Chronique de « Pale Blue Skin », le nouvel EP de Lysistrata

Chronique

Lauréat du Prix Ricard S.A Live Music 2017, Lysistrata publie Pale Blue Skin, un manifeste où le groupe expose, point par point, son programme pour s’imposer comme l’un des leaders de la scène rock en France.

En seulement quatre titres, le trio originaire de Saintes se réapproprie une grande partie des courants actuels – du post rock au math rock – en y apportant sa propre touche. Habité par une énergie indocile, détenant un sens du groove atypique, et poussé par une production enfin à la hauteur des prestations live du groupe, Lysistrata enchaîne sur Pale Blue Skin les moments de bravoure.

Photo par Rod Maurice

Tout commence avec « Small Box » : la basse gronde si fort qu’elle confère à elle seule une ossature d’acier à la chanson. Alors que le morceau vrombit, des arpèges de guitares dialoguent avec la voix du batteur. Comme souvent avec Lysistrata, alors que l’on croit déjà être installé dans la chanson, celle-ci ne fait que commencer. La suite de « Small Box » s’avère ainsi tout autant excitante : les cris résonnent, l’intensité monte d’un cran, le groupe est en pleine possession de ses moyens. Tout s’arrête au bout de 3 min 30 faisant du titre à la fois un excellent single et un parfait point d’ancrage dans la musique du trio.

« Pantalon Pantacourt », qui prend la suite, est bien plus qu’un hommage à l’époque où le grunge et le skate-punk trustaient les premières places des charts. Avec sa fougue et sa vivacité, Lysistrata y démontre combien il est le digne successeur d’At The Drive-In. À vrai dire, on pourrait même dire que l’élève a dépassé le maître, tant aucun des titres de Inter Alia, le nouvel album du groupe de Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodríguez-López, n’arrive à la cheville de ce « Pantalon Pantacourt ». La preuve en image avec cette session réalisée au Ricard S.A Live Music Warehouse :

Court, fun, empli d’une belle légèreté, « Pierre Feuille Ciseaux » est une respiration au sein de cet EP. Il permet de reprendre des forces avec ses wouh endiablés et ses riffs accrocheurs. Même là, sans donner l’air d’y toucher, Lysistrata fait à nouveau preuve de son brio technique. La session live ci-dessous, enregistré au CAPC, le musée d’art moderne de Bordeaux, avec Rod derrière la caméra et Romain Della Valle au son, augmente encore l’aura du titre.

A l’écoute de « Sugar and Anxiety », le titre qui a permis à Lysistrata de devenir le lauréat 2017 du Prix Ricard S.A Live Music, on a beaucoup dit que le groupe résolvait la quadrature du cercle en proposant une synthèse ultime entre post-hardcore, post-rock, math rock et noise, soit les quatre courants phares du rock moderne énervé. Cela se reconfirme en écoutant la version studio du titre. Tout y est parfaitement millimétré et l’adhésion est à son comble. Cette fois, il n’est plus question de respirer. On suffoque sous les riffs de gratte, on titube sous la pression de la basse, et on se laisse emporter par la rythmique infernale qui ne cesse de s’accroître tout au long de la chanson. La version studio de cette fameuse session live filmée dans le cadre de la finale du Prix Ricard SA Live Music 2017 est en écoute ci-dessous.

 

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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