On se demande si on ne l’a pas rêvée tellement cette soirée a été parfaite ! Dimanche dernier se tenait notre traditionnel concert pour la Fête de la Musique organisé avec nos amis du Fair et nous avons demandé à notre photographe & blogueur Rod de vous raconter cette édition qui restera dans les mémoires !
16 000 personnes selon la Police. 16 000 personnes selon les organisateurs. 16000 personnes selon Google Maps. On a échappé dès 14h à la colère divine des dieux d’Asgard. Les prières du matin furent entendues. La fête de la Musique à Denfert Rochereau sous le soleil, ça a quand même une sacré allure. Cette année, les animations entre chaque concert furent particulièrement nombreuses, inventives et réussies. Entre un Nico Prat en Kung Fu Master 70’s animateur, des ballons immenses permettant d’écrire des mots afin de réaliser en live une impro durant une chanson, ze bubulle of ze hell, les live tweets (vive la génération selfie !) ou le slam désormais mythique de Ricky, l’esprit de fête mêlé à des groupes de grande qualité musicale donna un mélange détonnant. Le public n’allait pas uniquement assister à une succession de concerts, il allait carrément y participer activement. Des oufs à Denfert Rochereau, vindiou !
Et quoi de mieux que de commencer avec le Lauréat du Prix Ricard S.A Live Music 2015, que sappellerio Fuzeta ? On traîne avec nos bretons d’amour depuis janvier désormais. Cette date parisienne est symbolique à plus d’un titre. Mais sans partir dans des paraphrases aussi pompeuses qu’inutiles, le quator vannais a réussi – comme d’habitude serait-on tenté de dire – à se mettre la Place Denfert Rochereau dans sa poche en 1 chanson. Le set a gagné de manière considérable en maturité, certains titres étant même passés par un lifting aussi surprenant qu’évident – on pense notamment à Sunset, qui désormais possède tout d’un grand titre. On sent que le Chantier des Francos est passé par là, permettant au groupe de mieux sculpter le côté brut de leurs parfaites compositions. La setlist est désormais imparable et arrive dans la tronche tel un kamehameha en furie. « Accross » explose d’entrée de jeu avec les 3 voix surpuissantes des frères Sims.
Si l’on peut supputer que 40mn de set, c’est trop court, il n’en demeure pas moins que ce laps de temps n’a laissé personne indemne. De nouvelles groupies n’ont d’ailleurs pas caché leur euphorie dans les premiers rangs. Pas de rappel, mais pas de panique, les Fuzeta reviennent plus vite que les fans orphelines peuvent l’imaginer, notamment avec leur participation au OuiFM Festival. Cette semaine donc.
Alors que la pop épique de Fuzeta résonne encore dans les jeunes esprits, la soirée débute réellement, niveau ambiance, avec Smokey Joe & The Kid. 2 hommes et 1 femme à des machines, des platines vinyles et des ordis. Le tout agrémenté, de temps à autre, d’un MC d’un charisme absolument ahurissant, totalement habité. Le goût final ? Tu vois Wax Tailor ? Tu vois Birdy Nam Nam ? Tu rajoutes des anabolisants, tu gardes le même esprit et le groove, mais tu rentres davantage dans le lard, histoire d’être taillé pour le live en plein air. La recette semble évidente et, pour être honnête, elle l’est. Mais là encore, le public n’en ressort pas indemne. Les jumps deviennent contagieux et se propagent à travers les milliers de jeunes têtes plus prêtes que jamais à faire la fête. Ca tombe bien, le plus fou est à venir.
Et le truc le plus fou de la soirée répond au doux patronyme de Bigflo et Oli. C’est l’histoire de 2 frangins du sud (Toulouse) qui ont décidé dès leur plus jeune âge de rapper. Et les sales gosses ne sont pas doués, ne sont pas très doués, mais sont juste surdoués. Tout ce que tu peux mettre dans la notion de talent est au rendez-vous : une énorme présence scénique (ultra au point), un son extraordinaire (violoncelle + disto ? bah oui, dans du rap,tellement évident !), un flow et des punchlines sans faille. Certes, parfois c’est téléphoné, précalculé … mais il se dégage de ce binôme un truc merveilleux qui fait du bien. Qui fait du bien à la musique, au rap, et au public qui voit dans ce duo improbable la relève assurée d’un rap intelligent, inventif et tonitruant. Gros carton plein. Mention spéciale à l’impro réalisée à partir de mots envoyés par le public qui avait écrit sur des ballons géants.
On aurait pu imaginer, après un tsunami de verve et de verbes, un désintérêt du public pour le groupe suivant : Isaac Delusion. Adieu les ballons, les rimes dans la langue d’Orelsan et les jeux de jambes dignes des Tortues Ninja. Place à une electro pop rock d’une grande beauté. Et par grande beauté, je sous-entends des morceaux d’une incroyable finesse, savamment écrits, transportant littéralement ailleurs.
Jamais dans l’esbroufe ou dans la note inutile pour le plaisir de rallonger des titres. Non, une vraie bonne chanson est une chanson dont on ne voit pas le temps passer. D’un point de vue de plouc provincial (le mien hein, je n’insulte pas la Province ! bande de fous), j’étais parti avec un a priori de groupe « overrated » comme seul Paris sait si bien les créer. Mais il faut se rendre à l’évidence : Isaac Delusion a juste balancé un set parfait. Nonobstant l’absence de batterie, le groove est au rendez-vous grâce à un bassiste de haute voltige, totalement habité, comme si sa vie était en jeu. Le concert finit dans une sorte d’apothéose extatique, pendant que Clément (membre de la team RLM) surfait sur la foule à bord de sa bulle géante !
Et parce que je suis libre comme Max de dire ce que je veux, cette édition 2015 est clairement dans le top 3 des Fêtes de la Musique by Ricard S.A. Live Music depuis que je collabore avec eux. Vraiment une très très belle édition. Un grand big up au public, qui a joué a le jeu dès le départ. See U next year !
