J’IRAI FILMER CHEZ VOUS : HOLY TWO (JOUR 10)

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Que faire à Lyon un samedi de soldes, hormis passer 1H30 à chercher une place de parking en cherchant sur le GPS le mode d’emploi de cette ville montée en kit ? Réponse : passer une partie de notre dixième journée sur la route avec le duo de Holy Two pour une session très intime. Confessions à découvrir ci-dessous.

Préliminaires. Avant d’en arriver à ce qui nous amène à Lyon, rembobinons le début de la journée. 14H00. Rod et Adrien me récupèrent à la gare et me déballent en vrac le résumé de la session de la veille avec les Hill Valley. Anecdotes, blagues, impressions ; tout y passe et j’ai l’impression de m’être subitement transformé en secrétaire. 14.20. Nous sommes affamés, l’occasion d’une première punchline par Rod : « J’ai la dalle je suis en train de m’autodigerer ». Voilà qui commence bien. Afin d’honorer notre nouveau régime « 5 frites et légumes par jour », direction l’enseigne de restauration rapide du coin pour un premier arrêt au stand où, enfin rassasiés, nous faisons le point sur la mission pas impossible du jour, à savoir rencontrer les deux lyonnais de Holy Two, petites gravures de mode qui ont débuté leur carrière quelques mois plus tôt. Un rapide calcul permet de comprendre que Elodie (chant, clavier) et Hadrien (chant, guitare, beatmaker) ont la moitié de notre âge. Gros coup de vieux. On enclenche la première.

C’est là que ça se corse. De mémoire d’aventurier des petites distances, on a rarement vu une ville plus mal foutue que celle-ci. Ah, Lyon… ses bouchons, ses sens uniques, ses passages piéton, ses rues qui ne mènent nulle part, ses parkings complets ; j’en passe et des meilleurs, impression de se retrouver à l’intérieur d’un meuble Ikea monté à l’envers. 1H30 plus tard et après avoir tourné comme en Lyon en cage, et après avoir évacué la pression en commentant l’architecture locale en s’insultant (« c’est ton cul qui est haussmannien », dixit un Rod en grande forme), on touche au but en découvrant la devanture du Second Souffle, café jazz où le duo a choisi de nous embarquer. Ambiance tamisée, l’atmosphère se réchauffe, il est temps de se désaper pour…

S’envoyer en l’air. Car de son propre aveu, le groupe Holy Two est « aérien » ; entendre par là qu’ils ne font pas dans le métal hardcore et que leur pop légère fait l’effet d’un shoot à l’hélium. Ils sont très jeunes, respectivement 19 ans pour Elodie et 22 pour Hadrien. Deuxième coup de vieux. D’emblée, ils avouent : « on est surpris de faire partie des 15 finalistes ». On les sent flattés autant que surpris, d’autant plus que le groupe s’est formé voilà à peine un an. Au départ, ils se sont fait la main sur des reprises acoustiques violoncelle-guitare, avec « un peu de tout » confie la chanteuse, du thème de Pretty Woman à Kavinsky. C’est plus un grand écart les gars, c’est une éviscération ! La première chanson déclic qui permettra au groupe de changer de style, c’est You only live once des Strokes, un morceau qui permettra à Holy Two de s’essayer aux synthés, aux samples. En neuf mois, le duo écrit 9 morceaux, ce qui semble assez rapide. Mais en fait pas tant que ça. « Comme on est tout le temps ensemble, quand on veut écrire ça va super vite » confie Elodie. Le doute m’habite : duo sur scène, okay, mais en couple aussi ? Affirmatif. Ont-ils déjà pensé à l’avenir du groupe, en cas de rupture ? Pas vraiment. Silence, raclement de gorge. Hey, si on changeait de paragraphe ?

Etudiants en école d’architecture, le duo nous a préparé une version dépouillée. Maintenant nous voilà à poil, avec un piano et une guitare. Maintenant que plus personne n’achète de disque, une question s’impose : « C’est quoi vos derniers coups de cœur en streaming ? ». Breton et Foals, incontestablement le groupe qui revient le plus souvent cette année dans la sélection des groupes finalistes. Et puis il y a ce son de gratte à la The XX qui revient en lame de fond, cette réverb qui permet au groupe de léviter, pendant que le débit d’Elodie, ultra rapide, fait penser à du rap scandé quand son physique fait parfois penser à une Cat Power de 18 ans. C’est beau la jeunesse, c’est loin aussi…

Après l’amour. Rod nous fait signe que la session est enregistrée. Il faut se rhabiller et repartir encore, cette fois à la rencontre du groupe Hokins situé à quelques rues de là, pour une nouvelle session, et donc une nouvelle histoire, où l’on vous expliquera comment notre équipée pas très sauvage a finalement passé son samedi soir à errer dans une galerie marchande avant de subir Zaz sur la télé de l’hôtel. Un suppo et… holy ?

 

(PLUS OU MOINS) TROIS QUESTIONS EXPRESS À HOLY TWO

Qu’espérez-vous du prix Ricard S.A. Live 2014 ?

Holy Two : On connaissait déjà la réputation du Prix, et ce qui nous intéresse c’est le prix final, avec la possibilité de jouer sur des grandes scènes, et voir comment le public réagit face à nos chansons. Ce qu’on aime bien aussi dans l’esprit du concours, c’est la possibilité de rencontrer d’autres groupes.

Et hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?

Holy Two : En fait on connaissait déjà Birdy Hunt [mais tout le monde les connaît, c’est dingue ! NDR], Hill Valley, Hokins – car on a le même manager – et on a découvert Kiz à travers leur session, qui nous a pas mal impressionné car nous on n’a jamais réussi à écrire en Français. Donc on voterait pour Kiz, probablement.

Votre argument choc pour séduire le jury ?

Holy Two : Très clairement notre jeune expérience. Ca ne fait pas très longtemps qu’on joue et si on en est là c’est qu’on a quelque chose à montrer.

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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