Les Francofolies de la Rochelle, jour #5

Live report

 

Dernier jour de festival. Le soleil est au rendez-vous comme chaque jour depuis le début de cette 29ème édition des Francofolies de La Rochelle et c’est à croire que le ciel s’est retenu jusqu’au bout car c’est sous une pluie légère que le dernier concert se jouera. Les dieux de la météo auront eu le bon goût d’être cléments jusqu’au dernier moment, offrant aux festivaliers un rafraichissement inattendu à la fin d’une journée surchauffée.

Au programme de ce mardi : la révélation d’un jeune talent bouleversant, un concert au cours duquel le temps s’est suspendu, une comédie musiculte survoltée, un spectacle grandiose sur la grande scène de Saint Jean d’Acre, une petite déception au grand théâtre…

(Comme toujours  le billet est écrit  à quatre mains, NotSoBlonde signe en rouge, Swann en bleu)

 

AuDen

AuDen est un jeune  auteur compositeur qui fait partie de la sélection annuelle du chantier des Francos. A ce titre, il a été invité hier matin pour l’ouverture du concert de Rosemary Standley et Dom La Nena qui s’est tenu dans la chapelle Fromentin dans le cadre des folies matinales des Francofolies.

AuDen c’est Adrien qui s’installe seul avec sa guitare face à un public studieux. Il  jouera seul ses morceaux empreints de mélancolie,qui parlent d’amour, de poésie et d’éternels rêveurs. Un set épuré ponctué seulement de quelques effets : ici un grondement de tonnerre, là une forte réverbe.

« Etourdi j’ai vu passer mes rêves » seront ses derniers mots. Ils résument assez bien ce qu’est le registre dans lequel officie Auden.

« Aujourd’hui, je ne vais parler que d’amour » annonçait-t’il après le premier morceau. 

Il a bien fait de prendre ce parti là  : elles étaient belles, ses chansons d’amoureux malheureux.

 

Birds on a Wire

Rosemary Standley et Dom La Nena présentaient leur projet commun « Birds on a wire » (hommage à la chanson de Leonard Cohen). Qu’est-ce ? Des reprises de titres qui ont influencé les deux artistes dans leurs constructions musicales. Des titres en italiens, anglais, espagnols, portugais. Des ballades qui parlent toutes d’amour, des ruptures ou des déclarations. Avant d’être subjuguées par les voix, on est éblouies par la mise en scène à la fois théâtrale et minimaliste (des chaises à l’ancienne, des ampoules suspendues). Les deux filles entrent sur la scène de la Chapelle Fromentin sous deux capes en polyester doré (un peu dans le style Brigitte *pointmodeoff*). Intensité dans l’interprétation, regards complices entre les deux musiciennes. Instants magiques, voire suspendus.

 

Mai Lan


Elle a tout ce qu’il faut pour qu’on la déteste. Elle est belle, grande, de longs et beaux cheveux, une voix à tomber, un style rien qu’à elle et elle sait tout faire. Sauf qu’on ne peut pas la détester. Au contraire, comme une charmeuse de serpent, Mai Lan séduit son public. Il a fallu un seul titre pour emballer le théâtre Verdière. Au troisième morceau, c’est simple, tout le monde tapait des mains, hurlait ou claquait des doigts. Une ensorceleuse, on vous dit !

 

Toys


Coup de cœur SFR Live, Toys étaient invités à jouer sur la scène de l’horloge rouge. Les garçons de Toys (accompagnée d’une jolie bassiste et d’un batteur) proposent une électro classieuse et cosmique, froide et sexy à la fois. Le seul reproche qu’on pourrait leur faire, c’est un jeu de scène encore un peu faible. On ferme donc les yeux et on se laisse transporter par les nappes électroniques dignes de M83 ou Air.

 

Lescop


L’enfant du pays était de retour à la Rochelle. Après un passage par le Casino Diane’s l’an passé, Lescop se lance sur la Grande Scène. Il ouvre la dernière journée des Francos et c’est forcément devant un public déjà conquis que l’homme chantera la moitié de son premier album : «  La Nuit Américaine », « Le Mal, Mon Ange », « La Forêt », « Hypnose » etc… Beaucoup plus à l’aise sur scène que quelques mois auparavant, Lescop ira plusieurs fois vers son public. On note aussi la présence d’une batterie apportant un côté plus rythmé, beaucoup rock et moins électro à la musique de Lescop.

 

Daphné

Au grand théâtre de La Coursive, Daphné a proposé hier soir un concert de reprises des chansons de Barbara. En 2012, l’artiste a sorti un album intitulé « treize chansons de Barbara » qui a donc pris vie hier soir, aux Francofolies.

