Si vous vous êtes toujours demandé à quoi ressemblait un groupe toulousain dont le nom serait inspiré d’une chanson des Beatles et qui sonnerait comme du Pink Floyd mixé avec Prodigy, ce n’est pas l’heure de consulter un médecin. Récit de notre huitième journée sur la route avec I Me Mine, un sacré trio de flamands roses…

« Mooooooooooorning Liiiiiiiiive ! ». Voilà. S’il fallait résumer notre matinée passée avec I Me Mine, on citerait certainement le poète Michael Youn, mégaphone à la main pour réveiller ses voisins. Ici, c’est le jury qui va prendre cher dans les yeux et les oreilles.

I Me Mine par Rod Maurice
I Me Mine par Rod Maurice

Il est 10H00 du matin lorsque nous débarquons, pas très bien réveillés, au studio du groupe formé en 2012. Rappel pour ceux qui nous rejoindraient en cours de route, la veille nous avons capté Cliché à Bordeaux, roulé trois heures pour rejoindre Toulouse sous la pluie et terminé la soirée affalé dans des banquettes à manger des frites en intraveineuse. Je ne sais pas pour mes collègues du jury, mais moi ce matin, j’ai envie de calme, d’un truc acoustique pour accompagner mon café, et certainement pas d’une bande d’ahuris prêts à décoller la moquette à coups de Stratocaster.

Mais c’est pourtant ce qui nous attend à deux pas de la rue Ticky Holgado (le héros local décédé en 2004, à la fois acteur, secrétaire particulier de Claude François et de Johnny, fin de la parenthèse CV). I Me Mine nous a donné rendez-vous sur un parking en périphérie de la ville rose, où pointe un gigantesque bâtiment surmonté d’une immense enseigne rouge JOB. Le bâtiment, c’est une gigantesque école de musique qui fait également office de salle de répétition et de studio d’enregistrement. Ça et là, des tags « AZF » nous rappellent qu’on est bien à Toulouse, et alors qu’on sort du van, les membres du groupes, lookés comme des milords anglais avec chapeau melon, donnent l’impression de s’être évadés d’une scène du Orange Mécanique de Kubrick. Ça commence bien.

I Me Mine par Rod Maurice
I Me Mine par Rod Maurice

I Me Mine est, avec les 9 autres groupes finalistes, l’un des favoris du jury (voyez comme je me mouille pas, impartialité oblige). Leur petit plus : du rock vintage fortement influencé par le Pink Floyd première période (celle avec Syd Barrett) mais remis au goût du jour avec sampler, boites à rythmes et beats pas technos, mais pas loin. Après s’être fait la main dans différents projets, les membres du groupe se sont naturellement retrouvés autour des références 60’s, et c’est ainsi qu’on en arrive à cette session pour capter le titre Life is very strange, qu’on imagine gentiment pop, un peu psyché mais bref, certainement pas électrique à s’en décoller la rétine. Erreur ! Vicieux, le groupe a prévu toute une mise en scène comportant non seulement – et comme Pink Noise Party avant eux – des costumes de scène, mais également des stromboscopes à vous faire croire que vous êtes en discothèque à 11h du matin. « On donne beaucoup d’importance à l’image rajoute le groupe, on est persuadé que lorsque l’on monte sur une scène on devient quelqu’un d’autre. On ne pourrait pas jouer live sans nos tenues, ce ne serait pas I Me Mine ». Dès les balances, c’est plus énergique que trois expresso cul sec. Et c’est pas « trois garçons dans le vent », c’est « trois furieux dans la tramontane » ! Sam le bassiste saute partout, Fred le chanteur donne l’impression qu’on est revenu en 1967 et Guillaume le batteur cogne comme un cinglé sur sa grosse caisse au point que le groupe se voit instantanément renommé par mes soins Punk Floyd. Quant à notre Martin Scorsese monté sur ressort, il s’en donne à cœur joie. Entre deux flashs de strombos, Rod filme comme un trépané branché sur 220 volts, que dis-je, comme un farfadet sous hémorroïdes :

Et en deux temps trois mouvements, la session est en boite. Il est midi, j’ai l’impression d’avoir passé la nuit dans une rave en faisant un marathon en slip ; il est l’heure de se quitter et de remonter à Paris, sur les rotules, pour reprendre quelques forces. Dans trois jours déjà, notre tournée à la rencontre des dix finalistes sera terminée. A ce stade, on se dit qu’on a déjà beaucoup vu, et beaucoup entendu, et que peut-être le nom du lauréat se cache déjà parmi les 8 premiers groupes. C’est allé un peu vite en besogne. Après tout l’année dernière, il avait fallu attendre le dernier jour à Caen pour découvrir les Two Bunnies in Love, grands gagnants de l’édition… Assisterons-nous à un même dénouement avec Balinger dimanche à Paris ou avec Fuzeta lundi à Rennes ? Installez-vous confortablement dans votre sofa, et faites chauffer le popcorn, on se retrouve vite pour la fin de ce grand film à suspense.

Itw avec votre serviteur, photo : Rod Maurice
Itw avec votre serviteur, photo : Rod Maurice

Trois questions à I Me Mine


Qu’attendez-vous du prix Ricard S.A. Live 2014 ?

Le groupe : On est à un moment de l’histoire du groupe où l’on sait où l’on veut aller, autant sur scène que dans nos morceaux. Disons qu’on a la matière, mais gagner le Prix Ricard S.A. Live pourrait nous permettre de transformer, euh…

L’essai, comme on dit chez vous ?

Le groupe : Oui, voilà ! Actuellement on enregistre de nouvelles chansons, avec des budgets restreints, et on tourne pas mal (plus de 130 concerts depuis 2012, NDR) ; et avoir un soutien nous aiderait sans doute à franchir un cap.

Parmi la liste des dix finalistes du Prix, avez-vous eu un coup de cœur ?

Le groupe : On a découvert Fuzeta aux Transmusicales de Rennes, parce qu’ils jouaient juste avant nous, et on a bien accroché. Si quelqu’un d’autre que nous doit gagner, ça nous ferait plaisir que ce soit eux !

Sans modestie mal placée, c’est l’instant mégalomaniaque : quel est votre argument choc pour séduire le jury ?

Le groupe : Qu’est-ce qui nous différencie des autres groupes… le jeu de scène peut-être, chaque live est conçu comme un spectacle, avec une intro, un final, etc.