semblant de tierce), qu’au niveau des paroles (génération Tryo, un peu comme Génération Goldman, tu vois le genre ?), et si tu veux vraiment un jour écouter un truc festif haut de gamme (mais pas en français, du coup) check dans les Internets du monde « Gogol Bordello ». Pis après on rediscute ici, calmement, tous les deux.

La masse ayant toujours raison, la Place de la République tapait comme il fallait dans les mains : on peut même parler d’ovation. Mais bon, Lagaf et Bézu aussi, au sommet de leur gloire musicale (avec respectivement la Zoubida et A la queue leu leu) le faisaient tout aussi bien (et ont fini au top du Top 50, tu vois, la masse, hein …)

HATER, TU PEUX TE LÂCHER, I’M READY.

 

JIL IS LUCKY

Photo: Rod Maurice
 

(Subjectivité hyperbolique activée)

Jil is Lucky, aka JIL (Inception Powah), est, et pour l’instant de très loin, le groupe le plus ambitieux niveau programmation depuis le début du festival. Car si d’une part certains titres sont clairement conçus pour fonctionner au quart de tour pour un grand public (13 000 personnes selon la Police, 20 000 selon Goldorak), d’autres sont en revanche plus alambiqués, plus complexes, et l’on caresse parfois quelques esquisses progressives, ce genre d’incartades qui peuvent laisser le chaland sur le carreau. Que nenni, tout simplement du très bon cru. Certes, Jil s’est visiblement détruit un genou, ce qui l’empêchera d’être aussi fou que d’habitude (bien que de mémoire, je me rappelle d’un concert de Julien Doré à l’Olympia, une jambe dans le plâtre, sauter comme un cabri), mais l’énergie déployée est juste folle. Entre incursions épiques, parties instrumentales jouissives et polyphonies extatiques, on s’en prend plein la tronche. Et tout ça sans trompette, s’il vous plait. Gros coup de coeur (j’avais précisé entre parenthèse la notion de subjectivité : je suis les aventures du groupe depuis pratiquement 5 ans, et j’aime depuis les premières notes)

 

TÉTÉ

Photo: Rod Maurice

Tête d’affiche pour ce quatrième soir, légèrement plus frais que les jours précédents (mais n’en demeurant pas moins caliente), Tété a clairement foutu le feu. Mais avant de te raconter en détail le concert, laisse moi te conter une histoire. Tu t’en fiches ? Ouais bah c’est bien, mais j’écris ce que je veux, donc du coup, tu vas lire et pis c’est tout.

Avant d’en arriver à faire des photos Place de la République, j’ai vécu une bonne partie de ma vie dans un département encore plus paumé que la Creuse (oui oui, ça existe), magnifiquement boisé de conifères ancestraux (enfin ça c’était vrai jusqu’en 1999, parce qu’avec la Grande Tempête Divine, tout a été rasé en 1 nuit), dépourvu de la moindre salle de concert (à part le « Gigny Bar », youpi). Ce département, qui fait tant rêver la France avec ses températures toujours les plus basses quand un présentateur météo fait son job à la télé répond au doux patronyme de

HAUTE-MARNE. Le 5-2.

Et comme beaucoup de gens, je suis allé à l’école. Primaire. Collège et le lycée. Ce fameux lycée. C’était en l’an de grâce 1991 (de 91 à 94). Il n’y avait ni Internet, ni Facebook, ni rien. Mais à la différence de la surabondance d’infos inutiles de 2013, on a juste eu la chance d’être la génération qui a pu connaître en temps réel ce que sont considérés les groupes cultes d’aujourd’hui. Entre 1991 et 1994, tous styles confondus ont juste vu apparaître sur Terre les meilleurs combos de l’Univers. Ou les meilleurs albums. Nirvana, The Gathering, Metallica, Rage Against The Machine, Ugly Kid Joe (non j’déconne), Faith No More, Soundgarden, Blur, Red Hot Chili Peppers, Machine Head, Ice Cube (ne cherche pas, on a connu l’âge d’or … enfin entendons-nous bien : les groupes étrangers hein, car les 90’s en France, c’était beaucoup moins glam) … à l’époque, on achetait notre album, et on mettait des mois avant de s’en lasser (et généralement on ne s’en lassait pas), avant d’en acheter un autre. Un 33 tours valait dans les 77 francs (dans les 11 euros) et on était trop content de se fighter verbalement sur les qualités de « nos » groupes (les clans au lycée étaient faciles à repérer, entre les Metalleux, les Grungeux, et les rappeurs).

Où veux-je en venir avec mes souvenirs de vieux con ? Bah écoute c’est simple. Ce lycée était le Lycée St Exupéry. A St Dizier. En Haute Marne. Parmi les 1500 élèves, 2 allaient se revoir des années et des années plus tard sur la scène des Soirs d’Eté / Oui FM : Tété, et moi.

Tété avait au départ choisi A (que les jeunes d’aujourd’hui connaissent sous l’appellation L) et moi B (now : ES). Il était très populaire (euphémisme), il était entouré de jolies filles (salaud / jalousie). Tout ceci est la vraie vérité. Il était un peu le mec cool du lycée et tout. Une aura qui ne l’a jamais quittée. Le mec l’est toujours, et ce qui se dégage de lui attire autant les gens. A l’époque, lui et moi jouions respectivement dans un groupe. Pour ma part Oblivion, un groupe de métal où je pratiquais la basse. Quant à mr Tété, il officiait dans un trio de jazz fusion et chantait en anglais. Si si. Puisque je te le dis. J’avais vu son live au lycée, et même si j’étais un peu sectaire ( « Metal Only or Va Ecouter Chantal Goya »), j’avais été estomaqué par sa présence, et son niveau à la guitare (on parle de Jazz hein). Et tous ceux qui le voyaient même de loin à l’époque savaient que le mec avait « le truc ». Le truc que tu ne peux pas expliquer, un peu comme quand tu rencontres la femme / l’homme de ta vie. Le petit ingrédient qui fait qu’un être normal est né avec un truc extraordinaire.

20 ans plus tard donc, Tété a juste joué devant 20 000 personnes. A mis une ambiance assez dingue (dommage pour la balance son du premier titre, mais bon ça s’est très vite résolu), et a même fini par se retrouver à chanter dans la foule en la traversant de part en part, provoquant l’hystérie collective (record de slams pulvérisé, et de très loin). Le mec en parle justement de cette époque haut-marnaise dans ses chansons, et de cette envie de croire à ses rêves. Il paraît qu’on est heureux dans la vie lorsque l’on arrive à concilier ses rêves d’enfant à sa vie personnelle / professionnelle. Tété est de ces gens là. Et même si les récalcitrants ont des choses à redire sur sa musique, il est indéniable qu’hier, sa musique énergique (très rock, pour le coup) a insufflé un truc sain dans l’atmosphère : un truc qu’on appelle la joie.

J’en fais trop ? M’en fous, je te l’ai dit : j’écris ce que je veux.

Photo: Rod Maurice

Bref, encore une belle journée et pour clôturer le festival, les Soirs d’Eté ont décidé d’y aller sans compromis : Clash of The Titans between Rachid Taha et Eiffel. Et en guise d’intro, nos chouchous que l’on suit depuis un bout de temps et qui ont gagné le concours Lance-Toi En Live 2013 : Colours in The Street.

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À propos de l'auteur :
Rod

Fondateur du site du Hiboo reconnu pour la qualité de ses sessions acoustiques filmées, Rod est non seulement l'un des photographes / vidéastes de référence dans l'hexagone, mais aussi le Martin Scorsese des sessions Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2010.

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