 Dans un cadre très solennel, sur un plateau noyé dans une obscurité seulement éclairée par quelques spots de lumière tamisée et une dizaine de bougies placées au sol. C’est dans cette ambiance feutrée que Daphné, qui s’est fait longue dame brune pour l’occasion, -cheveux élégamment relevés, longue robe noire drapée- reprend les chansons de Barbara.

L’ambition est louable mais n’est pas Barbara qui veut. Si le répertoire de l’artiste fourmille de textes merveilleux, Daphné, pourtant bien entourée (un violoncelle, un violon, une basse et une batterie)  en livre une interprétation qui manque d’émotion.

Car, bien entendu, on  ne peut s’empêcher de comparer.

Ce concert, s’il avait été celui d’une artiste chantant son propre répertoire, aurait sans doute semblé réussi mais il est  ici bien difficile de soutenir la comparaison avec la grande Barbara. On retrouve avec plaisir les merveilleux textes que l’on connaît par cœur (« Göttingen », « l’aigle noir », « dis quand reviendras tu ? » …) mais la magie n’opère pas.

Daphné hier soir a joué un concert honorable mais il lui manquait ce petit supplément d’âme qui aurait pu rendre la soirée inoubliable.

 

Rufus Wainwright

Histoire de mettre le public du Grand théâtre, le Québécois a commencé son set avec « La complainte de la butte ». En piano-voix. Perdu dans une scène à peine éclairée. Frissons dans le dos, on se dit que le concert va être énorme. Il aurait pu être énorme s’il n’avait pas été entrecoupé par de longs intermèdes entre les morceaux. Rufus raconte un peu sa vie, l’histoire de sa tante en Ontario, sa marinière qu’il a acheté quelques heures auparavant, la chanson de « pervers » (Prévert) qu’il a chanté avec Jane Birkin. Du coup le concert était un peu inégal. Parfait quand il chante, fatiguant quand il parle…un peu comme Patrick Watson…ah ces Québécois…

 

Airnadette

« Airnadette c’est du rock dans ta sœur » : Voici le slogan officiel du groupe et comme il me semble peu explicite, je vais tenter (entreprise ambitieuse s’il en est) de t’expliquer pourquoi tu dois absolument te débrouiller pour croiser la route de ces acteurs-danseurs-air chanteurs- air musiciens surexcités et de leur insupportable manager :  Philippe Risotto.

Sur scène ce sont Château Brutal, Gunther Love, Moche Pitt, M-RodZ Antipoukav, Jean-Françoise et Scotch Brit qui s’animent sous nos yeux pour conter l’histoire d’un groupe de rock fictif dans une comédie musicale où les brosses à cheveux tiennent lieu de micros.

Etonnant ? Pas quand on sait qu’aucun son ne sortira de la bouche des protagonistes pendant le show : ce sont des répliques cultes de film non moins cultes (parmi lesquels « la cité de la peur », « les bronzés », « retour vers le futur »- j’en passe et des meilleurs), de pubs, de séries télé qui assurent la bande son du show  qui se joue à 100% en playback (à l’exception des mots de Philippe Risotto).

Le spectacle d’Airnadette, c’est un medley de toute la culture populaire des années 80-90.

Dans ce « concert-si-spécial », tu pourras trouver un peu tout ce que tu peux imaginer  et même ce que tu n’aurais jamais pensé voir se matérialiser sous tes yeux ébahis : une séquence de Super Mario qui prend soudain vie, là, devant toi, une séance de spiritisme qui ramène parmi nous le grand Mickaël l’espace d’un instant….

Britney, Calogero, Lara Fabian, La comédie musicale Roméo et Juliette, le générique de Cat’s Eyes, Queens…Employés souvent à contre-emploi, ils suscitent les rires et un petit élan nostalgique délicieux.

Impossible de ne pas saluer le travail énorme qui a mené à la conception de ce spectacle épatant tant il paraît évident que chaque détail a été soigneusement pensé.

On rit beaucoup, on chante forcément, on danse un peu et on applaudit à tout rompre l’ingéniosité de la mise en scène (signée PEF, ex membre des robins des bois) et la qualité de l’interprétation.

Le 20/20 du jour, mais, il est vrai, pour un spectacle un peu hors-concours.

 

Woodkid

 

Woodkid a joué hier soir sur la grande scène de Saint Jean d’Acre , les titres de « The Golden Age », son premier album .

Accompagné de 13 musiciens sur scène et de projections permanentes sur écran géant il a donné une dimension incroyable aux morceaux que l’on a découverts  sur son disque.

Jouant le jeu du live en allant à la rencontre du public et en interagissant avec lui, loin de la froideur qu’on lui prête, il a offert aux spectateurs des Francofolies un set  à couper le souffle.

Chapeau bas.